Connu pour...
Né à Est Lans dans le quartier de Walworth, un quartier très pauvre de Londres, le 16 avril 1889. Charles Spencer Chaplin est le fils de Charles Chaplin et de Hannah Hill (connue sous le nom de scène Lili Harley), tous deux artistes de music-hall. Il fut baptisé à l'Église anglicane, mais il sera plus tard agnostique. Il n'a qu'un an lorsque son père part en tournée aux États-Unis. Il a alors plusieurs demi-frères, l'un plus vieux que lui (Sydney Chaplin, né en 1885 d'une relation de sa mère avec Sydney Hawkes), l'autre plus jeune (Wheeler Dryden né en 1892 et ayant pour père Léo Dryden et lui-même père du musicien Spencer Dryden). Lorsqu'il revient des États-Unis, Chaplin senior découvre la nouvelle situation conjugale et abandonne sa famille, Charles Spencer n'avait alors que trois ans. La misère s'installe au foyer : Hannah, atteinte d'une maladie mentale, est internée dans un hôpital psychiatrique en juin 1894. Charlie et ses frères sont alors placés dans un orphelinat, à Hanwell. Deux mois plus tard, la mère de Chaplin obtient son congé de l'hôpital. Quelques années plus tard, Hannah sera de nouveau admise à l'hôpital et y restera, cette fois, huit mois. Pendant ce temps, Charlie vécut avec son père et sa belle-mère alcoolique, dans un environnement intenable pour un enfant, dont les souvenirs inspireront Le Kid.
À cinq ans, Chaplin monte sur scène pour remplacer au pied levé sa mère qui ne peut plus chanter, victime d'une extinction de voix. C'est sa première apparition sur scène. Puis, en 1896, son père, ne trouvant plus d'engagement, sombre dans l'alcoolisme avant de mourir à l'âge de 37 ans, d'une cirrhose du foie. Le frère de Charlie, Sydney, quitte le foyer parental pour travailler dans la marine. Charles Spencer est alors seul avec sa mère. Entre neuf et douze ans, c'est grâce à son frère que Charlie entame une carrière d'enfant de la balle dans la troupe des Eight Lancashire Lads. Puis, il obtient à partir de 1903 une succession de contrats au théâtre, et en 1908, il est engagé dans la troupe de Fred Karno, alors le plus important impresario de spectacles avec des sketches. Il y rencontre le futur Stan Laurel.
Au cours d'une tournée de la troupe en Amérique, les studios Keystone lui adressent une proposition de contrat qu'il accepte : l'aventure cinématographique commence. Les cadences de l'époque étaient rapides et les films mis en boîte en quelques heures. Ne supportant pas les pressions dues à ces temps très brefs, Chaplin s'adapte très mal aux conditions de travail de la compagnie, à tel point que les incidents avec les metteurs en scène sont fréquents. Sur les ordres de Mack Sennett qui lui demande de se créer un maquillage au pied levé, il crée en 1914 le personnage raffiné de Charlot le vagabond, et recentre tout son comique autour du nouveau personnage et de sa silhouette qu'il inaugure dans Charlot est content de lui (1914). Dès cette première apparition, le public et les commandes des distributeurs affluent. Mécontent du travail des réalisateurs, Chaplin prend en main, à partir de juin 1914, la mise en scène de ses films. L'ascension est alors fulgurante. Ses salaires décuplent d'année en année, il change régulièrement de studio (Essanay, Mutual Company). En 1916, il signe un contrat de distribution d'un million de dollars avec la First National, qui lui laisse la production et la propriété de huit films prévus. Il fait alors immédiatement construire son propre studio dans lequel il réalise neuf films dont Une vie de chien, Le Kid et Charlot soldat. En 1919, un vent de révolte souffle sur Hollywood où les acteurs et cinéastes se déclarent exploités ; Chaplin s'associe alors à David Wark Griffith, Mary Pickford et Douglas Fairbanks pour fonder la United Artists. Son premier film pour sa nouvelle firme sera L'Opinion publique (1923). Puis, Chaplin fait peu à peu entrer dans son univers comique celui du mélodrame et de la réalité sociale comme dans La Ruée vers l'or (1925).
Farouche opposant au parlant, il introduit des éléments sonores par petites touches. Les Lumières de la ville (1931) est le premier film à en bénéficier, mais de manière très ironique. Chaplin souffle pendant des heures dans un vieux saxophone afin de parodier les imperfections du parlant lors de la scène d'ouverture du film. De plus Chaplin ne se détourne pas de son projet initial de film muet. Pour comprendre son refus, il faut savoir que le cinéaste était passé maître dans l'art de la pantomime. Le langage de Charlot est uniquement basé sur la gestuelle, donc un langage universel. Un film dialogué a une audience un peu plus limitée car il contient la barrière de la langue et Chaplin veut s'adresser à tous. Les critiques s'accumulent. On le dit fini, à l'instar de ses amis David Wark Griffith, Mary Pickford et Douglas Fairbanks et de bien d'autres vedettes du muet qui n'ont pas survécu au parlant. Il entreprend un long voyage, qui va durer plus d'un an et demi, à travers le monde, en Europe notamment, pour présenter son film. Il rencontre la plupart des chefs d'états et de nombreuses personnalités, parmi lesquelles Albert Einstein. Il s'inquiète de la situation économique, du chômage et de la misère sociale, lui qui n'a jamais oublié son origine modeste.
Il conjugue tout cela dans Les Temps modernes (1936), le dernier film muet de l'histoire et l'un des plus célèbres, sinon le plus célèbre, de son auteur. Il n'intègre que quelques scènes dialoguées, l'essentiel du film restant muet. Il prouve à ses détracteurs qu'il faut encore compter avec lui et que le parlant n'est pas un problème. Après de multiples emplois, Charlot est engagé dans un restaurant. Il doit chanter, mais le trac le paralysant, il oublie ses paroles. Le personnage joué par Paulette Goddard les lui copie sur ses manchettes. Malheureusement, lors de son entrée, il envoie valser ses "antisèches". Il balance un charabia incompréhensible (mélange de sonorités françaises et italiennes), assorti d'une pantomime qui fait rire l'assistance. Charlot s'en sort avec le langage du clown. Cette scène est un évènement : pour la première fois, le public du monde entier peut entendre la voix de son acteur fétiche. Ce film est également l'ultime apparition à l'écran du personnage Charlot. Il parle aussi de la difficulté du travail à la chaîne qui rend fou la plupart des employés, dont le personnage interprété par Chaplin, ce qui lui vaut un passage à l'hôpital psychiatrique dans le film.
En 1940, il tourne Le Dictateur Il répond, par moustache interposée, à Hitler et s'insurge contre la dictature qui empoisonne l'Europe. Hitler et Mussolini sont tournés en dérision, et deviennent Hynkel et Napoleoni. L'ambassadeur d'Allemagne aux États-Unis fait pression pour interdire le tournage et tout Hollywood, craignant des répercussions, demande à Chaplin de renoncer à son projet. Mais le cinéaste reçoit le soutien du président Franklin Roosevelt, lequel l'invitera, quelques semaines après la sortie du film, à la Maison Blanche, pour s'entendre réciter le discours final. Le film est interdit sur tout le continent Européen, mais une rumeur circule : Hitler l'aurait vu, en projection privée. En France, il ne sortira qu'en 1945. Cette fois-ci, Chaplin est définitivement entré dans l'ère du cinéma sonore... et signe l'arrêt de mort du petit vagabond. Ce film fait preuve de tant de clairvoyance que l'on pourrait penser qu'il a été réalisé après la Shoah. La confusion fut entretenue entre autres par le FBI qui commençait tous ses rapports comme suit : Israël Thonstein alias Charles Chaplin. En fait, le Who's Who de la communauté juive américaine avait auparavant affirmé que Chaplin était issu d'une famille nommée Thonstein, émigrée d'Europe de l'Est et établie à Londres depuis 1850.
En 1943, alors qu'il vient de se marier pour la quatrième fois, il est victime d'un procès en reconnaissance de paternité que lui intente l'actrice Joan Berry et qui défraie la chronique. En 1946, Chaplin tourne son film le plus dur, Monsieur Verdoux. Orson Welles propose à Chaplin un scénario basé sur l'affaire Landru. Chaplin se l'approprie, réécrit le scénario, en y incorporant une critique du monde de l'Après-guerre et de ses dégâts économiques et sociaux. Pour éviter tout malentendu avec Welles, qui a écrit la première mouture du scénario, il lui propose 5 000 dollars et sa mention au générique. Ce que le cinéaste, en délicatesse financière, accepte. Une fois encore, Chaplin livre un message empreint de cynisme mais également d'humanisme.
En 1950, il vend la quasi-totalité de ses parts à la United Artists et travaille aux Feux de la Rampe où il décrit la triste fin d'un clown dans le Londres de son enfance. Ses propres enfants apparaissent comme figurants et Chaplin tient le premier rôle. Le film sort en 1952 à Londres et vaut un triomphe à son auteur. L'une des plus belles scènes du film se trouve vers la fin : Buster Keaton joue un pianiste et Chaplin un violoniste. Mais rien ne se déroule comme prévu car Keaton a des problèmes avec ses partitions et son piano et Chaplin doit se battre avec les cordes de son violon. Grand moment de comique burlesque avec ces deux géants d'une époque révolue. Il faut noter, que sur des paroles de Jacques Larue, c'est Chaplin qui a écrit la musique de la chanson du film Deux petits chaussons.
Victime du maccarthisme (son nom figure sur la « liste noire »), il est harcelé par le FBI en raison de ses opinions de gauche (pour sa part, il se présentait comme un « citoyen du monde »). Pour cette raison, il se voit refuser le visa de retour lors de son séjour en Europe pour la présentation de son film. Il renonce alors à sa résidence aux États-Unis et installe sa famille en Suisse jusqu'à la fin de ses jours.
Après avoir reçu le Prix international de la paix en 1954, il tourne à Londres Un roi à New York (1957) où il ridiculise la « Chasse aux sorcières » menée dans l'Amérique de la Guerre froide. En 1967, il tourne son dernier film, cette fois-ci en couleur, La Comtesse de Hong-Kong, avec Sophia Loren, Marlon Brando et Tippi Hedren, dont l'action se déroule sur un paquebot et où il ne tient qu'un petit rôle : celui d'un steward victime du mal de mer.
Au cours des années 1970, le monde entier lui rendra hommage : Prix spécial au Festival de Cannes en 1971 (Festival où Jacques Duhamel, alors ministre des Affaires culturelles, le fit commandeur de l'ordre national de la légion d'honneur), Lion d'or à la Mostra de Venise, anoblissement par la reine d'Angleterre, Oscar spécial... Fêté et adulé, "Sir" Charles Spencer Chaplin s'éteint au matin de Noël, ultime pied-de-nez, le 25 décembre 1977.
Début mars 1978, sa tombe est violée et sa dépouille est dérobée. De nombreuses demandes de rançon plus ou moins farfelues sont adressées à la famille Chaplin. Le corps du cinéaste sera retrouvé quelques semaines plus tard, et les deux malfrats qui l'avaient enlevé seront condamnés pour tentative d'extorsion de fonds.
Charlie Chaplin a été marié à 4 reprises : Mildred Harris (1901-1944) de 1918 à 1921 d'où 1 fils mort-né en 1919 ; Lita Grey (1908-1995) de 1924 à 1927, ils ont deux fils, Charles Chaplin Jr.(1925-1968) et Sydney Chaplin (1926-2009), Paulette Goddard (1910-1990) de 1936 à 1942 (mariage secret pendant un voyage en paquebot) sans postérité ; Oona O'Neil (1927-1991), fille de l'auteur dramatique Eugene O'Neill, de 1943 jusqu'à la mort de Chaplin en 1977. Ils ont huit enfants : Géraldine en 1944, Michael en 1946, Josephine en 1949, Victoria en 1951, Eugène en 1953 , Jane en 1956, Annette-Emilie en 1959, Christopher en 1962. Mildred Harris, Lita Grey et Paulette Goddard étaient toutes trois ses partenaires à l'écran. L'aventure de Charlie Chaplin avec Lita Grey aurait inspiré Vladimir Nabokov pour son roman Lolita.