Bosco
124 ans- Amis
- Films
« Faire du cinéma, remarque Ruben Östlund, c’est fabriquer de l’idéologie. L’idéologie génère des comportements. En tant que cinéastes, on porte une responsabilité, celle de créer des images auxquelles nous devons nous-mêmes croire. ». Cette remarque qui contient un aveu est à méditer. Pour autant, je ne pense pas que l’artiste de cinéma - pas plus que ses collègues d'autres arts -, soit par nature ou fonction le membre d'une avant-garde morale autoproclamée (en fait produite par la Société du spectacle et de la com') chargée d'exercer une mission de critique et d'orientation correcte de la société, de ses attitudes, croyances et institutions. Si cela advient - et cela advient de temps à autre avec intelligence, fort heureusement -, ce doit être par effet second d'un art qui doit viser plus haut. Quand donc le cinéma, art singulier de l’image, tutoie-t-il les sommets ? Si ce n'est pas par les valeurs morales, sociétales, idéologiques qu'il propage, vaut-il essentiellement par ses qualités esthétiques, par sa virtuosité technique démultiplicatrice d'intensité dramatique, par sa capacité à enrichir nos émotions ? Une réponse a été apportée, me semble-t-il, par Andreï Tarkovski : « L'image n'a pas à être belle et sa qualité ne dépend pas d'une question technique. (...) La question est de savoir si une image nous fait voir plus loin que la surface, si elle nous amène à toucher la vérité au-delà du visible. » Puisse le cinéma - dût-il pour cela être non correct - nous aider à mieux voir ! Puisse l'Image non pas crever l'écran mais la taie qu'un autre cinéma dépose sur nos yeux.