Rohmer est d'abord professeur de lettres, germaniste et écrivain. Il publie un roman, Élisabeth, en 1946, sous le pseudonyme de Gilbert Cordier.
Rohmer écrit ensuite pour différentes revues, et fonde La Gazette du cinéma où il fait la connaissance de
Jean-Luc Godard,
Jacques Rivette, François Truffaut, ou encore
Claude Chabrol -- avec lequel il signe en 1957 un livre sur
Alfred Hitchcock.
Ce groupe se dirige d'abord vers la critique, au sein des Cahiers du cinéma, dont Rohmer devient rédacteur en chef de 1957 à 1963.
Ils vont rapidement fonder ce qui deviendra « la Nouvelle Vague ». En 1959 il réalise son premier long-métrage,
Le Signe du lion, produit par Claude Chabrol, un film à l'aspect très novateur (étonnant, pour l'époque, dans ses digressions et son sens du rythme lent), sorti sans grand succès trois ans plus tard. En 1963
Barbet Schroeder, crée la société Les Films du Losange, qui produira la majorité de ses films (les trois derniers long métrages seront produits par La Compagnie Éric Rohmer).
La même année, il entame un cycle de six films baptisé Contes Moraux. Ce sont des intrigues sentimentales sur des thèmes chers au cinéaste (l'amour et le hasard, le destin), sur un canevas commun : le choix de la femme, la tentation de l'infidélité puis le retour vers l'élue. Son style fera aussi sa marque, entre profondeur, raffinement et légèreté. Les dialogues y sont souvent sophistiqués et très littéraires. Sa direction d'acteur est assez épurée et sa mise en scène simple et efficace.
Ma nuit chez Maud (1969), et
Le Genou de Claire (1970, Prix Louis-Delluc) sont particulièrement remarqués.
À noter que pour des raisons de production, le troisième conte,
Ma nuit chez Maud, fut tourné en 1969 après le quatrième
La Collectionneuse en 1967.
Les Comédies et Proverbes forment le deuxième grand cycle, où chaque film illustre à sa manière une phrase tirée de la sagesse populaire, inventée pour les besoins de la cause le cas échéant.
Dans cette série, Le Rayon vert (1986), film en partie improvisé obtient le Lion d'or à Venise
Les années 1990 sont marqués par les Contes des quatre saisons, dans lesquels le cinéaste poursuit son exploration des jeux et des hasards amoureux.
Simultanément, il réalise des films hors de ses séries, comme La Marquise d'O... (1976, d'après
Heinrich von Kleist),
Perceval le Gallois (1979, d'après Chrétien de Troyes) ou les
4 aventures de Reinette et Mirabelle (1987). Rohmer est un exemple parfait du cinéma d'auteur à la française écrivant seul ses scénarios, qu'ils soient originaux ou adaptés d'oeuvres littéraires.
Il choisit souvent de jeunes comédiens inconnus mais fait aussi appel à des acteurs confirmés comme
Jean-Louis Trintignant (
Ma nuit chez Maud, 1969) ou
André Dussollier (Le Beau Mariage, 1982).
Éric Rohmer a révélé les comédiens
Arielle Dombasle,
Pascal Greggory et
Fabrice Luchini, notamment.
Rohmer est resté très discret sur sa vie privée et a continué, jusqu'à sa mort, une carrière intense. Il a un fils, le journaliste René Monzat.
Il meurt à 89 ans, le 11 janvier 2010, et est inhumé le 19 janvier 2010 à Paris, au cimetière du Montparnasse, où seule une plaque au nom de « Maurice Schérer » est posée sur sa tombe. De nombreuses personnalités du cinéma assistent à ses obsèques, notamment
Arielle Dombasle et
Fabrice Luchini, qu'il a fait tourner dans plusieurs films.