Le père de Frédéric Dard, Francisque, d'abord ouvrier de la société de Dietrich, lance une entreprise de chauffage central à Bourgoin-Jallieu. Sa mère, Joséphine-Anna Cadet, est fille d'agriculteurs. Ses parents, très occupés par l'affaire familiale, le font élever par sa grand-mère. Il en gardera un souvenir ému et le goût pour la lecture.
Le krach de 1929 précipite le déclin de l'entreprise familiale, qui est mise en faillite. Tous leurs biens sont saisis, sous les yeux du jeune Frédéric. La famille émigre alors à Lyon, dans un petit appartement du boulevard des Brotteaux. Frédéric suit sans grand intérêt des études commerciales à l'école La Martinière. Il est présenté en 1938 à Marcel E. Grancher, le fondateur des Éditions Lugdunum et du journal Le Mois à Lyon, par son oncle, ouvrier-mécanicien dans un garage automobile que Grancher fréquente. Engagé comme stagiaire, il assume peu après un rôle de secrétaire de rédaction (fonction qu'il assumera officiellement à la fin de l'été 1940) puis de courtier en publicité. Ses premiers articles, certainement encouragés par ses ainés comme le docteur Edmond Locard ou le romancier Max-André Dazergues sont publiés anonymement dans le journal dès 1939. Enfin journaliste, le métier qui l'attire depuis longtemps, il passe à l'écriture à proprement parler et publie fin octobre 1940 son premier livre La Peuchère (une "nouvelle paysanne", ainsi que la qualifiera son éditeur Marcel Grancher), son premier vrai roman, Monsieur Joos, récompensé par le premier Prix Lugdunum décerné sur manuscrit lui apportant enfin en mars 1941 la notoriété.
Frédéric Dard se marie en novembre 1942 avec Odette Damaisin, dont il aura deux enfants,
Patrice (né en 1944) et Élizabeth (née en 1948). Il s'installe avec sa femme à Lyon, dans le quartier de la la Croix-Rousse, rue Calas.
Frédéric Dard écrit des livres pour enfants et des romans populaires pour nourrir sa petite famille, rencontre des écrivains repliés à Lyon. Sa notoriété commence à dépasser les limites de la capitale rhodanienne. Très influencé par le roman noir américain (
Faulkner, Steinbeck et surtout Peter Cheyney), il se lie avec
Georges Simenon, qui lui rédige une préface pour son livre Au massacre mondain. Sous la houlette de Clément Jacquier, il écrit des romans avec ses premiers pseudonymes pittoresques : Maxell Beeting, Verne Goody, Wel Norton, Cornel Milk, etc.
Sur un coup de tête (il a pris ombrage d'un livre de Marcel E. Grancher, qui le cite dans ses souvenirs), il part en 1949 s'installer aux Mureaux avec sa famille, dans un pavillon de banlieue. Après quelques années de vache maigre, il connaît ses premiers succès d'écriture, au théâtre (notamment La Neige était sale, adaptation du roman de Simenon, est montée par
Raymond Rouleau au Théâtre de l'OEuvre en décembre 1950). C'est en 1949 que paraît Réglez-lui son compte !, roman policier signé San Antonio, et qui est un échec commercial. Il rejoint alors les éditions du Fleuve noir, où il va côtoyer Jean Bruce et
Michel Audiard, et y publie deux romans : Dernière Mission, et le second San-Antonio, Laissez tomber la fille.
En 1954, Frédéric Dard et
Robert Hossein montent au Grand-Guignol Les Salauds vont en enfer, première pièce d'une longue collaboration théâtrale.
La notoriété naissante du Commissaire San-Antonio engendre le succès, qui, dès lors, ne le quittera plus. Dard écrit vite et beaucoup, au rythme de quatre à cinq ouvrages par an : romans policiers, romans d'espionnage ou d'épouvante, scénarios, adaptation de roman pour le cinéma, etc. L'aisance financière se double de démêlés orageux avec le fisc français.
Cependant, sa vie de couple avec Odette Damaisin n'est pas heureuse. Dans les mois précédant leur séparation, il tente de se pendre. Il se remarie le 14 juin 1968 avec Françoise de Caro, la fille d'Armand de Caro, le fondateur des éditions Fleuve noir.
En 1968, il prend la route de la Suisse avec sa nouvelle femme. Le couple se fait construire le « chalet San Antonio » à Gstaad.
Ils auront une fille, Joséphine, née en 1970 qui est aujourd'hui l'épouse de Guy Carlier. Quelques semaines après sa naissance, le couple Dard adopte un jeune Tunisien, prénommé Abdel. En mars 1983, Joséphine est enlevée quelques heures de leur domicile de Vandoeuvres par un caméraman de télévision. Elle sera libérée contre le versement d'une rançon de 8 millions de francs suisses. Le ravisseur sera arrêté et la rançon récupérée, mais l'épisode a longtemps traumatisé Frédéric Dard.
Il noue des liens très forts avec le R. P. Bruckberger (à qui il dédiera La Sexualité...) et avec Albert Cohen. Il se passionne pour la peinture, notamment les oeuvres de Domenico Gnoli, peintre hyperréaliste, ou celles de René Magritte, peintre surréaliste. Il rend hommage à l'oeuvre du poète belge Louis Scutenaire.
Avec le temps, il commence à prendre du recul, il accorde de longues interviews à la presse. En 1975, il fait paraître Je le jure, signé San-Antonio, un livre d'entretiens où il évoque son enfance, ses débuts, sa famille, ses idées.
Frédéric Dard meurt le 6 juin 2000, à son domicile de Bonnefontaine, en Suisse. Il est inhumé suivant ses volontés au cimetière de Saint-Chef en Dauphiné. Village où il a vécu, enfant, en 1930, dans une maison appartenant à la famille de sa mère. L'ancienne école de Saint-Chef qu'il a fréquentée, porte une plaque commémorative rappelant ce fait.
Depuis la mort de son père, son fils
Patrice poursuit l'écriture des San-Antonio.