Naissance le 11 mai 1904 à Figueras de Salvador Felipe Jacinto Dalí, fils de Felipa Domènech Ferrès (1874-1921) et de Salvador Dalí y Cusi (1872-1950), notaire. Son enfance se partage entre Figueras, Barcelone et Cadaqués où son père possède une maison. Cette région de l'Empurdan aura une influence majeure sur son inspiration picturale tout au long de sa vie. Il naît moins d'un an après la mort (par gastro-entérite infectieuse) d'un premier fils (né le 12 octobre 1901 et mort le 1er août 1903), prénommé lui aussi Salvador. Ce frère ainé dont il porte le même nom sera un double obsédant durant toute sa vie et son oeuvre : « Je naquis double. Mon frère, premier essai de moi-même, génie extrême et donc non viable, avait tout de même vécu sept ans avant que les circuits accélérés de son cerveau ne prennent feu » .
L'intérêt du jeune Dalí pour la peinture commence très tôt, il est encore stimulé par la fréquentation d'une famille d'artistes catalans, les Pitchot, dont est issu Ramon Pitchot (1872-1925), peintre impressionniste.
En 1921, il entre à l'École des Beaux-Arts de San Fernando de Madrid. Cette période estudiantine est l'occasion de se lier avec Federico García Lorca et
Luis Bunuel. Les rapports avec ses professeurs et ses condisciples (qu'il méprise comme il l'écrira plus tard) sont houleux. Après plusieurs frasques (dont une arrestation en 1923 pour anarchisme) il est finalement exclus de l'école en 1926 après une ultime provocation (il refuse de répondre à la question d'un professeur, estimant qu'il n'avait rien à lui apprendre).
Sa jeune soeur Anna-Maria lui sert souvent de modèle à cette époque, posant souvent de dos, devant une fenêtre.
Un premier voyage à Paris en 1926 est l'occasion de rencontrer Picasso qu'il ne cessera jamais d'admirer. Cette même année, Miro vient lui rendre visite à Cadaques.
En 1929, Dalí retourne à Paris pour coréaliser
Un chien andalou avec son ami
Luis Bunuel, puis se brouillera avec lui après L'Âge d'or. Mais c'est surtout l'occasion de la rencontre essentielle avec le groupe des surréalistes : Tristan Tzara, Louis Aragon, André Breton, Paul Éluard... Ce même été, un groupe de surréalistes lui rend visite à Cadaqués, Paul Éluard est accompagné de son épouse Hélène (Gala). C'est un coup de foudre, Dalí et Gala ne se quitteront plus. En décembre, en raison de sa liaison avec une femme mariée et de la légende d'une gravure mal interprétée par sa famille, Salvador Dalí se brouille profondément avec son père et sa soeur Anna-Maria.
En 1930, ne pouvant s'installer à Cadaquès même en raison de l'hostilité paternelle, Dalí et Gala achètent une minuscule maison de pêcheur à quelques kilomètres de Cadaquès, au bord de la mer, dans la petite crique de Port Lligat. Au fil des ans et de sa fortune, il ne cessera d'augmenter sa propriété, dont le paysage sur la petite crique deviendra une référence picturale permanente dans l'oeuvre du peintre.
Les premiers mois pourtant sont difficiles, ses toiles se vendent mal et le couple vit de peu. Mais les vaches maigres dureront peu, et le peintre se fait connaître. À Paris, il fréquente autant les dîners mondains que les cercles surréalistes
Dalí et Gala débarquent pour la première fois à New-York en 1934 (C'est Picasso qui lui paya son voyage). Les Américains sont subjugués par l'excentricité du personnage et les audaces d'un surréalisme qu'ils ne connaissaient alors presque pas. En décembre 1934 à Paris, à l'issue d'une réunion mémorable, Dalí se fait exclure du mouvement surréaliste par André Breton qui lui reproche ses idées contre-révolutionnaires.
En 1936, Dalí est en Catalogne quand il doit fuir son pays en pleine guerre civile. Il pleure Garcia Lorca qui n'a pas sa chance, assassiné à Grenade le 18 août 1936.
Grâce à son ami Stefan Zweig en 1938, Dalí rencontre à Londres Sigmund Freud qu'il admire depuis longtemps et dont les travaux ont inspiré ses propres recherches picturales sur les rêves et l'inconscient.
En 1939, Dalí quitte Paris pour New-York où il restera pendant les années de guerre en Europe. Il s'intègre parfaitement à la haute société new-yorkaise, peint de nombreux portraits de riches Américains, participe activement à la vie théâtrale avec de grandes peintures murales, réalise ses premiers bijoux, et s'intéresse au cinéma, en particulier aux Marx Brothers, à
Walt Disney, à
Alfred Hitchcock.
En 1948, Dalí revient enfin chez lui à Port Lligat, qui deviendra sa résidence principale jusqu'à la mort de Gala en 1982. Il partagera désormais son temps entre ses périodes de création à Port Lligat et sa vie médiatique à Paris, Rome ou New-York. Au cours des années 50 et 60, il met en scène le personnage qu'on connaît, trublion excentrique et incontournable de la vie parisienne puis médiatique.
En 1969, Dalí achète et fait restaurer le château de Púbol, dans la campagne catalane. Moins exposé au public que Port Lligat, ce sera le château-refuge de Gala.
Le Théâtre-musée Dalí est inauguré à Figueras le 28 septembre 1974.
En 1982, le roi d'Espagne le nomme Marquis de Dalí de Púbol.
Le 10 juin 1982 Gala meurt dans la maison Port Lligat. Profondément affecté par le décès de sa muse, Dalí ne reviendra pas à Port Lligat. Il vit d'abord à Púbol, où il peint son dernier tableau, La queue d'aronde, mais il y est victime de l'incendie de sa chambre en 1984 dans lequel il est grièvement brûlé. Il finit ses jours dans l'appartement de la Torre Galatea, attenant au théâtre-musée de Figueras, et meurt à l'hôpital de Figueras le 23 janvier 1989.
Conformément à sa volonté, il se fera embaumer puis exposer dans son « Teatre-Museu », où il repose désormais. Une simple pierre indique le lieu de sa sépulture. Par testament, il lègue une grande partie de ses biens et de son oeuvre au gouvernement espagnol.