Sous l'impulsion de son banquier de père, le jeune Jacques Baratier entreprend des études de droit qu'il suit sans conviction jusqu'à la licence en 1938. Jeune homme, il se passionne déjà pour la littérature et la peinture. Les amitiés de son père lui font fréquenter les cercles littéraires de l'époque. Quand la seconde guerre mondiale éclate, Baratier est en train d'effectuer son service militaire dans l'aviation et il décide de s'engager au Maroc. A la Libération, à Paris, il fréquente le quartier de Saint-Germain-des-Près et commence à nouer les amitiés qui vont être décisives pour son avenir et son oeuvre, il rencontre notamment les poètes Gabriel Pomerand et Olivier Larronde, ou encore Jacques Besse et
Boris Vian. Quelques années plus tard, il repart en Afrique du Nord avec le projet de devenir peintre. Mais dans le Sahara algérien, il croise une équipe de cinéma, celle de René Chanas, qui tourne L'Escadron blanc. Il se fait engager comme figurant, puis assistant réalisateur. Cette première rencontre avec le cinéma lui inspire un scénario qui devient en 1948 un court-métrage, Les Filles du soleil, sur la vie des tribus berbères.
Par la suite, il enchaîne les documentaires (Désordre, La Cité du Midi, Métier de danseur consacré à Jean Babilée, Chevalier de Ménilmontant sur le Paris de
Maurice Chevalier). En 1956, il réalise un court-métrage sur la vie nocturne à Paris, Paris, la nuit qui obtient l'Ours d'or au festival de Berlin. En 1958, il tourne en Tunisie son premier long-métrage de fiction,
Goha , avec
Omar Sharif et
Claudia Cardinale dans les rôles principaux ; Goha, dont l'histoire est tiré d'un conte égyptien, reçoit le prix international du festival de Cannes en 1958. Pour son film suivant, il travaille avec l'écrivain
Jacques Audiberti dont il adapte un roman, La Poupée (1962) ; il en fait un film satirique et loufoque qui prend pour décors une dictature sud-américaine. L'année suivante, Jacques Baratier signe un film inspiré des sketches de
Guy Bedos, Dragées au poivre, où figurent quelques-uns des acteurs de la Nouvelle Vague :
Jean-Paul Belmondo,
Simone Signoret,
Francis Blanche et
Claude Brasseur. En 1965, Baratier retrouve l'inspiration de
René Clair qu'il revendique depuis ses débuts (il réalisera d'ailleurs un portrait du cinéaste pour la télévision). Cette comédie aérienne, L'Or du duc, met en scène
Claude Rich en aristocrate fauché, flanqué de dix enfants et d'un autobus.
Tout au long de sa carrière, Jacques Baratier, influencé par le cinéma surréaliste et la psychanalyse, a réalisé des films qui explorent la folie et l'inconscient : Piège (1969), L'Araignée de satin (1984), Rien, voilà l'ordre (2004). Il laisse aussi des films plus réalistes, proches du documentaire : Le Désordre à vingt ans (1967) sur le Saint Germain-des-Près de l'après-guerre où l'on retrouve Boris Vian, Jacques Audiberti, Juliette Gréco et Gabriel Pomerand. Ou encore La Ville-bidon (1973) qui dénonce l'édification des tours dans la banlieue parisienne, dans lequel
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