Deuxième enfant d'une famille de quatre filles, elle naît en 1968 à Steubenville, petite ville de l'Ohio, d'une mère russe et d'un père juif ukrainien. Elle reçoit une éducation conservatrice et religieuse et chante tous les dimanches dans le choeur de l'église. Elle mène toutefois une enfance difficile au sein d'une famille pauvre et obligée de déménager régulièrement.
Son enfance est bouleversée lorsque, à l'âge de dix ans, elle est violée dans un champ par un voisin âgé de seize ans qui était aussi son petit ami de l'époque (plus tard, durant son adolescence, elle sera également abusée par son beau-père). Cet évènement, qu'elle tiendra secret jusqu'en 1994 et qu'elle exorcisera ensuite par une chanson, Father's Field (Champs du père), incluse dans l'album 1000 Fires, fut peut-être à l'origine du basculement de sa vie :
Peu de temps après, sa mère divorce et emmène les quatre petites filles vivre à Redondo Beach en Californie. Là, Traci se métamorphose. Elle s'habille de vêtements sexy, sort avec des garçons, s'adonne à l'alcool et commence à poser pour des photos de charme. Le résultat ne se fait pas attendre. Elle provoque un scandale et quitte l'école après que l'un de ses camarades a découvert et dénoncé son activité. En 1984, elle subit son premier avortement.
Le saut vers le cinéma pornographique se produit ensuite avec une évidence toute naturelle :
Comme elle n'a que seize ans, elle prend l'identité d'une de ses amies, Christy Lee Nussman, qui en a vingt-deux. Elle adopte alors le pseudonyme de Traci Lords en hommage à
Jack Lord, acteur de séries télévisées, qui lui valut son premier orgasme en se masturbant devant la photo accrochée au mur de sa chambre. Elle tourne son premier film, What Gets Me Hot!, de Richard Mailer qui est un succès immédiat.
Elle devient une très grande star du cinéma pornographique, la mieux payée du métier, ce qui lui permet de poser ses exigences : elle ne tourne que huit heures par jour, a sa maquilleuse personnelle, choisit ses partenaires et les scènes dans lesquelles elle apparaît. Elle exclut strictement certaines pratiques, la sodomie et le sado-masochisme notamment. Malgré ces restrictions, Christy Canyon, l'une des actrices avec qui elle a tourné, n'hésite pas à dire d'elle :
En 1986, Traci Lords va avoir dix-huit ans et elle est riche de plusieurs millions de dollars, possède sa maison à Malibu et sa propre maison de production : la Traci Lords Company. Cette maison de production a produit un seul film, Traci, I love you (Traci, je t'aime), en 1987 ; Traci Lords en possédait l'intégralité des droits. Tout s'effondre lorsque le FBI, découvre sa minorité légale. Arrêtée puis relâchée sous caution, Traci est obligée de confesser devant une Amérique ébahie que la plus célèbre actrice pornographique du moment était mineure. L'effet immédiat est d'interdire à la vente et à la détention les films pornographiques qu'elle a tournés, car ils proviennent de l'exploitation sexuelle d'une enfant mineure (à l'exception de Traci, I love you), et de provoquer un véritable séisme dans toute l'industrie pornographique américaine.
Les poursuites judiciaires qui ont suivi à l'encontre des producteurs et distributeurs ont coûté des millions de dollars en rappel des vidéos et photos de charme publiées. Tout ceci afin d'éviter d'être accusés de pédopornographie. Toutefois à cause de subtilités législatives, dans d'autres pays la vente de ces films reste autorisée, même si leur tournage serait impossible. Dans son livre, Lords accuse les producteurs de films pornographiques d'hypocrisie arguant du fait que de nombreuses personnes se sont enrichies grâce à la publicité faite autour du scandale, même si ce dernier a aussi coûté très cher suite à la destruction des produits incriminés. Lords pense également qu'elle a été exploitée par les médias qui se sont servis de certaines scènes censurées issues de ses films interdits pour faire leur publicité.
L'actrice elle-même n'a jamais été poursuivie pour crime car étant mineure, elle était considérée comme incapable de donner son consentement pour interpréter des actes sexuels dans des films afin de gagner de l'argent. Les agences et producteurs, qui ont accepté son mensonge concernant son identité, ont, par contre été poursuivis pendant des années.
Comme la plupart des actrices de cette époque, Lords touche un salaire pour ses prestations dans les productions pornographiques sans percevoir de droits sur les films. D'après son livre autobiographique, elle a touché en tout un salaire de $35 000 incluant les $5 000 qu'elle a perçus du magazine Penthouse. La plus grande partie de cet argent a été dépensée en loyers et drogues ainsi que dans l'achat d'une Chevrolet Corvette noire que son amant a accidenté par la suite.
Pour ses derniers films, elle crée, avec un de ses amants beaucoup plus âgé qu'elle, une compagnie de production au sein de laquelle il est le co-producteur et le réalisateur. Le salaire de Lords est moindre mais elle perçoit des droits sur ses films.
Une seule de ses productions, Traci, I love you, a été tournée après qu'elle eut atteint l'âge de 18 ans. Elle est donc disponible aux États-Unis (toutefois, dans les pays pour lesquels l'âge requis pour un consentement éclairé est inférieur à celui des États-Unis, et, a fortiori sur Internet, ses premiers films sont toujours disponibles à la vente). Lords a cédé ses droits sur le film pour $100 000 après son arrestation.
Une fois arrêtée, elle prétend n'avoir jamais été consciente de ses activités car elle était sous l'emprise de la drogue. Toutefois, ses proches de l'époque la trouvent trop intelligente et manipulatrice pour être victime d'une telle ignorance. Étant donné le bénéfice marketing du scandale obtenu sur la vente de son dernier film, ses anciens producteurs la soupçonnent même d'être à l'origine de la dénonciation.
Traci tente ensuite une seconde carrière et prend des cours de comédie à cet effet. Elle décroche un premier rôle au cinéma dans un film de série B Not Of This Earth puis obtient le rôle de sa vie, celui de Wanda Woodward dans le film
Cry-Baby de John Waters, aux côtés de
Johnny Depp. Son visage orné d'une auréole apparaît sur la pochette du disque "Disappear" du groupe de rock alternatif Sonic Youth.
Mais c'est la télévision qui la ramène véritablement sur le devant de la scène grâce à plusieurs séries : Melrose Place en 1995, où elle tient le rôle d'une psychopathe, Profiler en 1997, où elle incarne avec brio la némésis d'Ally Walker, et enfin First Wave en 2000 dans le rôle de Jordan Radcliffe.
Grâce à ces succès, elle participe à de grands talk-shows américains comme le célèbre Late night de
Larry King. Dans le même temps, elle se lance dans le rock et la techno en 1995 avec l'album 1000 Fires (un classique pour les pionniers de la scène rave de Los Angeles) qui est un succès critique car « l'un des albums 'Techno-dance-trip-hop' les plus aboutis de son époque ».
Elle s'est mariée depuis et vit à Los Angeles avec son mari. En octobre 2007, elle accouche de son premier enfant, Joseph Gunnar.