Aîné des deux fils de Jean et Bill Burton, Tim Burton passe l'essentiel de son enfance en solitaire, se considérant lui-même comme un introverti. Au soleil de la Californie, dans sa ville natale de Burbank, qu'il définit comme l'antichambre d'Hollywood, il préfère les salles obscures des cinémas où il voit et revoit les films de monstres comme Godzilla,
Frankenstein et ses nombreuses suites, les films de Hammer Film Productions, et surtout ceux avec
Vincent Price. Il s'amuse à terroriser l'enfant de ses voisins en lui faisant croire que les extraterrestres se préparent à envahir la planète. Très doué pour le dessin, il gagne un concours organisé pour décorer les camions de la ville. Après le secondaire, c'est naturellement vers l'animation que Burton se tourne en l'étudiant au California Institute of Arts. En 1979, il est embauché par les studios Disney, dont le siège est à Burbank, et travaille sur les concepts de
Taram et le Chaudron magique. Il dit à ce propos : « Cela peut paraître stupide, mais je suis arrivé à une époque où le studio était en crise. Les dirigeants cherchaient à tout prix du personnel. ». Avec toute la meilleure volonté du monde, Burton ne parvient pas à dessiner ce que le studio désire. Durant cette période, il réalise plusieurs courts métrages, dont
Vincent (1982) et
Frankenweenie (1984), mais aucun n'eut l'accord de la direction de Disney pour une distribution. Il écrit aussi un poème qui, dix ans plus tard, sera la base du scénario de L'Étrange Noël de monsieur Jack.
En 1982, Burton reçoit 60 000 USD pour réaliser, à partir du scénario qu'il a rédigé,
Vincent. Julie Hickson, exécutif chez Disney, et Tom Wilhite, responsable du développement créatif, sont persuadés du potentiel créatif du jeune homme. Cerise sur le gâteau, Vincent Price, son idole, est le narrateur de ce petit dessin animé. Rick Heinrichs, collègue de travail et spécialiste de l'
animation, travaille sur le projet. Il participera à presque tous les futurs films de Burton. Les cadres du studio sont effrayés par la noirceur de ce court métrage de seulement cinq minutes, et le mettent au placard. Il ne sortira qu'en complément de programme de L'Étrange Noël de monsieur Jack en 1993. Néanmoins, ils reconnaissent à Burton un certain talent. Aussi, il est choisi pour mettre en scène un court métrage un peu plus long, avec des acteurs et des décors réels :
Frankenweenie. Même résultat artistique et même conséquence.
En 1984, il quitte les studios Disney.
La chance lui sourit en 1985. La firme cinématographique Warner Bros. a passé un contrat avec l'acteur
Paul Reubens qui incarne Pee-Wee Herman, sorte d'enfant dans un corps d'adulte, pour réaliser un film dont il est la vedette. Tim Burton parvient à décrocher le poste de réalisateur. Il n'entre plus dans les plans de Disney, et Warner Bros. veut un metteur en scène qui ne pose pas de problème. Avec un faible budget,
Pee-Wee Big Adventure n'est pas l'une des priorités du studio qui concentre son attention sur
Les Goonies, mais qui garde cependant un oeil sur ce tournage record : le film est réalisé en moins d'un mois, sans aucun dépassement budgétaire.
Danny Elfman signe la musique ; c'est le début d'une longue et fructueuse collaboration entre le compositeur et le réalisateur. Succès surprise au box-office, le premier long métrage de Tim Burton divise la critique.
Lucide, Burton refuse de réaliser la suite des aventures de Pee-Wee afin de ne pas être catalogué. Trois ans plus tard, il est désigné pour réaliser
Beetlejuice (personne qu'il a lui même imaginé), d'un budget de treize millions de dollars, dont un affecté aux effets spéciaux. Avec ce film, qui est, selon ses propres mots, une version parodique de L'Exorciste, il pose un peu plus les bases de son univers joyeusement morbide, délicieusement poétique et comique. Emmené par l'interprétation totalement déjantée de
Michael Keaton, le film cartonne et récolte soixante-treize millions de dollars aux États-Unis seulement, et reçoit un Oscar pour le maquillage.
La Warner propose à Tim Burton de réaliser
Batman, avec un budget de trente cinq millions de dollars. La firme a acquis, en 1979, les droits d'adaptation du personnage créé par Bob Kane en 1939 et a mis près de dix ans à développer le projet. Séduit depuis toujours par la face cachée, la double personnalité de Batman, Burton accepte. Il part à Londres, aux Pinewood Studios où
Stanley Kubrick a mis en scène
Full Metal Jacket. Anton Furst, décorateur du film de Kubrick, est engagé pour réaliser Gotham City. Burton désire s'éloigner un peu de la folie qui entoure ce projet. Malgré tout, il est sans cesse sous pression : son choix de prendre Michael Keaton pour interpréter le justicier masqué est contesté. Le costume en tissu bleu de la série devient noir, avec une fausse musculature. De plus, le cinéaste cherche à créer un univers visuel assez noir pour illustrer la part sombre du héros et le thème du double. Les décors se veulent assez proches de l'expressionnisme allemand et du cinéma de
Fritz Lang. La Warner est inondée de plus de cinquante mille lettres de protestations. Mais le cinéaste, soutenu par ses principaux acteurs, ne veut rien lâcher. Il veut effectuer un retour aux sources qui prête à discussion, voire à polémique chez certains fans.
Vincent Price, avec qui il est en contact depuis
Vincent, lui écrit pour lui témoigner son soutien. Le film rapporte quatre cent millions de dollars à l'échelle mondiale, et l'Oscar de la meilleure direction artistique. Burton a désormais les coudées franches, mais le tournage l'a moralement vidé. Il souhaite revenir à un film plus intimiste. Ce sera Edward aux mains d'argent.
Burton sollicite le studio
20th Century Fox pour financer son film. Warner Bros. veut impérativement lui faire réaliser la suite des aventures de Batman, et ne manifeste aucun intérêt pour ce scénario basé sur un dessin d'homme avec des mains-ciseaux naïf et attachant, cassant sans le vouloir tout ce qu'il touche, qui se voit en prise avec la cruauté des hommes normaux. Le cinéaste choisit la Floride pour mettre en scène ce film aux échos largement autobiographiques. C'est également la rencontre entre Burton et l'acteur
Johnny Depp. Tant pour l'un que pour l'autre, l'alchimie est parfaite. Nouvelle rencontre cinématographique entre le fan et l'idole,
Vincent Price tient le rôle de l'inventeur d'Edward, son dernier rôle à l'écran. Une interprétation bouleversante selon Burton. Véritable plaidoyer pour la tolérance, avec les excellentes interprétations de Johnny Depp et de
Winona Ryder, ainsi que la musique de
Danny Elfman, ce quatrième long métrage est conçu comme une fable noire mêlant fantastique et merveilleux et confrontant l'imaginaire du cinéaste à la représentation d'une banlieue américaine normative et cruelle. Le film est salué par l'ensemble de la critique comme un chef-d'oeuvre.
En 1992, il accepte de réaliser le deuxième volet des aventures de Batman. Cette fois-ci, le justicier masqué est confronté à Catwoman et au Pingouin, joués respectivement par
Michelle Pfeiffer et
Danny DeVito. Les dirigeants de la Warner, qui se sont mordus les doigts d'avoir refusé Edward aux mains d'argent, donnent donc une entière liberté artistique à Burton qui place le tournage à Burbank, sa ville natale. Le cinéaste délaisse alors le personnage de Batman, exploré dans le premier épisode, pour s'intéresser à la personnalité des méchants. Encore plus noir, macabre et torturé que le premier, ce nouvel opus qui prend des allures de conte gothique pose encore une fois problème, car la production reçoit de nouvelles lettres de protestations, non pas des fans mais des parents qui jugent le film trop effrayant pour leurs enfants. Néanmoins, le film triomphe au box-office. En outre, il traduit l'influence du cinéma expressionniste sur Burton, et plus particulièrement
Friedrich Wilhelm Murnau et son
Nosferatu. Marque indiscutable de cette parenté,
Christopher Walken incarne un homme d'affaires véreux appelé Max Shreck, le nom de l'interprète du vampire dans le film de Murnau.
L'année suivante, un nouveau film de Burton arrive sur les écrans : L'Étrange Noël de monsieur Jack. Le scénario est basé sur un poème écrit par Burton à l'époque où il était chez Disney. Il rappelle le Grinch du Dr Seuss, l'un des poètes favoris du cinéaste. Il s'agit d'un film d'
animation image par image, une technique artisanale pour laquelle Burton a une grande passion. La mise en scène va nécessiter trois ans. C'est
Henry Selick qui est chargé de la réalisation, mais Burton l'a surveillé très étroitement. Le film est produit par Disney, propriétaire du poème. Le contrat que Burton a signé en intégrant le studio en 1979 comprend une clause spécifiant que toute activité créatrice d'un membre de Disney est la propriété de la « Police de la pensée » : en clair, ne serait-ce que pour réaliser un scénario à partir du poème, il faut négocier avec Disney. Mais le succès de leur ancien employé rend les dirigeants plus accommodants. Un budget de dix-huit millions de dollars est débloqué, soit le tiers du budget habituel d'un film Disney. Pour la troisième fois consécutive, l'action se déroule à l'époque de Noël. Tim Burton donne libre cours à sa passion pour la fête d'Halloween. Danny Elfman compose les mélodies, mais également des chansons qui transforment le poème en une comédie musicale. Burton et Elfman se disputent souvent car, si les chansons s'insèrent très bien dans l'histoire et ne la ralentissent pas, elles nécessitent des aménagements scénaristiques. Cela a pour effet que les deux amis se fâchent ; une brouille qui durera trois ans.
En 1994, Burton met en scène
Ed Wood, récit de la vie farfelue d'
Edward Davis Wood Junior, réalisateur affublé de façon posthume du titre de « plus mauvais réalisateur de tous les temps ». Il sollicite Johnny Depp pour incarner un nouvel Edward qui, comme le précédent, entretient de nombreuses connexions avec son univers et sa vie. Avec cependant une nuance de taille : Burton est adulé alors que Wood fut dénigré. La relation entre
Lugosi et Wood est un miroir de celle entre Price et Burton. Le scénario se concentre sur la période « fastueuse » d'Edward Wood. On le voit mettre en scène, non sans mal, trois films dont le légendaire
Plan 9 from Outer Space. Pour la circonstance,
Ed Wood s'entoure de nombreux acteurs passés ou méprisés comme Bela Lugosi, la présentatrice de films d'horreurs Vampira et le lutteur Tor Johnson. Le film, tourné en noir et blanc, raconte les nombreuses péripéties de toute cette troupe dans leur parcours cinématographique digne d'un film hollywoodien, mais précisément l'inverse du « rêve américain » cher à Hollywood qui préfère les histoires à succès. Tous ces choix expliquent probablement l'échec commercial du film, malgré un important travail. En effet, Burton retourne certaines séquences, à l'identique, des films de Wood avec une précision d'orfèvre. De plus, il offre deux cadeaux à Ed Wood : la rencontre avec
Orson Welles (qui n'eut jamais lieu), et une première triomphale pour Plan 9 from Outer Space. Howard Shore compose la musique en lieu et place d'Elfman. Le film remporte deux Oscars :
Martin Landau décroche la statuette du meilleur second rôle pour son interprétation de Bela Lugosi et Rick Baker celui du maquillage, mais le film ne s'inscrit pas au box-office. Tim Burton connaît son premier échec commercial.
Son nouveau projet est
Mars Attacks!. Jonathan Gems, collaborateur de Burton depuis
Batman, également scénariste et auteur de pièces de théâtre, rédige un scénario basé sur un jeu de cartes représentant des martiens et des dinosaures . Burton donne volontairement à son film un aspect ringard, dans le style des films de science-fiction à petit budget des années 1950. Très éloigné du style gothique, expressionniste ou même coloré (
Pee-Wee Big Adventure,
Beetlejuice) qu'on lui connaît, la griffe de Burton se reconnaît à son humour. Ce sont des enfants qui sauvent la planète des envahisseurs pendant que le président fait face à des journalistes qui se demandent si les martiens ont un sexe. C'est une version surprenante de La Guerre des mondes de H. G. Wells. Malgré une pléiade de stars, le film n'emballe ni la critique, ni le public qui lui préfère
Independence Day, film traitant du même sujet mais sur un ton plus dramatique, et à grands coups d'effets spéciaux. Malgré tout, le film est un succès en France.
Néanmoins, ce deuxième échec commercial américain a un point positif : le retour de
Danny Elfman à la musique. Burton a expliqué les raisons de cette brouille : « Danny, Henry Selick et moi nous disputions souvent sur le plateau de L'Étrange Noël de monsieur Jack, à cause des chansons de Danny. Caroline Thompson et moi devions sans arrêt réaménager le scénario pour les insérer. On s'est tous conduits comme des gamins. Mais de ne pas nous voir pendant un certain temps nous a fait du bien à tous les deux ». Les deux artistes ne se quitteront plus. Burton a retrouvé son pendant musical. En 1997, il fait partie du jury du 50e Festival de Cannes, présidé par
Isabelle Adjani.
On lui propose de réaliser un nouvel épisode de Superman, avec
Nicolas Cage dans le rôle principal, plus axé sur la psyché du personnage. Burton accepte mais après un an de travail, le projet nommé Superman Lives est interrompu au printemps 1998. Sa seule consolation est la publication de La Triste Fin du petit enfant huître et autres histoires, son recueil de dessins et de poèmes. Il se voit également proposer de nombreux projets parmi lesquels une nouvelle adaptation de la nouvelle d'Edgar Allan Poe, La Chute de la maison Usher, et
Sweeney Todd : Le Diabolique Barbier de Fleet Street, la comédie musicale de Stephen Sondheim. Ce dernier projet va mettre dix ans à aboutir.
Il se retrouve pleinement dans le scénario de
Sleepy Hollow : ambiance sombre et gothique, cadavres décapités en série, humour noir, démon sans tête... Kevin Yagher, responsable des effets spéciaux de la série Les Contes de la crypte, s'associe avec Andrew Kevin Walker, auteur du scénario de Seven, pour adapter la nouvelle éponyme de Washington Irving. Le tournage se fait en Angleterre, et plusieurs collaborateurs de Batman sont sollicités. Toujours peu enclin aux effets spéciaux numériques, qui sont limités au strict minimum pour un film de ce genre, Burton concentre toute l'attention de son équipe artistique sur les décors, allant jusqu'à réaliser lui-même certains arbres de la forêt. Appuyé par
Johnny Depp,
Christina Ricci,
Michael Gough,
Christopher Lee et
Christopher Walken dans le rôle du cavalier sans tête, le cinéaste renoue avec le succès critique et commercial, malgré la classification R (interdit aux moins de 17 ans non accompagnés d'un adulte) aux États-Unis. Il déclare à ce propos : « en tournant Sleepy Hollow, j'ai pensé à mes réactions de spectateur enfant : je détestais que l'on me ménage, je voulais être confronté aux images, si dures soient-elles. Je me souviens de mes cris lorsque j'ai vu Le Masque du démon de
Mario Bava. Crier était pourtant une des manières les plus rassurantes d'avoir peur puisque le film était une fantaisie ». Elfman compose pour l'occasion une musique sombre et torturée. Sorti en 1999, le film est un grand succès international récompensé par l'Oscar de la meilleure direction artistique. Il est un récapitulatif de l'oeuvre de Burton : citrouille, humour noir, ambiance gothique, moulin en feu, légende médiévale démoniaque... Par ce film, Burton paye par ailleurs sa dette à
Mario Bava, maître du giallo italien.
Le XXIe siècle s'ouvre de manière ambivalente pour Tim Burton. Le succès de
Sleepy Hollow, cependant très loin de ses premiers films, lui permet de retrouver le final cut, autrement dit le montage final, perdu après
Ed Wood. Néanmoins, Burton n'est toujours pas en position de force. En 2001, il accepte de réaliser un remake de La Planète des singes. Pendant le tournage, il se sépare de l'actrice
Lisa Marie avec laquelle il s'était fiancé huit ans plus tôt, et rencontre
Helena Bonham Carter qui va devenir son épouse. Il perd également son père. Le film obtient de bons résultats, atteignant les cent soixante-treize millions de dollars de bénéfices sur le sol américain. Deux ans plus tard, le studio Columbia le contacte pour mettre en scène
Big Fish. Entre-temps, sa femme lui a donné un fils. Un homme qui va devenir père mais qui va également perdre le sien dans un scénario faisant l'éloge de l'imaginaire face à la platitude du monde réel ; Tim Burton ne peut que se retrouver dans cette histoire dont les événements sont très synchrones avec sa vie.
Ewan McGregor tient le premier rôle. Le style du cinéaste change d'orientation, mais sa griffe est visible : sorcière, loup-garou, géant, nains...
Il concrétise en 2005 un projet vieux de plus de quinze ans : mettre en scène le chef-d'oeuvre de
Roald Dahl,
Charlie et la Chocolaterie. Pour la quatrième fois,
Johnny Depp est en tête de la distribution. Il campe un Willy Wonka complètement survolté, rappelant le démon
Beetlejuice, et dont l'apparence ressemble, à certains égards, au personnage Alex d'Orange mécanique de
Stanley Kubrick. Ce dernier est cité avec la scène de la barre chocolatée télévisuelle : le film dans lequel la barre est projetée est 2001, l'Odyssée de l'espace. Le cinéaste s'installe, pour la deuxième fois, aux Pinewood Studios dont il utilise presque tous les plateaux. À titre d'anecdote, cent vingt mille litres d'un mélange couleur chocolat sont fournis par Nestlé.
Danny Elfman signe la musique et prête sa voix pour le choeur des Oompas-Loompas. Si l'esthétique gothique habituelle fait place à un univers plus coloré, il n'en reste pas moins que la poésie propre à Burton demeure : le plan final avec la maison des Bucket arrosée par des canons à neige.
Quatre mois plus tard, Les Noces funèbres arrivent sur les écrans. Ce nouveau film d'animation a été tourné en parallèle de
Charlie et la Chocolaterie. Pour la circonstance, Burton s'entoure de ses collaborateurs habituels : Johnny Depp, Helena Bonham Carter, Christopher Lee, Albert Finney et Michael Gough notamment prêtent leurs voix aux marionnettes. Le scénario de Burton est basé sur un conte russe qu'un de ses collaborateurs lui a raconté, pendant le tournage de L'Étrange Noël de monsieur Jack. Mais, cette fois-ci, pas de dispute entre Elfman et Burton. Les deux artistes ont retenu la leçon. Le cinéaste en profite pour égratigner un peu la bourgeoisie, présentée comme terne, cynique et arriviste, et afficher sa préférence pour le monde des morts, nettement plus haut en couleur et animé. Le résultat final est saisissant, très proche des oeuvres de
Jean Cocteau et de Bertolt Brecht. Pour l'anecdote, Burton a avoué s'être étonné lui-même, car il a dessiné ses principaux personnages sans penser à Depp, Helena Carter, Christopher Lee. Malgré un accueil critique favorable, le film est un échec en salles.
De
Vincent à
Ed Wood, Tim Burton s'est fait le chantre des marginaux, des solitaires, des prétendus monstres renfermant des trésors de gentillesse. Avec
Mars Attacks!, il passe à tout un groupe.
Sleepy Hollow marque un nouveau cycle : celui de la famille.
Big Fish,
Charlie et la Chocolaterie et Les Noces funèbres poursuivent dans cette voie. L'enfant solitaire, prétendu anormal, a probablement réglé ses comptes et pense maintenant à fonder une famille.
Il retrouve la veine gothique et macabre de
Sleepy Hollow avec
Sweeney Todd : Le Diabolique Barbier de Fleet Street, sorti en janvier 2008 sur les écrans français. Il s'agit d'une adaptation de la comédie musicale de Stephen Sondheim, mise en scène en 1979, dans laquelle le barbier est présenté comme une victime de la société. Tim Burton sollicite Johnny Depp pour le rôle du barbier, et son épouse Helena Bonham Carter pour incarner Mrs Lovett, la vendeuse de tourtes à la viande.
Alan Rickman, interprète de Severus Rogue dans les films de la saga Harry Potter, incarne le corrompu juge Turpin dont Sweeney Todd veut se venger. Tim Burton est épaulé par une équipe de techniciens d'expérience : Dariusz Wolski, directeur de la photographie de la trilogie des Pirates des Caraïbes ;
Dante Ferretti, chef décorateur de nombreux films de
Federico Fellini et
Martin Scorsese et lauréat de l'Oscar 2004 des meilleurs décors pour
Aviator ; Colleen Atwood, dessinatrice principale des costumes de Mémoires d'une geisha et
Chicago qui lui ont valu tous deux un Oscar ; et Peter Owen, responsable du maquillage et de la coiffure sur la trilogie Le Seigneur des anneaux et oscarisé pour le premier volet. Le film obtient un succès critique et public mitigé mais il vaut à Ferretti un deuxième Oscar pour sa direction artistique.