Christopher Lee naît à Belgravia, un quartier de Londres, le 27 mai 1922. Fils de Geoffrey Trollope Lee, lieutenant-colonel dans le 60e régiment d'artillerie royal (60th King's Royal Rifle Corps) et de la comtesse Estelle Marie Carandini di Sarzano. Il a une soeur. Il est le cousin de Ian Fleming, l'écrivain à qui l'on doit James Bond. Le jeune Christopher reçoit son éducation dans des établissements scolaires prestigieux tels que Eton College, Wellington College et l'université Oxford où il étudie la littérature classique, le grec et le latin. Après ses études, il travaille dans de petits emplois en tant que garçon de service à Londres. En 1939, il se porte volontaire pour combattre l'Union soviétique aux côtés de la Finlande lors de la Guerre d'Hiver. Il s'engage ensuite dans la Royal Air Force, participant à des opérations secrètes lors de la Seconde Guerre mondiale avec le Long Range Desert Group et le Special Operations Executive. Il finit la guerre avec le grade de Flight Lieutenant (capitaine).
Après la démobilisation de 1946, Lee décroche un contrat de sept ans avec la firme cinématographique Rank. Il débute au cinéma dans la romance gothique L'Étrange Rendez-vous de Terence Young en 1948. La même année, il joue aux côtés de Sir Laurence Olivier dans une adaptation cinématographique d'une pièce de Shakespeare, Hamlet. Ce film a la particularité de réunir pour la première fois à l'écran Christopher Lee et son futur compagnon de route Peter Cushing, avec lequel il décrochera son premier grand succès international. Toutefois, Lee ne parvient pas à percer, sa grande taille de 1m95, dérange les vedettes, préférant être entourés d'acteurs mesurant la même taille pour ne pas être "distraits" pendants les scènes.
Durant les années 1950, Lee tourne dans plus de 30 films. La plupart sont des films d'aventures, tels que Capitaine sans peur de Raoul Walsh en 1951, Le Corsaire rouge de Robert Siodmak en 1952, Les Quatre Plumes blanches de Zoltan Korda en 1955 ou encore Au sud de Mombasa de George Marshall en 1956, dont la qualité et le succès ne sont pas toujours aux rendez-vous.
En 1957, il est repéré pour sa grande taille, qui, de défaut devient un atout majeur. Il est alors appelé pour jouer le rôle de la créature du baron Frankenstein, incarné par Peter Cushing dans le film d'horreur Frankenstein s'est échappé de Terence Fisher. Les droits sur le masque de la créature de Frankenstein étant détenus par Universal Pictures, Lee propose qu'on appose sur son visage un patchwork de visages pour se rapprocher de l'aspect du monstre de Frankenstein décrit par Mary Shelley dans son roman. Ce film, produit par la firme cinématographique Hammer Film Productions, remporte un vif succès auprès du public britannique.
C'est véritablement en 1958 avec le film Le Cauchemar de Dracula, toujours produit par la même compagnie, réalisé par le même réalisateur et mettant en scène les mêmes acteurs, que le succès devient mondial. Autrefois interprété par l'acteur américain Bela Lugosi, l'interprétation presque légendaire du comte Dracula par Christopher Lee permet à celui-ci d'être reconnu en tant qu'acteur et de jouir d'une popularité planétaire dans le monde du cinéma.
Encore aujourd'hui, son nom est indissociable de celui du fameux vampire de Transylvanie. D'ailleurs, Christopher Lee reprendra ce rôle à dix reprises dans des films tels que Dracula, prince des ténèbres de Terence Fisher en 1966, Dracula et les femmes de Freddie Francis en 1968 ou encore Les Cicatrices de Dracula de Roy Ward Baker en 1970.
Suite au succès du premier opus, les studios de la Hammer entreprennent une série de films d'horreur réunissant le même tandem tels que La Malédiction des pharaons ou
Le Chien des Baskerville en 1959 réalisés par Terence Fisher.
Au total, les deux acteurs partageront l'affiche de plus de vingt productions, pour la plupart produites par les studios de la Hammer qui devient l'initiateur du renouveau du film fantastique.
Dans les années 1960, habitué aux rôles machiavéliques, Lee tourne dans de nombreux films d'horreur tels que Hurle de Peur de Seth Holt en 1961, La Gorgone de Terence Fisher en 1964, Circus of Fear de John Llewellyn Moxey en 1966 ou encore Les Vierges de Satan de Terence Fisher en 1968.
Parfait polyglotte (il parle anglais, allemand, italien, français, russe, espagnol, suédois et grec), il tourne également dans des productions étrangères tels que
Le Corps et le fouet de Mario Bava en 1963, La Crypte du vampire de Camillo Mastrocinque en 1964 ou encore Le Vampire et le sang des vierges de Harald Reinl en 1967.
Ses rôles de méchants tels que Fu Manchu (qu'il incarnera cinq fois au cinéma) ou Raspoutine dans Raspoutine, Le moine fou de Don Sharp en 1966 sont de véritables succès et accentuent son image d'homme inquiétant et effrayant.
Dans les années 1970, Christopher Lee continue d'incarner le rôle du comte Dracula et de tourner dans des films d'horreur. Pourtant, trouvant que ce genre de films nuit trop à son image et à son talent d'acteur, il décide d'interpréter des rôles plus variés. Il multiplie les tournages en Europe, est appelé parfois pour un jour seulement et ne sait pas toujours quel est le scénario du film. Il joue des rôles tels qu'Artemidorus dans Jules César de Stuart Burge en 1970, le frère de Sherlock Holmes dans La Vie privée de Sherlock Holmes de Billy Wilder en 1970,
Rochefort dans
Les Trois mousquetaires en 1973 puis une suite l'année suivante Les quatre mousquetaires signé par Richard Lester ou encore le méchant, Scaramanga dans un James Bond, L'Homme au pistolet d'or de Guy Hamilton en 1974.
En 1976, il interprète encore une fois le comte Dracula mais cette fois-ci sous le signe de la comédie burlesque dans un film français d'Édouard Molinaro Dracula père et fils. La même année, il quitte définitivement les studios de la Hammer pour la Californie.
En 1977, son premier film américain, Les Naufragés du 747 de Jerry Jameson, lui vaut la sympathie du syndicat des cascadeurs, Lee ayant participé aux séances d'apnée durant le tournage du film. Il devient d'ailleurs membre à vie et porte-parole de plusieurs associations de cascadeurs.
Dans les années 1980, loin de s'estomper, la carrière cinématographique de Christopher Lee devient très prolifique, celui-ci accumulant les apparitions autant sur grand écran que sur le petit écran télévisuel. Il joue dans des films télévisés comme
La Salamandre de Peter Zinner en 1981, où il côtoie des acteurs tels que Franco Nero, Anthony Quinn et Claudia Cardinale ou encore Le Tour du monde en 80 jours de Buzz Kulik en 1989 où il retrouve ses compatriotes Eric Idle, Peter Ustinov et Robert Morley. Ces films redonnent à Lee quelques succès quoique succincts et passagers, mais sa notoriété diminue.
Il s'essaie également au doublage à l'occasion du long métrage d'animation La Dernière Licorne où il interprétera le rôle du Roi Haggard tant dans la version originale anglaise que dans la version allemande.
La carrière de Lee semble stagner jusque vers la fin des années 1990 malgré des petites apparitions notables dans des films tels que Gremlins 2, la nouvelle génération de Joe Dante en 1990 ou Le Bouffon de l'horreur de Simon Sprackling en 1994.
C'est à la fin des années 1990 que deux nostalgiques des frayeurs hammeriennes convient Lee à leur tablée.
En 1999, Tim Burton réalise
Sleepy Hollow avec Johnny Depp dans lequel Christopher Lee fait une brève mais mémorable apparition. Cette dernière redonne à la carrière de l'acteur britannique un second souffle.
Il est alors approché par Peter Jackson pour incarner Saroumane dans la trilogie du Seigneur des Anneaux aux côtés de Ian McKellen, Elijah Wood et Viggo Mortensen. Coïncidence, Lee avait déjà remis quelques années plus tôt le Grand Prix du Festival d'Avoriaz au même cinéaste pour son film Braindead en 1993. Cette trilogie, adaptée du roman de Tolkien (on notera également qu'il est la seule personne de l'équipe du film à avoir rencontré un jour ce dernier), remporte un véritable succès international.
Marchant sur les traces de son ami
Cushing, qui avait interprété auparavant le Grand Moff Wilhuff Tarkin dans le premier opus de Un nouvel espoir de George Lucas en 1977, Christopher Lee signe à son tour pour la saga homérique du même réalisateur dans le rôle du comte Dooku alias Darth Tyrannus dans le second (L'Attaque des clones) et le troisième (La Revanche des Sith) opus.
Jamais retour sur scène n'aura eu autant d'éclat. De nos jours, Christopher Lee croule sous les récompenses honorifiques (il a été anobli par la reine en novembre 2001 et décoré Chevalier des Arts et des Lettres en France) et artistiques (étoiles sur les « boulevards de la célébrité » à Hollywood et à Londres, plusieurs nominations aux Oscars et de nombreuses récompenses spéciales pour l'ensemble de sa carrière).
En 2005, sous la direction de Tim Burton, Lee est retourné au grand écran pour deux métrages fantastiques :
Charlie et la chocolaterie où il interprète un dentiste inquiétant, et le film d'animation Les Noces funèbres dans lequel Lee prête sa voix à un pasteur loufoque. Il double également la voix de DiZ et du professeur Ansem dans Kingdom Hearts 2.
Depuis 2004, Christopher Lee a ajouté une nouvelle corde à son arc en prêtant sa voix comme narrateur du groupe de metal symphonique italien Rhapsody of Fire, pour lequel sa voix profonde a un excellent rendu dans la logique musicale du groupe. Il a également participé au single The Magic Of The Wizard's Dream, sorti en 2005, en y chantant en duo avec Fabio Lione sur quatre versions de la chanson éponyme, chacune dans une langue différente : anglais, italien, français, et allemand. Il a aussi prêté sa voix au groupe de Heavy Metal américain Manowar toujours en tant que narrateur pour trois titres de leur nouvel album Gods of War (sorti en mars 2007), ainsi que sur le titre Dark Avenger sur leur remake de leur propre album Battle Hymns, "Battle Hymns MMXI", en remplacement de feu Orson Welles qui assurait la narration pour leurs albums au début des années 1980.
En 2008, de retour dans l'univers de Tolkien, il est le narrateur de la version audio du livre Les Enfants de Hurin de Christopher Tolkien (HarperCollins AudioBooks). En 2008 toujours, l'acteur a enregistré le doublage du Comte Dooku pour la série animée The Clone Wars, reprenant ainsi un rôle qu'il a incarné au cinéma dans les épisodes II et III de la saga Star Wars.
Dans les rôles cités, sa stature impressionnante et sa voix profonde de stentor l'aident à jouer des rôles de personnages souvent classés dans le "mal" (Saroumane, Dooku...) avec une certaine aisance, en particulier des "méchants" et fiers de l'être, la conscience parfaitement tranquille.