« Je suis un être heureux et léger de nature, mais dans tout ce que je fais la mort se présente toujours », déclarait-il à Jacques Chancel dans Radioscopie en 1989, sur France Inter. Elle l’a cette fois emporté, à l’âge de 86 ans. Michel Legrand, qui affirmait « se tamponner » de la postérité, aura pourtant réussi une carrière internationale, « bigger than life » comme on aime le dire outre-Atlantique. C’est que l’artiste a eu plusieurs vies, passant avec la souplesse d’un chat du métier de pianiste accompagnateur à celui d’arrangeur, d’orchestrateur, de compositeur ou même de chanteur. Séduisant la France aussi bien que les Etats-Unis — où on le prit, un temps, pour le maraîcher des Halles rondouillard, binoclard et moustachu qui figurait sur la pochette de son 33-tours I love Paris, phénoménal succès outre-Atlantique en 1954.
Génial et colérique, le compositeur des Moulins de mon cœur, des Demoiselles de Rochefort et des Parapluies de Cherbourg admettait volontiers avoir un sale caractère. Cet impatient enthousiaste fut ainsi capable, à 22 ans, de « rembarrer » l’idole Charles Trenet, qu’il jugeait « sec et cassant ». « Je ne veux rien avoir à faire avec le passé ; hier c’est fini, seul demain m’intéresse », déclarait-il à Télérama en 2005. Ce qui ne l’empêchait pas de commenter avec verdeur certaines de ses collaborations — comme le « minable » Trois places pour le 26, film pourtant signé de son cher Jacques Demy en 1988, avec un Yves Montand tout-puissant.
De la musique de Legrand, on retient souvent une brillance joyeuse, à la fois profonde comme une soirée d’hiver et légère comme une matinée de printemps. Une virtuosité à jongler avec les demi-tons, conférant grâce et nostalgie à ses partitions.
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>>Regardez l'excellent documentaire Michel Legrand, sans demi-mesure
Dans l´eau vive d´un ruisseau Et qui laisse derrière elle Des milliers de ronds dans l´eau Merci à vous Mr Michel Legrand
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