Décidément, c’est un printemps noir pour le cinéma. On a déjà pleuré la disparition de Stéphane Audran et Isao Takahata les jours derniers et voilà que ça recommence.
L’immense Miloš Forman, réalisateur de quelques chefs-d’œuvre, au rang desquels le multi-oscarisé Vol au-dessus d’un nid de coucou, Amadeus ou Hair pour les plus connus, s’est éteint vendredi dernier. Orphelin suite à la mort de ses parents en déportation, le cinéaste d’origine tchèque n’a cessé de fendre le monde et ses impératifs d’un grand rire triste et sardonique, émancipateur mais abîmé : celui de Nicholson en proie à l’asservissement psychiatrique ou celui de Tom Hulce, génial Mozart déchirant le corset des ors et des conventions artistiques. Un rire sans salut et sans autre effet que celui d’une belle mais bien éphémère liberté... On en profitera quand même pour (re)découvrir sa période tchèque, tout aussi flamboyante, à commencer par L’As de pique et Au feu les pompiers ! (1967) ou Les Amours d’une blonde (1965) ainsi que ses films américains moins célèbres, mais tout aussi beaux, comme Taking Off (1971).
Autre orphelin de ce mois d’avril assassin : Paolo Taviani, qui vient de perdre son frère Vittorio, avec qui il formait un de ces très grands duos de cinéastes, récipiendaires notamment d’une Palme d’or en 1977 pour Padre padrone et d’un Ours d’or pour César doit mourir en 2012. “Nous ne voyons pas comment nous pourrions travailler l’un sans l’autre. Tant que nous pourrons mystérieusement respirer au même rythme, nous ferons des films ensemble.” La question va maintenant devenir saillante…
Autre disparition, celle du sergeant instructeur de Full Metal Jacket, Ronald Lee Ermey, dont le verbe haut et les répliques à la mitraillette ont durablement impressionnés les spectateurs. Initialement conseiller sur les tournages de films de guerre (en tant qu'ancien gradé de l'armée), c’est dans le chef-d’œuvre de Kubrick qu’il s’était fait connaître du grand public (même s'il a joué dans une soixantaine de films, dont Apocalypse Now). On ne se lasse pas de repasser cet extrait mêlant réparties hilarantes et ordurières, préfigurant une certaine idée du cauchemar à suivre… :
En espérant que le mois de mai et son Festival de Cannes apportent plus de bourgeons que de linceuls…