Sion Sono accusé de nombreuses agressions sexuelles

5 avril 2022
Sion Sono accusé de nombreuses agressions sexuelles

On assiste là peut-être enfin à un #MeToo tardif au Japon : selon Shukan Josei, un magazine hebdomadaire proche du tabloïd, qui a recueilli plusieurs témoignages en ce sens, le cinéaste japonais Sion Sono aurait commis plusieurs agressions sexuelles, notamment des chantages répétés lors de castings. On soupçonnait une forme de voyeurisme lubrique chez le sexagénaire mais ici l’histoire dépasse le simple fantasme pour macérer dans la boue. Une comédienne anonyme rapporte ainsi que Sono lui aurait dit avoir eu de nombreuses relations avec des jeunes femmes qui voulaient travailler dans ses films, et qu'elles ont réussi dans l'industrie grâce à ça. L'actrice raconte également comment, après que Sono lui a offert un rôle dans l'un de ses films, il a tenté de la forcer à coucher avec lui. Son refus n’a pas affecté outre mesure le directeur de casting, qui a fait venir une ancienne actrice pour satisfaire le réalisateur... Sous le choc, elle était accompagnée dehors par un assistant, non pour la protéger, mais pour l'emmener avec le directeur dans un love hotel… Une autre actrice a rapporté qu'après que Sono l'a forcée à avoir des relations sexuelles en échange d’un rôle, il lui a dit : "Je veux te baiser pendant que tu parles à ton petit ami au téléphone." Lorsqu'elle lui a dit qu'elle n'avait pas de petit ami, il aurait répondu: "Eh bien, prends-en un, j'aime ce genre de choses." Un distributeur nippon a enfoncé le clou, déclarant au journaliste de Shukan Josei : "Il y a un réalisateur qui n'hésite pas à dire 'Si tu baises, je te donne du travail'. Ses films sont acclamés et de nombreuses actrices veulent y figurer. Il s'en sert pour agresser les femmes comme si de rien n'était. Ce réalisateur, c’est Sion Sono." La nouvelle est d’autant plus terrible que jaillissait, dans le cinéma rebel et ambigu de Sono, un féminisme flamboyant : de Requiem pour Noriko (2006) à The Forest of Love (2019), en passant par Guilty of Romance (2011) ou Love Exposure (2008), toute sa filmographie prenait acte du patriarcat, de l’objectivation des femmes, et tout encourageait à leur empowerment voire à leur révolte, violemment si possible (rappelons-nous de la scène mémorable où Aya Koike casse le membre de son violeur dans Love Exposure). Sion Sono n'a pas encore répondu aux allégations formulées dans l'hebdomadaire mais en tout cas la parole se libère au Japon : le mois dernier, des accusations similaires ont été porté contre le réalisateur Hideo Sakaki et l'acteur Houka Kinoshita. 

 

19 commentaires
  • ProfilSupprime
    commentaire modéré il faut cancel son male gaz light cishet d'asian priviledged
    7 avril 2022 Voir la discussion...
  • itachi
    commentaire modéré @Thumb Muscle ton jeux.
    9 avril 2022 Voir la discussion...
  • itachi
    commentaire modéré @Juliano Sans Sono, on va peut être assister au retour du cinéma muet... (tu l'as, tu l'as ???)
    9 avril 2022 Voir la discussion...
  • Cladthom
    commentaire modéré Après j'ai toujours trouvé ses films ambigus même sur la question du voyeurisme et de la perversité. Ça m'étonne qu'à moitié même si l'autre moitié me fait dire que je suis quand même surpris (je suis ambigu aussi).
    9 avril 2022 Voir la discussion...
  • Juliano
    commentaire modéré @itachi Il paraît que le muet thaï est en plein essor.
    9 avril 2022 Voir la discussion...
  • Juliano
    commentaire modéré @Arch_Stanton Son premier long métrage en tout cas.
    9 avril 2022 Voir la discussion...
  • Juliano
    commentaire modéré @Arch_Stanton Malsain et dérangeant, pourquoi pas. Le problème est que y a quasiment rien de cinématographique et c'est très chiant.
    9 avril 2022 Voir la discussion...
  • Juliano
    commentaire modéré @Arch_Stanton Il n'y a pas de consentement avant la majorité sexuelle, mais être filmé nu n'est pas un acte sexuel et ça a déjà été fait à maintes reprises. De là à dire si c'est normal ou pas, j'imagine que ça dépend du contexte de la scène de nu, de l'intention du réalisateur et de la sensibilité du spectateur. Je n'ai pas vu les films dont tu parles et son premier long ne m'encourage guère. En même temps, il a une filmographie très prolifique de films en tout genre, mais la plupart semble dispensable. Sur mes quatre vus, y en a quand même deux que je déteste, ça donne pas envie de poursuivre. J'aimerais quand même en découvrir quelques uns encore. J'irai voter, mais comme disait Couche : "Si voter changeait quelque chose, il y a longtemps que ça serait interdit."
    9 avril 2022 Voir la discussion...
  • zephsk
    commentaire modéré @Arch_Stanton @Juliano Les gars il s'agit pas de savoir si l'érotisme au cinéma c'est cool, là on est en face d'un mec qui monnaie des rôles contre du sexe...
    10 avril 2022 Voir la discussion...
  • Juliano
    commentaire modéré @zephsk Je répondais sur ce qu'il m'a dit. Je pense qu'il voulait signifier que ça a commencé comme ça et que ça n'est finalement pas si surprenant que le gars se révèle être un gros pervers. Sinon bien sûr que c'est condamnable pour le reste. N'étant pas juge, la question qui m'intéresse le plus en tant que cinéphile, comme ici c'est un site de cinéma, est de savoir si certains ne vont plus aimer ses films alors qu'ils les adoraient avant de savoir.
    10 avril 2022 Voir la discussion...
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