Lucky Luke a perdu sa clope contre un brin de paille, Jacques Tati a été forcé par la régie RATP de troquer sa pipe contre un accessoire de fête foraine : faut-il que les films français passent à la cigarette électronique ou mieux, se passent carrément de tabac ? C'est en tous cas la demande faite publiquement, et par écrit à l'Assemblée Nationale, par Michèle Delaunay, cancérologue de profession et députée de la Gironde, à la ministre de la santé, Marisol Touraine. Puisque la loi Evin et et la convention cadre de lutte anti-tabac s'applique à l'espace public et aux médias (interdiction de toutes formes de promotion directe ou indirecte du tabac), pourquoi ne s'appliqueraient-elles pas totalement aux films ? Mme Delaunay convoque une enquête IPSOS selon laquelle 80 % des films français contiennent une scène de tabagisme (ces chiffres concernent 180 films sortis en 2005 entre 2012). Dans un film français de 99 minutes, on fumerait pendant 2,4 minutes. La députée demande donc que la ministre de la santé rappelle aux producteurs les contraintes leur interdisant de mettre en scène des situations en faveur du tabac, sauf si elles ont une « valeur historique » ou « correspondent à une situation de stress ou de désespoir ou qu'elles contribuent elles-mêmes à souligner les effets délétères du tabac ». Au moins, on est rassuré : si nouveau biopic de Gainsbourg il y a, il aura bien une cigarette au bec et pas une sucette à l'anis. Et puis, on comprendra mieux les histoires : le personnage qui fume, ce sera toujours celui qui a une vie de merde. Ou le méchant. (Source : michelle-delaunay.net via Romain Blondeau)