C'est l'autre troll scandinave invité à Cannes cette année, avec Ruben Östlund. Convié à présenter son dernier film (Sick of Myself) dans la sélection "Un certain regard", Kristoffer Borgli est sans doute inconnu de la plupart d'entre vous : essentiellement cantonné aux courts métrages (un seul long, en 2017), le trublion norvégien est pourtant, peut-être, le nouveau réalisateur à suivre… si vous êtes fan d'électro chic, de stupéfiants homemade et d'humour nordique, en tout cas. Il faut d’abord remonter à l’été 2012, où un de ses compatriotes explose : Todd Terje, le nouveau prince de l’électro (et maire de Mjøndalen, accessoirement), y est de toutes les setlists. Le tube incriminé : Inspector Norse, petit bonbon acidulé à mi chemin entre le disco et la french touch, qui réveillerait un mort. Kristoffer Borgli a alors une idée de génie : faire le portrait de ce drôle de zigue auquel le DJ, impressionné, a voulu rendre hommage avec son tube. C’est que dans le documentaire Whateverest (2012), on suit Marius Solem Johansen, aka Inspector Norse, un jeune homme vaguement désoeuvré, employé d’un salon de bronzage qui cuisine sa propre meth (le "Inspector Norse Special"), et passe son temps à danser pour oublier qu’il n’a aucune chance (comme Jean-Claude Dus), idéalement attifé d'un poncho et d'une guirlande lumineuse. Car “whateverest”, ça n’est jamais que le mot valise mêlant tous les Everest qu’on n’a pas pu gravir et la résignation joyeuse d’un “whatever” (“peu importe”). Le film, présenté à l'époque à l'American Film Institute d'Hollywood, est pris au premier degré par le critique musique du très sérieux Guardian, qui y voit là un portrait “tour à tour hilarant et déchirant”, avant d’être mis au parfum par des journalistes norvégiens... Alors, on se dit qu’avec la présentation à Cannes de Sick of Myself, cette histoire de course à l'échalote entre deux artistes contemporains en pleine relation dysfonctionnelle, le drame pourrait côtoyer une forme d’ironie rafraîchissante. En attendant, pour (re) découvrir Whateverest, c’est par là :
Grand moment d'electro douce
En revanche, le lieu est très sympa (à mon goût) !