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Micro-critique star (BaronneduManoir) :
BaronneduManoir
(à propos de La Maison des bois )
“ Une magnifique belle série sur la guerre de 1914 vue depuis un village de la Marne. Un tableau d'une France qui ne sera plus jamais la même. ”
— BaronneduManoir
16 janvier 2022
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ianov(à propos de La Maison des bois )“ Alors que l’Europe s’entretue, Pialat compose la petite musique au bois tranquille, un sacre naturel de toutes les émotions d’une jeune vie. ” — ianov 25 octobre 2017
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K_Sania25 octobre 2017 Voir la discussion...
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TJ_McFly12 novembre 2017 Voir la discussion...
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ianov12 novembre 2017 Voir la discussion...
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Kikuchiyo(à propos de La Maison des bois )“ Le feuilleton permet à Pialat quelques-unes de ses plus belles prises sur la vie, son écoulement, son suspens, son irréversibilité. Superbe. ” — Kikuchiyo 13 mai 2020
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BaronneduManoir(à propos de La Maison des bois )“ Une magnifique belle série sur la guerre de 1914 vue depuis un village de la Marne. Un tableau d'une France qui ne sera plus jamais la même. ” — BaronneduManoir 16 janvier 2022
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BaronneduManoir
Au cours du bel été 1969, Yves Laumet, producteur à l'ORTF, savoure sa chance alors qu'il navigue entre les trois tournages dont il a la charge : Du côté d'Orouët de Jacques Rozier en Vendée, le Petit Théâtre de Jean Renoir dans le Midi et la Maison des bois de Maurice Pialat dans l'Oise. Tout ça pour la télévision française d'alors… C'est après avoir été impressionné par le naturel des enfants acteurs dans son Enfance nue que Laumet a eu l'idée de proposer à Pialat cette fiction en sept épisodes : la chronique d'un village de campagne pendant la Première Guerre mondiale, à travers le regard de trois petits Parisiens confiés au garde-chasse et à sa femme le temps du conflit.
Une expérience de confinement, oui, mais aux airs d'école buissonnière, entre les visites aux lapins, les confitures maison, les messes du dimanche, les discussions au bistro ou avec la femme de l'aviateur à qui on vient tenir compagnie. Une rareté dans l'œuvre du cinéaste, solaire et sereine, un pansement possible pour temps difficiles qui nous arrive intact, éclatant.
Chouchou. Pialat ne verra peut-être jamais The Wire, mais il comprend immédiatement qu'une série (à l'époque, on appelle cela un feuilleton), c'est du temps à l'œuvre. Il retravaille le scénario avec Laumet, épure au maximum, ne garde que la trame élaguée des intrigues d'origine qu'il juge, pour certaines, trop mièvres ou trop explicatives. Il ne se prive pas de truffer les dialogues d'expressions franchouillardes savoureusement ressuscitées du passé (à la Parisienne qui lui propose une cigarette fine «américaine», le garde-chasse répond qu'il préfère «fumer des gros culs»). Mais, pour les scènes entre enfants, pas une ligne n'est écrite : ils seront filmés comme ils sont, comme ils discutent, avec un Pialat qui par moments ne peut s'empêcher de quitter le plan en se marrant (il s'est octroyé le rôle de l'instituteur). Les mômes sont lancés en toute liberté dans le jeu de quilles plus tenu d'acteurs très tradition française (Jacqueline Dufranne, bouleversante «maman Jeanne», Pierre Doris, Paul Crauchet…), d'abord déstabilisés, puis de plus en plus ravis de cet éclaboussement permanent et désordonné.
La Maison des bois, c'est donc ça : de longs plans fixes d'enregistrement d'une pureté absolue, l'air qui entre de partout, beaucoup de lumière mais aussi la guerre qui se rapproche et vient s'immiscer par saillies dans la campagne ensoleillée - des soldats ensanglantés, un avion qui s'écrase dans un champ, un enfant du pays appelé au front à qui on dit adieu longtemps, très longtemps sur un quai de gare. Près de sept heures de fiction aux sentiments contradictoires, des pique-niques indolents et des mères brisées, des jeux dans les bois et des blessures pour toujours. Avec, aussi, un petit cœur battant : celui d'Hervé, inoubliable pensionnaire de la maison des bois, chouchou de ses parents d'accueil parce qu'il est le plus perdu des trois. On apprend au détour d'une phrase qu'il est là depuis trois ans, le père à la guerre et la mère aux abonnés absents, qu'il va attendre à la gare tous les dimanches, au cas où.
Clairière. C'est très beau de voir comment Pialat orchestre autour de ce garçon aux cheveux noirs une tendresse qui va grandissant : au-delà de sa famille d'accueil, c'est tout l'amour du village qu'il catalyse, discrètement et humblement. On ne compte pas les plans où il entoure de ses bras tel ou tel adulte, en se hissant sur la pointe des pieds, geste récurrent qui imprime intensément l'apparition fugace de cet acteur d'une seule fois, Hervé Lévy, jamais revu sur un écran depuis.
La Maison des bois sera le tournage le plus heureux de la carrière du cinéaste, une clairière secrète dans son œuvre, et dont il dira peu de temps avant sa mort : «C'est la plus belle chose que j'aie faite.» Il savait qu'il avait réussi à capturer la sensation de la vie qui coule, tout simplement, à travers le regard ardent d'un petit garçon plein d'amour et de tristesse.
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