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Micro-critique star (jonathanpichot) :
jonathanpichot
(à propos de Le Chant du loup)
“ Retiens ton souffle,le ciné français vient de tirer l'un des plus beaux missiles qui puissent exister.À l'écoute on entend le bruit du chaos ”
— jonathanpichot
18 janvier 2019
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jonathanpichot(à propos de Le Chant du loup)“ Retiens ton souffle,le ciné français vient de tirer l'un des plus beaux missiles qui puissent exister.À l'écoute on entend le bruit du chaos ” — jonathanpichot 18 janvier 2019
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julienstras24 septembre 2019 Voir la discussion...
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Zeyken24 septembre 2019 Voir la discussion...
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zilog5 janvier 2020 Voir la discussion...
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cinephile54(à propos de Le Chant du loup)“ Adrénaline suspens haute tension ç pas la croisière s'amuse ici ou qd 1poignée d'hommes st l'Assurance-vie du Pays casting top MK RK FC ” — cinephile54 12 février 2019
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France - 1h55 - sortie 20 février 2019 - 2018 - Réalisateur-scénariste: Antonin Baudry - LEGENDE PHOTO: Antonin Baudry - Tournage
France - 1h55 - sortie 20 février 2019 - 2018 - Réalisateur-scénariste: Antonin Baudry - LEGENDE PHOTO: Antonin Baudry - Tournage Photo : Julien Panié - Pathé - Trésor Films - CHI-FOU-MI Productions
Par Mathilde Blottière
Réservé aux abonnés
Publié le 15 mars 2022 à 13h30
Mis à jour le 15 mars 2022 à 15h36
La Russie vient d’envahir le sud de la Finlande. L’Europe est en émoi. On redoute l’escalade. Le danger atomique plane comme un nuage de cauchemar sur des pays en paix depuis des décennies. Toute ressemblance avec des faits réels est purement fortuite… D’autant plus que ce scénario, pour familier qu’il semble aujourd’hui, a été écrit en 2018. Bien sûr, l’histoire recèle un précédent : l’invasion soviétique de la Finlande en novembre 1939. Mais c’est bien les yeux rivés vers un futur plausible qu’Antonin Baudry, scénariste et réalisateur du Chant du loup, a imaginé son thriller géopolitique à bord d’un sous-marin nucléaire.
Véritable prototype, Le Chant du loup est l’un des seuls films français à aborder l’éventualité d’une guerre nucléaire. Le tout avec une bonne dose de réalisme. À sa sortie, en février 2019, il attirait plus de 1,8 million de spectateurs, séduits par son sens du suspense et sa précision. Le (re) voir à l’heure de la guerre en Ukraine – il est disponible sur Netflix depuis le mois de février – est une expérience saisissante qui donne l’impression d’assister à la collision inquiétante entre fiction et réalité.
Dans une autre vie, Antonin Baudry fut diplomate et même, plume de Dominique de Villepin quand il était ministre des Affaires étrangères. Nous lui avons demandé de nous raconter comment un cinéaste peut prédire l’avenir.
Mathieu Kassovitz dans « Le Chant du loup ».
Mathieu Kassovitz dans « Le Chant du loup ». Photo : Julien Panié - Pathé - Trésor Films - CHI-FOU-MI Productions
En tant que créateur, quel effet cela fait-il de voir son imaginaire rattrapé par la réalité ?
La première chose que j’ai ressentie quand j’ai appris l’invasion de l’Ukraine par la Russie, c’est de la tristesse. Mais bien sûr, la proximité avec ce que j’imaginais dans ce premier film de fiction est évidente. Je ne peux pas dire que j’ai été surpris. Quand j’ai écrit Le Chant du loup, mon intention était de raconter une histoire fictive dans un monde réel. J’avais essayé de me projeter dans des situations qui me paraissaient logiques, donc plausibles. Je savais, sans le souhaiter, que ce que je décrivais allait arriver, ou du moins pouvait arriver. À l’époque, donner à la Russie le rôle d’une puissance agressive à l’encontre d’un pays européen ne demandait déjà pas un énorme effort d’imagination. Ce que je ressens face à ce qui arrive depuis le 24 février doit se rapprocher de ce que Roland Barthes avait appelé « un effet de réel ».
“La Russie a non seulement des motifs de revanche mais aussi pas mal de matériel militaire qui traîne à gauche à droite.”
Le film explore le sujet sous-traité au cinéma du confit nucléaire et fait de la Russie un ennemi de l’Europe. Qu’est-ce qui vous a mené là ?
Je me mets toujours dans la tête de chacun des protagonistes de mes films. Si j’étais lui, qu’est-ce que je dirais, comment agirais-je ? Je me renseigne aussi beaucoup. Ayant été dans la diplomatie pendant presque quinze ans, je connais beaucoup de monde. Une fois que j’ai tous les éléments, je me fie à mon intuition personnelle de ce qui pourrait arriver. La Russie est une puissance nucléaire et un pays qui a été en partie défait : elle a non seulement des motifs de revanche mais aussi pas mal de matériel militaire qui traîne à gauche à droite. J’ai imaginé qu’il pourrait y avoir conjointement une crise diplomatique lourde avec la Russie qui brandirait la menace nucléaire et un détournement d’armement par d’autres intérêts. Ce scénario m’avait semblé réaliste. Du genre de ceux sur lesquels je travaillerais si j’étais aux affaires. J’adore l’histoire et les maths, j’ai étudié les deux. Quand vous réunissez ces disciplines, vous vous retrouvez à faire parfois des prédictions plutôt justes. Là par exemple, je serais assez surpris qu’il ne se passe pas bientôt quelque chose à Taïwan…
Jérôme Sessini, photographe de guerre en Ukraine : “C’est la première fois que j’ai en face une armée aussi puissante que l’armée russe”
Le Chant du loup aborde frontalement la doctrine de la dissuasion nucléaire au point de rentrer dans le détail des protocoles qui sécurisent le recours à l’arme atomique. Que dire de ces protocoles ?
Ils sont avant tout logiques. Quand les militaires que j’avais sollicités pour la préparation du film ont vu les scènes concernant le protocole d’authentification de l’ordre de tir présidentiel, ils se sont regardés avec l’air de se demander lequel m’avait divulgué des infos ultra confidentielles. Personne ! Mais une fois qu’on a compris le mécanisme de la dissuasion, il suffit de faire des déductions logiques.
Informer les citoyens sur ce pilier très secret de l’architecture mondiale de sécurité nucléaire était l’un de mes objectifs. Le système fonctionne de telle sorte qu’il est impossible qu’une puissance nucléaire inflige des dommages à une autre sans que celle-ci réplique. Cela implique d’avoir préalablement élaboré tous les scénarios possibles dans lesquels cette force nucléaire pourrait être neutralisée. Il y en a deux principaux : d’abord, la liquidation des installations nucléaires dans les airs ou au sol – c’est pour cela que la France a toujours quelque part en mer un sous-marin nucléaire capable de lancer un missile en riposte même si le territoire français était rasé.
Ensuite, il y a la question des failles humaines diverses et variées : par exemple un amiral soumis à un chantage sur sa famille – c’est pour cela que personne, pas même le président de la République, ne sait où se trouve le commandant du sous-marin nucléaire immergé. Une fois que l’ordre de tir est donné, il ne peut y avoir de contrordre : pour que la menace dissuasive soit totalement crédible, l’ordre ne doit pas être réversible. Mon ambition de cinéaste n’était pas de dire si c’est bien ou mal, mais de mettre en scène des hypothèses en faisant jouer à plein les mécanismes à l’œuvre dans la vie réelle.
“Parler avec la Russie est normal, souhaitable et nécessaire.”
Vous avez été diplomate. Quel regard portez-vous sur les échanges qui ont lieu entre les pays de l’Otan et la Russie, mais aussi sur la mise en scène médiatique des coups de fil entre le président Macron et Vladimir Poutine ?
Il n’y a que deux hypothèses : la diplomatie ou la guerre. Soit on est en guerre avec un pays, soit on lui parle, il n’y a pas d’entre-deux. Parler avec la Russie est normal, souhaitable et nécessaire, y compris si ce dialogue ne produit pas de résultats. Sur la mise en scène, je n’ai pas vraiment d’avis à donner si ce n’est que, quand une discussion est vraiment efficace, elle est presque toujours secrète. Quand les médias évoquent un coup de fil diplomatique c’est qu’en général il n’a rien donné. Tout simplement parce que le secret vous garantit la possibilité d’une marge de manœuvre. Dès lors que vous savez que vous devez faire un communiqué de presse à l’issue de la réunion, et que les commentaires publics vont pleuvoir, votre latitude est plus restreinte.
L’acteur François Civil dans le film « Le Chant du loup ».
L’acteur François Civil dans le film « Le Chant du loup ». Photo : Marie Genin - Pathé - Trésor Films - CHI-FOU-MI Productions
Évoquant les relations internationales à l’époque de la sortie du film, vous notiez qu’en cas de crise, « des engrenages fatals peuvent se déclencher très vite ». En sommes-nous là aujourd’hui ?
On en est là, je crois. Dans ce moment où tout peut déraper n’importe quand au moindre incident. C’est le choix de la Russie, qui a décidé très vite de briser le tabou nucléaire. Il va falloir faire très attention à ce qu’on fait.
Que la Russie brandisse aussi vite la menace nucléaire vous a-t-il étonné ?
Pas vraiment. La Russie est quand même un pays incroyable : elle a le PIB de l’Italie mais un impact international sans commune mesure. D’abord parce que sa puissance militaire est réelle mais aussi car c’est un État extrêmement agressif. La plupart des pays occidentaux sont dans des postures de veille ou de maintien de la paix alors que la Russie est sans cesse en train de créer des incidents. C’est une tactique et une vision du monde qui ne sont pas nouvelles. Et quand vous avez un emploi agressif des forces armées, vous êtes le premier à faire de la surenchère.
“Aujourd’hui il y a un agresseur et un agressé. De ce point de vue-là, la situation est claire.”
Dans le film, la complexité des tensions géopolitiques à l’œuvre excluait toute binarité, les méchants d’un côté, les bons de l’autre. Avec l’invasion de l’Ukraine par la Russie, les vieux antagonismes hérités de la guerre froide semblent de retour…
Aujourd’hui il y a un agresseur et un agressé. De ce point de vue-là, la situation est claire. La rhétorique russe de déni et de perversité est par ailleurs insupportable. Accuser les Ukrainiens d’avoir eux-mêmes bombardé leurs propres hôpitaux relève quand même d’un cynisme absolu. Cela dit, si Le Chant du loup faisait intervenir d’autres forces que les puissances des anciens blocs, ses personnages ne sont pas des décideurs. Ils reçoivent des ordres mais ne maîtrisent pas l’analyse géostratégique de la situation : nous, citoyens, c’est un peu comme cela que nous vivons la guerre aussi. On a des bribes d’informations, une vision parcellaire, mais on est bien obligé d’assumer les choix culturels, moraux et tactiques de notre pays.
François Civil, Reda Kateb et Omar Sy.
François Civil, Reda Kateb et Omar Sy. Photo : Julien Panié - Pathé - Trésor Films - CHI-FOU-MI Productions
Que pensez-vous de la manière dont le cinéma s’est emparé du sujet du nucléaire ?
S’il y a une chose qui m’énerve plus que tout, c’est la domination culturelle américaine. Et l’idée que si on fait un film qui parle du monde, il faut qu’il soit américain sinon il n’est pas crédible. On n’a pas à se faire confisquer les images du monde par Hollywood ! Ceci dit alors que j’ai vécu cinq ans aux États-Unis et que mes meilleurs amis sont américains. J’adore les films de sous-marins, mais si j’ai décidé de faire le mien, c’est que je considérais que certaines images manquaient. J’avais même interdit à mon équipe d’en regarder. On avait la chance de pouvoir travailler dans de vrais sous-marins et de rencontrer de vrais sous-mariniers, je voulais que cette réalité-là soit leur référence. Quitte ensuite à la travailler et à la sublimer.
Dans un article (1), le chercheur Benoît Pelopidas, fondateur du programme d’étude des savoirs nucléaires à Sciences po, analyse Le Chant du loup en expliquant que « les codes du héros-guerrier-protecteur » y rendent la guerre nucléaire « impossible ». Assumer dans une fiction qu’un tel conflit ne pourra pas être toujours évité est-il inenvisageable ?
Dans Le Chant du loup, je ne me suis rien interdit du tout. Je peux même vous dire que jusqu’au dernier jour de montage, j’avais trois fins possibles. L’une d’elles assumait le déclenchement d’une guerre nucléaire avec l’envoi du missile. Tout le film a été conçu sans que je sache moi-même comment il se terminerait. J’ai fait mon choix avec les images sous les yeux, peut-être parce que l’apocalypse m’émouvait moins que l’idée que la relation de confiance extrême entre deux individus puisse éviter une tragédie collective. Peut-être aussi par optimisme naturel. Mais il me semble quand même que je suis allé très loin en matière de suspense… Si j’ai une conviction derrière tout ça, c’est que, pour que le monde tienne debout, il faut des règles, des gens qui obéissent à ces règles, mais aussi qu’ils soient capables de les transgresser, à bon escient et au bon moment. Quand quelque chose qui est plus fort que le système est en jeu.
Qui plus est quand la santé psychique du donneur d’ordre est douteuse ; beaucoup d’observateurs évoquent la paranoïa aiguë de Poutine…
Exactement. Il faut espérer que son entourage se rebelle. La fine pointe de la conscience humaine est ce dont j’ai voulu parler dans le film. Si la guerre n’a pas lieu, c’est parce que des humains sont capables de se dire : « Toute ma vie j’ai été entraîné à appuyer sur ce bouton mais précisément, là, il ne faut pas que je le fasse. » Or, nous évoluons dans un contexte où l’automatisation et l’intelligence artificielle tendent à se substituer aux êtres humains. Si vous remplacez le dispositif humain de la dissuasion nucléaire par des algorithmes, le missile sera envoyé un jour ou l’autre. Paradoxalement, ceux qui peuvent sauver le monde et ceux qui peuvent le détruire sont les mêmes : les humains.
Antonin Baudry, nouvel ambassadeur du cinéma
À voir
q Le Chant du loup d’Antonin Baudry, disponible sur Netflix.
(1) « Imaginer la possibilité de la guerre nucléaire pour y faire face. Le rôle de la culture populaire visuelle de 1950 à nos jours », Cultures & Conflits, nos 123-124, 2021.
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cath44(à propos de Le Chant du loup)“ Un éprouvant chant des sirènes où s’immergent loyauté et héroïsme. Dans cet empire des sons, résonne encore le cri assourdissant du silence. ” — cath44 24 février 2019
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ludwigvon38
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