Lambros Worloo a de nombreux frères et soeurs mais son oncle, le célèbre concertiste Tasso Janopoulo, lui, n'a pas d'enfant. Il propose ' d'adopter' le jeune et bel Alexandrin. Lambros migre donc en France pour y étudier le commerce international. A Paris, on lui découvre une voix, imparfaite mais déjà claire, vive, souple, grimpant l'aigu le plus affolant sans forcer ni hurler.
Jacques Thibaud, le violoniste avec lequel Oncle Tasso fait équipe, lui présente la cantatrice Ninon Vallin, qui est immédiatement séduite, sans doute autant par l'Adonis que par sa voix. Elle accepte de lui donner des leçons. Lambros est studieux, concentré, méthodique, il évolue vite et ne changera jamais, même la gloire acquise, son sérieux contre l'insouciance.
C'est dans la musique de variétés qu'il fait ses débuts, comme soliste dans l'orchestre de Jo Bouillon. En 1937 il est remarqué par Henri Varna, directeur du Casino de Paris qui lui confie un rôle de boy dans la revue de la belle et capricieuse
Mistinguett.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, sans emploi dans le spectacle, il joue le maître d'hôtel dans un restaurant toulousain. Il y rencontre l'accordéoniste Fredo Gardoni qui l'engage comme chanteur et lui permet d'enregistrer son premier disque sous le nom de Georges Guétary, nom emprunté à la charmante bourgade côtière de Guéthary, au Pays basque. On croira longtemps que Lambros est aussi Basque que ses collègues
Luis Mariano, Francis Lopez et Rudy Hirigoyen mais il n'en est rien.
Sa rencontre avec le compositeur basque Francis Lopez, qui débute lui aussi dans la chanson, est décisive. De ce chirurgien dentiste recyclé mélodiste (pour vivre car, en effet, Lopez, quoique né à Montbéliard est fils d'émigrés sud-américains et les lois en vigueur sous Vichy interdisent aux étrangers et à leurs progénitures l'exercice des fonctions libérales), Guétary crée Caballero et Robin des Bois (1943),deux chansonnettes à fort succès qui vont placer le chanteur et le compositeur en pôle position pour la gloire. Lopez devra cependant attendre ' la Belle de Cadix' pour vraiment démarrer, Guétary, lui, a désormais le vent en poupe. À la Libération, A Honolulu (1945), toujours signé Francis Lopez, est sur toutes les lèvres. Georges Guétary tourne alors son premier film, Le Cavalier noir (1945) dont les chansons (de Francis Lopez) Cavalier, Avec l'amour, La plus belle, et surtout Chic à Chiquito, rallient tous les suffrages..
Georges Guétary part alors à la conquête du public américain. En 1950, il est consacré meilleur chanteur d'opérette à Broadway pour son interprétation dans Un Arms and the girl. De retour en France, il tient le premier rôle dans deux opérettes Lopeziennes, Pour Don Carlos (créée au Théâtre du Châtelet le 17 décembre 1950) et La Route fleurie (à l'ABC, création le 19 décembre 1952) où il a pour partenaires
Bourvil et
Annie Cordy. Cet ouvrage, tout particulièrement,donne son définitif laurier à Guétary que les Français et Françaises aiment à voir en 'bon copain chantant'. Il devient pour de bon et pour toujours un artiste ' populaire' dans le plus noble sens de ce terme.
C'est pour l'avoir vu et entendu sur scène que Gene Kelly, de passage à Paris pour les besoins du film en préparation ' Un Américain à Paris', décide de l'engager. Parmi ses films, on retient également
Les Aventures de Casanova de Jean Boyer, sorti en salle en 1946.
Il interprète par la suite une série d'opérettes de divers auteurs, avec un succès inégal : Pacifico (1958), La Polka des lampions (1962), Monsieur Carnaval (1965, sur une musique de
Charles Aznavour, on y entend le fameux air : je vous parle d'un temps...), Monsieur Pompadour (1971) et enfin Les Aventures de Tom Jones(1974), cette dernière n'obtenant aucun succès.
En 1981, Francis Lopez, qui voit se faner l'opérette et désespère de lui redonner jouvence, rappelle Georges Guétary pour une nouvelle opérette, Aventure à Monte-Carlo, qui obtient un succès honorable. Après ces retrouvailles, Georges enchaîne les derniers crus du Maître chai Lopez, mais qui n'ont plus l'éclat ni surtout la saveur des fastueuses années: L'Amour à Tahiti (1983), Carnaval aux Caraïbes (1985) et Le Roi du Pacifique (1986) ainsi que Hourra Papa de Jo Moutet (1984).
Georges aura deux enfants, Hélène et François.
Georges Guétary meurt d'une crise cardiaque le 13 septembre 1997, à Mougins (Alpes-Maritimes).