Ginette Leclerc est née à Montmartre où ses parents, Louis Menut et Suzanne Fauth, tiennent une joaillerie. Délurée et avide d'indépendance, elle se marie à dix-sept ans, le 20 octobre 1930, avec un danseur de seize ans son aîné, Lucien Leclerc, « pour ne pas travailler ». En effet, elle veut être danseuse, mais sa famille s'oppose à ce choix. Toutefois, le ménage avec son mari ne dure pas et ils finissent par divorcer le 3 juillet 1939. Plus tard, Ginette Leclerc partage pendant une dizaine d'années la vie du comédien Lucien Gallas.
Elle a des débuts assez difficiles, posant pour des cartes postales coquines, et faisant de la figuration pour le cinéma à partir de 1932, jusqu'au jour où elle est remarquée par Jacques Prévert.
C'est dans
Ciboulette en 1933 que Claude Autant-Lara lui confie un petit rôle, qui sera le véritable début de sa carrière, suivi bientôt par L'Hôtel du libre échange de Georges Feydeau en 1934, transposé au cinéma par Marc Allégret, elle y donne notamment la réplique à Fernandel, puis L'homme de nulle part en 1937 de Pierre Chenal, ainsi que Prisons sans barreaux où elle apparaît d'une grande perversité.
Elle devient célèbre en 1938 grâce au film La Femme du boulanger de Marcel Pagnol, aux côtés de Raimu et de la chatte Pomponette. Son meilleur rôle et le plus célèbre sera dans
Le Corbeau de
Clouzot où elle joue une femme sensuelle et boîteuse, amoureuse d'un médecin, sans oublier sa composition dans Le Val d'enfer de Maurice Tourneur.
Sous l'occupation, Ginette Leclerc est la partenaire de Tino Rossi, Jean Tissier, Georges Marchal et bien d'autres grands acteurs de l'époque, mais elle tient aussi un cabaret avec son ami de l'époque, guère recommandable, et accueille pronazis et occupants.
Emprisonnée presqu'une année à la Libération pour avoir aussi travaillé à Berlin pour la firme allemande Continental, elle ne retrouve plus de grands rôles, sauf en 1948, dans la Maudite, co-production franco-belge réalisée par Norbert Benoit, scénario de Norbert Benoit et Marcel Roy, et en1949, dans Un homme marche dans la ville de Marcello Pagliero, en 1951, dans le Plaisir, de Max Ophüls et en 1955 dans le film
Gas-oil de Gilles Grangier, où elle interprète Mme Scoppo.
Son dernier rôle sur le grand écran remonte à 1977 dans La Barricade du point du jour de René Richon. Elle a alors soixante-cinq ans.
Cela ne l'empêche pas de participer aussi à plusieurs séries policières de la télévision, entre autres Maigret ou Les Cinq Dernières Minutes, passant, bien souvent avec l'âge, de rôles de prostituée à ceux de « mère maquerelle ».
Elle aura tourné en tout près de cent films.
On la vit aussi au théâtre, notamment dans des pièces de Marcel Achard et pour Jean-Paul Sartre.
Avec ses yeux de braise, son sourire charnel et sa voix canaille, Ginette Leclerc fut, pendant des années, la représentation de la femme fatale et de la vamp des bas-fonds.
En 1984, deux chutes dans son appartement de la rue de Belloy dans le 16e arrondissement de Paris, l'obligèrent à une longue rééducation. Elle meurt le 2 janvier 1992, des suites d'un cancer. Elle est inhumée au cimetière parisien de Pantin dans la 14e division.
Ginette Leclerc dira d'elle : « Je suis l'actrice qui a fait le plus longtemps le trottoir et qui a été le plus souvent assassinée ». En 1963, elle a écrit un livre de souvenirs, intitulé simplement Ma vie privée.