À l'âge de treize ans et après quelques petits emplois, dont celui de mannequin, Paulette Goddard débute comme Ziegfeld girl chez Florenz Ziegfeld dans plusieurs de ses célèbres revues. Elle adopte alors le prénom Paulette et le nom de jeune fille de sa mère Goddard. Mariée en 1927, à l'âge de seize ans à Edgar James, un riche industriel, elle divorce dès 1930. Par la suite, elle se dirige vers Hollywood et décroche des petits rôles souvent non créditée chez
Hal Roach avec Laurel et Hardy, à la Paramount Pictures et la
Samuel Goldwyn Company où elle joue les Goldwyn girls aux côtés de
Betty Grable,
Lucille Ball et
Jane Wyman dans Le Roi de l'arène, Roman scandals ou Kids millions
C'est la rencontre avec Charlie Chaplin qui va la propulser star. Rencontrée en 1932, Paulette Goddard va inspirer à Charlie Chaplin le rôle de la gamine dans
Les Temps modernes. Pour le film, elle prend des cours de chant, de danse et répète inlassablement des scènes du film jusqu'à l'épuisement. À sa sortie, Les Temps modernes est assez mal accueilli par la critique et c'est de ce film que date l'hostilité persistante dont Charlie Chaplin ne cessa plus de faire l'objet en Amérique.
Épuisés par le tournage, le couple embarque en février 1936 pour une croisière en Extrême-Orient et c'est au cours de ce voyage qu'ils se marient, une union qui restera secrète et donnera lieu plus tard à une polémique pendant les préparatifs du casting du film le plus célèbre du cinéma.
En 1938, le producteur
David O. Selznick recherche sa Scarlett pour
Autant en Emporte le Vent et toutes les actrices se mettent sur les rangs pour remporter le rôle. Paulette Goddard est l'une des actrices pressenties. Elle passe un bout d'essai et tourne deux scènes sous la direction de
George Cukor. Selznick est séduit et l'envoie à La Nouvelle-Orléans pour travailler son accent du Sud. Le producteur s'est presque décidé à la choisir pour le rôle de Scarlett quand la rumeur se répand que Paulette Goddard et Charlie Chaplin ne sont pas mariés et sans preuves irréfutables de leur acte de mariage le rôle tant convoité va lui échapper.
Mais elle saura rebondir,
George Cukor lui propose un rôle dans son prochain film Femmes où elle interprète avec énergie le rôle de Miriam. Remarquée à nouveau par la Paramount Pictures, la compagnie va lui faire signer un contrat et Paulette Godard va devenir une des plus grandes stars de la firme pendant dix ans.
Tout de suite, elle rencontre un triomphe avec Le Mystère de la maison Norman, une comédie débridée remake d'un classique du film d'horreur avec un
Bob Hope qui inaugure toute une série de films à succès à la Paramount.
L'année 1940 sera prolifique, elle retrouve
Bob Hope pour Le Mystère du château maudit, même ingrédients que pour le précédent et même résultats au box-office. De nouveau Charlie Chaplin fait appel à elle pour jouer le rôle d'une jeune fille juive Hannah dans
Le Dictateur, brillante satire antihitlérienne. Néanmoins, le couple divorcera en 1942.
Elle tourne également une comédie musicale
Swing Romance avec
Fred Astaire qui vient de se séparer de sa partenaire de prédilection
Ginger Rogers. Autre succès, la même année, avec un film de Cecil B. DeMille, qui rapporte à la Paramount les plus grosses recettes de l'année, Les Tuniques écarlates. Elle retrouvera par deux fois De Mille dans des superproductions à recettes garanties,
Les Naufrageurs des mers du sud en 1942 avec à la clé, tempêtes, naufrages, trésor, calamar géant, combat sous-marin, le tout sublimé par le Technicolor puis Les Conquérants d'un nouveau monde en 1947, épopée à gros budget (à peu près 5 millions de dollars) dédiée aux premiers colons américains. Aux côtés de
Gary Cooper, elle affrontera la déportation coloniale, les indiens, les feux, les explosions et un Cecil B. De Mille décidé à lui faire subir les pires tourments.
En 1944, elle reçoit une nomination à l'oscar de la meilleure actrice dans un second rôle pour Les Anges de miséricorde, film consacré aux infirmières de la Seconde Guerre mondiale. Elle contribuera également à l'effort de guerre en participant aux tournées pour le moral des troupes et aux films de divertissement avec une pléiade de stars dans leur propre rôle comme
Au pays du rythme ou Duffy's Tavern.
Parmi ses meilleurs films on peut encore citer Par la porte d'or brillant mélodrame avec
Charles Boyer et
Olivia de Havilland, La Duchesse des bas-fonds un film d'époque et Le Journal d'une femme de chambre. Paulette Goddard produit ce dernier film avec son troisième mari, l'acteur
Burgess Meredith rencontré sur le tournage de
Swing Romance, ils se marieront en 1944. Grâce à eux, le réalisateur
Jean Renoir jouit pour ce tournage d'une entière liberté. Avec cette extraordinaire tragi-comédie, adaptée très librement du roman d'
Octave Mirbeau, Jean Renoir se démarque de ses films précédents, plus lyriques, et marque le début d'une période plus stylisée et laconique.
Mais à la fin des années quarante, la carrière de Paulette Goddard décline et elle ne tournera plus qu'une dizaine de films. Elle fera néanmoins de nombreuses apparitions à la télévision. Divorcée de Burgess Meredith en 1950, elle se marie une quatrième et dernière fois en 1958 avec l'écrivain Erich Maria Remarque et s'installe en Europe (Suisse, Tessin, Porto Ronco) en 1969, dans la résidence Casa Monte Tabor jusqu'à la mort de ce dernier époux en 1970. Elle meurt d'une crise cardiaque en 1990.
En 1995, grâce à un don de 20 millions de dollars de Paulette Goddard, est créé au sein de la New York University, le Remarque Institute, centre de recherche sur l'histoire contemporaine de l'Europe et les rapports Europe-Amérique. L'historien Tony Judt en a assuré la mise en place et la direction jusqu'à sa mort, en 2010.