Peter Jackson, tout juste âgé de huit ans, trouve sa vocation : avec la caméra Super 8 de ses parents, il fait ses premières armes en réalisation. Il montre déjà un attrait pour les effets spéciaux puisqu'il crée, avec peu de moyens, des trucages inspirés par ceux de Ray Harryhausen. À l'âge de neuf ans, la vision de
King Kong le marque à jamais et il se sent dès lors une âme de réalisateur. À treize ans, il tourne dans le jardin familial un mini-remake de son film culte avec une figurine de King Kong, une maquette de l'Empire State Building et des petits jouets, reconstituant fidèlement la célèbre scène finale dans laquelle le gorille monstrueux livre bataille à une escadrille d'avions.
Après avoir réalisé quelques courts métrages, il obtient les subsides suffisants pour mettre en chantier son premier long métrage, Bad Taste, sorti en 1987. Il s'agit d'un film d'horreur aux accents burlesques qui raconte la venue sur Terre d'une bande d'extraterrestres anthropophages. Ce film, tourné avec ses amis durant les weekends sur une période de quatre années, deviendra culte. C'est aussi à cette époque qu'il rencontre Frances Walsh, sa future épouse et mère de ses enfants, et aussi une importante collaboratrice.
Il poursuit sur sa lancée et tourne en 1989 Meet the Feebles, une parodie érotique et « trash » qui se veut une relecture iconoclaste du Muppet Show. Le film est tourné en douze semaines dans un hangar où les gentilles marionnettes deviennent paradoxalement d'horribles individus s'adonnant à la drogue, à la corruption et au meurtre.
En 1992, Peter Jackson réalise Braindead, un film gore à l'humour décapant qui le révèle au grand public. Il s'agit d'un film de zombis aux activités sanglantes et outrancières, peuplé de morts-vivants stupides et animé de scènes de tueries qui vont devenir cultes pour les amateurs du genre. Ce film remporte le Grand Prix du Festival d'Avoriaz. Cependant, pour beaucoup la réputation de Jackson semble faite et les critiques le considèrent comme un jeune réalisateur peu sérieux, capable de s'acquitter exclusivement de films d'horreur aux scènes extrêmes et à l'humour déjanté.
En 1993, il s'associe à Richard Taylor -- fondateur de Weta Workshop, studio d'effets spéciaux spécialisé en prothèses et maquillages (qui avait déjà travaillé sur Meet the Feebles) -- pour fonder une nouvelle division, Weta Digital, dédiée quant à elle aux effets spéciaux numériques.
En 1994, il surprend en réalisant Créatures célestes (Heavenly Creatures), un drame poétique, déchirant et onirique, inspiré d'une affaire criminelle vraie qui en son temps passionna la Nouvelle-Zélande. C'est l'histoire d'un parricide commis par deux jeunes filles dont l'une deviendra la romancière Anne Perry. Ce film obtient un Lion d'Argent au Festival de Venise, récolte une moisson de prix dans divers festivals et se retrouve en nomination pour l'Oscar du meilleur scénario. Il révèle également l'actrice Kate Winslet (l'héroïne du film
Titanic). Heavenly Creatures propulse Peter Jackson au rang des cinéastes respectés et prouve qu'il peut raconter des histoires plus sérieuses que celles d'un mystérieux rat, ou des dérives sexuelles de marionnettes...
En 1995, il coréalise Forgotten Silver, véritable coup de maître. Ce faux documentaire, dans l'esprit de ceux d'Orson Welles, porte sur un cinéaste néo-zélandais, Collin McKenzie, qui aurait inventé la majorité des techniques du cinéma moderne -- film parlant, film en couleur, etc. -- affirmations cautionnées par de nombreux témoignages. Le public y croit et se laisse berner même si McKenzie n'a jamais existé. La supercherie est officiellement révélée quelques jours plus tard et le film assure à Peter Jackson une place définitive dans le coeur des Néo-zélandais.
Hollywood le courtise, et il signe chez Universal pour la réalisation de Fantômes contre fantômes (The Frighteners), une comédie mettant en vedette Michael J. Fox (Retour vers le futur) dans le rôle d'un chasseur de fantômes. Étant toutefois réticent à tourner à Hollywood, le réalisateur propose à Universal de délocaliser la production en Nouvelle-Zélande, siège de ses studios et de sa société d'effets spéciaux (et de paysages quasi-vierges au plan cinématographique), où il a l'habitude de travailler. Ces conditions sont acceptées, car Jackson fait par ailleurs la preuve que les coûts de production en seront diminués.
En cours de tournage, il reçoit plusieurs propositions des studios hollywoodiens pour d'autres projets, dont un remake de La Planète des singes, une adaptation du Seigneur des anneaux et un autre remake, celui de
King Kong. Alors que la réalisation de La Planète des singes est finalement dévolue à Tim Burton, Peter Jackson prend une option sur le Seigneur des anneaux, et choisit de se consacrer à King Kong, son amour de jeunesse. Cependant, l'échec commercial de Fantômes contre fantômes, puis la sortie imminente de deux films concurrents --
Godzilla de Roland Emmerich et Mon ami Joe -- incitent Universal à reporter le projet. Jackson s'attaque donc à l'ambitieuse adaptation cinématographique de la saga de J. R. R. Tolkien, à laquelle il consacrera plus de sept ans de sa vie.
Le 30 décembre 2009, Peter Jackson a été fait Chevalier de l'Ordre du Mérite de Nouvelle-Zélande, le premier titre de noblesse britannique. Ce prix lui a été attribué pour ses «services rendus au cinéma».