Al Gore est né le 31 mars 1948 à Washington. Son père, Albert Arnold Gore Sr., fut sénateur du Tennessee de 1952 à 1970. Il étudie au prestigieux collège St. Albans avant d'intégrer Harvard, dont il sort diplômé en juin 1969 avec un Bachelor of Art (équivalent d'une licence). Bien qu'opposé à la guerre du Viêt Nam, il s'engage dans l'armée le 7 août de la même année pour y participer. Il est envoyé au Viêt Nam en 1971, après avoir subi un entraînement de journaliste militaire. Après son retour, il devient reporter au Tennessean et suit parallèlement des études de droit.
Il commence sa carrière politique en 1976, en étant candidat à la Chambre des représentants, dans la quatrième circonscription du Tennessee. Il bat le sortant Stanley Rogers aux primaires démocrates et est élu sans opposant pour son premier poste au Congrès. Il est réélu sans discontinuité en 1978, 1980 et 1982 avec de très confortables avances. En 1984, il brigue le poste de Sénateur laissé libre par le retrait du chef de la majorité au Sénat, le républicain Howard Baker, et bat très largement son adversaire Victor Ashe.
À la Chambre des Représentants comme au Sénat, Al Gore se fait remarquer par ses connaissances très pointues dans les domaines de la défense, des nouvelles technologies et de l'environnement. Démocrate élu dans un État du Sud, il est alors relativement conservateur sur les questions de société, en se prononçant par exemple contre le droit à l'avortement.
En 1988, il se présente aux primaires démocrates. Malgré une belle performance lors des primaires se tenant dans le Sud, il est finalement battu par Michael Dukakis, qui fut lui-même défait à l'élection présidentielle par le Vice-Président sortant George H. W. Bush. En 1989, le très grave accident d'automobile dont est victime son fils de six ans, Albert III, l'incite à prendre du recul par rapport à la politique. Ainsi, il refuse de se présenter aux primaires démocrates de 1992. Mais il est choisi comme colistier par le candidat démocrate Bill Clinton le 9 juillet 1992 pour l'élection présidentielle se tenant la même année. Il est élu le 3 novembre 45e Vice-Président des États-Unis, et est réélu en novembre 1996.
À la vice-présidence, il est considéré par les historiens comme l'un des vice-présidents les plus influents et les plus actifs de l'Histoire américaine. Une des principales réformes dues à Al Gore est celle de la réforme de l'État (National Performance Review), laquelle a conduit à la simplification et à la réduction des codes administratifs, ainsi qu'à la lutte contre les fraudes au sein de l'administration fédérale.
Al Gore contribue aussi nettement à l'adoption par la Chambre des représentants de l'accord de libre-échange sur l'Alena. Lors d'un débat télévisé contre Ross Perot en 1993, il convainc l'opinion du bien fondé de l'accord, et pousse les représentants à approuver la loi par 234 voix contre 200.
Al Gore a aussi nettement permis le développement d'Internet, par le biais de programmes dans les écoles et les bibliothèques. Déjà, au Sénat, il avait permis la création d'un centre de recherche sur les nouvelles technologies de l'information et de la communication (NTIC).
En 1997, il est chargé par le président Bill Clinton de suivre l'avancement des projets Y2K (passage informatique à l'an 2000) aux États-Unis.
Intéressé par l'environnement et sa protection, il prend diverses mesures contre le réchauffement climatique, la déforestation et la réduction des émissions de gaz à effet de serre impactant la couche d'ozone, et, lors de la signature du Traité de Kyoto, il se prononce pour la signature du traité par les États-Unis.
En 1999, Al Gore se présente à l'élection présidentielle. Après avoir facilement battu son principal adversaire démocrate
Bill Bradley (ancienne star du basket-ball et Sénateur du New-Jersey) lors des primaires, il est distancé dans les sondages par son opposant républicain
George W. Bush, alors que tous lui prédisaient une victoire facile. Le choix comme colistier de Joseph Lieberman lors de la Convention Démocrate de Los Angeles et une campagne orientée plus à gauche le remettent dans la course.
Le 7 novembre 2000, Al Gore obtient 550 000 voix de plus que son adversaire au niveau national, mais le système des Grands Électeurs rend la Floride indispensable à la victoire d'un des deux candidats. Bush, dont le frère Jeb est gouverneur de l'État, y obtient 2 700 voix d'avance sur Gore. Après plus d'un mois de décomptes incertains, la Cour suprême des États-Unis ordonne l'arrêt des vérifications, décidant de fait de l'élection de George W. Bush à la présidence, celui-ci obtenant officiellement 537 bulletins de plus que son adversaire, sur un total de 6 millions. En 2001 et 2002, deux nouveaux recomptes financés par les grands journaux américains démontrent que les résultats diffèrent selon les méthodes de recompte employées permettant à Bush soit de l'emporter avec une marge allant jusqu'à 3 000 voix d'avance soit de perdre par 3 voix contre Al Gore.
Après avoir soutenu
George W. Bush après les attentats du 11 septembre 2001, Al Gore prend très vite ses distances avec l'administration républicaine. Ainsi, en novembre 2002, il déclare son opposition à la guerre en Irak, alors que tous les leaders démocrates soutiennent ce projet ou gardent le silence. De même, il s'oppose à la politique économique du Président Bush, et dénonce les privations de libertés contenues dans le USA PATRIOT Act.
En décembre 2002, il annonce qu'il ne sera pas candidat contre
George W. Bush le 2 novembre 2004, malgré les sondages le plaçant en bonne position pour les primaires démocrates. Mais il mène toutefois campagne pour Howard Dean lors des primaires, puis pour John Kerry, le candidat démocrate.
Al Gore est aujourd'hui le président et un des co-fondateurs de la chaîne télévisée américaine Current TV, lancée le 1er août 2005 et destinée à un public jeune et internaute. Il appartient au comité de direction d'Apple, et sert comme conseiller officieux au moteur de recherche sur Internet Google.
Toujours préoccupé par les questions écologiques, il est l'acteur et l'orateur du documentaire réalisé par David Guggenheim, An Inconvenient Truth (Une vérité qui dérange). Présenté au Festival du film de Sundance et au Festival de Cannes de 2006, ce film montre les effets dramatiques du réchauffement climatique sur la planète. Il rencontre un grand succès public aux États-Unis pendant l'été 2006.
Ce film est sorti dans les salles françaises le 11 octobre 2006, jour qu'a choisi Al Gore pour venir le présenter à Paris. Le 25 février 2007, le film est récompensé par deux Oscars : Oscar du meilleur film documentaire et Oscar de la meilleure chanson originale. Dans un jugement enoctobre 2007, un juge anglais reconnaît que ce film représente le consensus scientifique sur le sujet, tel que décrit dans les rapports du GIEC, même s'il indique neuf 'erreurs' contenues dans le film.
Son activité en faveur de la lutte contre le réchauffement climatique lui vaut le Prix Nobel de la paix en 2007. Il va verser "100%" du montant de son prix à sa fondation, l'ACP (Alliance for Climate Protection). Il a par ailleurs estimé qu'il fallait mettre les mécanismes de l'économie de marché au service des questions environnementales.