Fils d'un pharmacien et cadet de quatre enfants, il est élevé dans la misère et doit très tôt vivre du produit de ses vols et rapines. En 1944, il est mobilisé dans l'armée allemande en pleine déroute. Blessé au cours des derniers combats, il est fait prisonnier. Devant ses compagnons de captivité, il monte pour la première fois sur les planches sans que ce soit pour autant une véritable vocation.
C'est vers le théâtre qu'il se dirige au lendemain de sa libération, survenue en 1946. Après quelques petits rôles sans importance, il se révèle, sous le nom de Klaus Kinski, dans deux pièces de
Jean Cocteau : La Machine à écrire, puis La Voix humaine (1947), un long monologue dans lequel il incarne le rôle d'une femme désespérée, et dont la représentation fait scandale...
Il débute au cinéma en 1948, quitte l'Allemagne pour vagabonder en France, refait du théâtre en 1951, puis du cinéma à partir de 1955. Polyglotte, il tourne dans plusieurs pays, notamment l'Italie, joue un rôle épisodique dans Docteur Jivago de
David Lean, puis sort de l'ombre avec les films de
Werner Herzog.
Le Grand Silence, western italien de Corbucci sorti en 1968, est le premier film qui attire sur lui l'attention en France. Suivront entre autres Justine de Sade (1968), L'important c'est d'aimer (1974), Mort d'un pourri (1979), hantant littéralement ses films de sa présence. Il invente, par exemple, une façon particulière d'entrer dans le champ de la caméra en tournant de manière à être de profil puis de face sans sembler bouger et sans que la caméra ne fasse aucun mouvement : c'est la vis Kinski.
Klaus Kinski a laissé un nombre impressionnant de films à son actif : des policiers aux "westerns spaghetti" en passant par des dizaines de série B et les films de
Werner Herzog : Aguirre, la colère de Dieu (1972) où son jeu hallucinant incite le metteur en scène à parler de génie, suivis de
Woyzeck, puis Nosferatu, fantôme de la nuit, et
Fitzcarraldo, dans lesquels il révèle un talent tout aussi fantastique.
Acteur charismatique, il est réputé pour ses coups de tête et ses colères ravageuses. Les relations difficiles qu'elles entraînent avec les réalisateurs font l'objet du film documentaire de
Werner Herzog, dont il était l'acteur fétiche :
Ennemis intimes (Mein Liebster Feind, 1999, parfois traduit par Mon Ennemi intime).
En 1975, Kinski publie son autobiographie, laquelle est traduite en français en 1976 sous le titre Crever pour vivre. Dans son livre, il dit tout : son enfance misérable, ses aventures crapuleuses, ses passions, ses haines, ses folies, son goût de la démesure.
Sa fille
Nastassja Kinski s'est révélée aussi une remarquable actrice, notamment dans Cosi Come Sei (en français La Fille, de
Alberto Lattuada, 1978) et
Tess (de
Roman Polanski, 1979).
Kinski meurt d'une crise cardiaque à Lagunitas en Califormie à l'âge de 65 ans. Ses cendres sont dispersées dans l'océan Pacifique.
Le groupe espagnol de shoegaze/pop/indie Klaus & Kinski porte son nom.