Quatrième enfant de Luigi Benigni (1918-2004) et Isolina Papini (1918-2004), Roberto Benigni est né dans une famille toscane modeste. Fils unique après trois soeurs avec un caractère enjoué et expansif, il déménage avec toute sa famille à Vergaio où vit toute sa famille d'origine. Inscrit dans un séminaire qu'il abandonne après les inondations de Florence du 4 novembre 1966, il suit ses études à l'institut technico-commercial Datini di Prato. Mais sa plus grande passion reste le spectacle.
Après s'être fait connaître en Italie comme chanteur et musicien, grâce à une chanson paillarde qu'il interpréta dans la sulfureuse émission Televacca, il monta sur scène pour la première fois en 1972, et à peine vingt jours après, il est au théâtre Metastasio di Prato avec le spectacle Le roi nu de Eugenij Schwarz, dirigé par Paolo Magelli. Il fait la connaissance à Florence de Donato Sannini et de Carlo Monni, qui l'engagent pour interpréter une forme de spectacles de rue. En automne 1972, il part pour Rome et se consacre pendant trois ans au théâtre expérimental en collaborant principalement avec Lucia Poli dans la compagnie Beat'72 au théâtre des satires, et en participant à divers spectacles.
En 1975, il fait la rencontre, fondamentale pour sa carrière, de
Giuseppe Bertolucci qui lui écrit un monologue Cioni Mario di Gaspare fu Giulia : il obtient un grand succès, d'abord au théâtre Alberico de Rome puis sur toutes les scènes italiennes. Ce personnage d'un paysan toscan, en grande partie autobiographique, renferme déjà l'ambivalence qui caractérisera par la suite ses interprétations : d'un côté une irrésistible exubérance gestuelle et surtout verbale, de l'autre une candeur ingénue presque infantile qui laisse souvent transparaître une veine de surréaliste et de poésie mélancolique.
L'image du premier Benigni se forme donc sur un personnage peu commode et rebelle, craint d'un côté mais aimé de l'autre, imprévisible et capable en permanence de surprendre et même parfois de choquer. Apparu à une manifestation du Parti communiste italien, il prit dans ses bras le secrétaire général Enrico Berlinguer, geste surprenant à une époque où les hommes politiques italiens étaient réputés pour leur sérieux et leur formalisme. Il poursuit son activité cinématographique par des rôles de second plan, sauf dans le rôle d'un maître d'école bizarre dans le film Chiedo asilo de Marco Ferreri, et en 1978, il participe au programme télévisé de Renzo Arbore L'altra domenica, dans les vêtements d'un critique cinématographique lunaire et improbable.
Il collaborera une nouvelle fois avec Bertolucci en 1986 avec une anthologie de spectacles comiques tenus dans les rues et les théâtres de toute l'Italie, Tuttobenigni. C'est par l'intermédiaire de Bertolucci que Benigni entre en contact avec le metteur en scène
Vincenzo Cerami avec lequel il poursuivra sa carrière.
Benigni s'illustre dans plusieurs films comiques, comme
Night on Earth de
Jim Jarmusch (1991) dans lequel son personnage chauffeur de taxi confesse à un client, prêtre catholique, ses expériences sexuelles. En 1983, il commence sa carrière de réalisateur cinématographique avec Tu mi turbi film en quatre épisodes. Le film fut apprécié par le public et les critiques. C'est sur ce film qu'il rencontre
Nicoletta Braschi qui deviendra sa femme le 26 décembre 1991. À partir de ce moment, elle sera présente dans quasiment tous les films de son mari. Puis il obtient un succès avec Non ci resta che piangere en 1984 où on retrouve beaucoup de gags.
En 1997, il rejoint la consécration internationale avec
La Vie est belle, qui raconte la tragédie de l'Holocauste. Ce film raconte l'histoire d'une famille juive italienne séparée par les nazis. Une fois dans le camp de concentration, le personnage de Benigni parvient à sauver son fils en lui faisant croire qu'ils jouent à un jeu, et pour gagner, le fils doit en respecter toutes les règles. Benigni, fils d'un ex-déporté défendra son choix pour ce thème si délicat mais avec une approche différente : le tragi-comique ne fait rien d'autre qu'accentuer l'intensité dramatique et l'émotion de certaines scènes. On peut toutefois reprocher à ce film une vision assez peu réaliste des camps d'extermination.
Le film est nommé sept fois aux Oscars 1998 et remporte trois oscars : celui de la meilleure bande son pour
Nicola Piovani, celui du meilleur film étranger et celui du meilleur acteur principal. Benigni est le premier non anglo-saxon à gagner dans cette catégorie, et il est le second acteur, après
Laurence Olivier pour
Hamlet en 1948, à avoir gagné un tel prix en étant réalisateur de celui-ci.
Le moment où Benigni a reçu son prix est resté mémorable, de par l'explosion de sa joie, qui, à l'annonce de son nom sauta sur les sièges avant de monter sur scène. Ce gag improvisé ainsi que son discours de remerciement en anglais le rendirent particulièrement sympathique aux yeux des américains. En plus des Oscars, le film s'attira des éloges : cinq rubans d'argent, neuf David de Donatello et le prestigieux Grand Prix du Jury du Festival de Cannes où le déchaîné Benigni se prosterna aux pieds du président de la cérémonie
Martin Scorsese. Tout de suite après ce succès colossal, on le retrouva dans Astérix et Obélix contre César de
Claude Zidi, dans le rôle de Détritus le conseiller de César, au côté de
Gérard Depardieu et Laeticia Casta entre autres.
En 2001, il commença la réalisation de Pinocchio sortit l'année suivante. Il s'agit du film le plus coûteux de toute l'histoire du cinéma italien.
En 2004, il produit, écrit et dirige son huitième film Le Tigre et la neige sorti en 2005. Il s'agit ici encore de thèmes que l'on retrouve dans La Vie est belle (un homme quelconque, jovial qui tombe amoureux d'une femme), mais cette fois-ci, l'histoire se passe pendant la guerre d'Irak après la chute du régime de
Saddam Hussein. Ce film est une fois de plus un hymne à la vie et à la joie de vivre.
Il a obtenu en 2008 un César d'honneur remis par
Fanny Ardant pour l'ensemble de sa carrière.
TuttoDante est un « one man show » basé sur la Divine Comédie de Dante Alighieri met en scène Roberto Benigni pendant environ une heure et demi avec un mélange d'instants d'actualité et de souvenirs de racontés de manière ironique, pour ensuite entreprendre un voyage plein de poésie et de passion dans le monde de la Divine Comédie.
Le spectacle a débuté en juin 2006 dans le splendide théâtre Romain de Patrasso en Grèce où, devant un public extasié, Benigni a déclamé et expliqué le chant d'Ulysse, le XXVI Chant de l'enfer.
En Juillet 2006, le spectacle a fait une halte pour 13 soirs sur la magnifique Piazza de Santa Croce à Florence où, à côté de la statue de Dante et face à la basilique, a été montée la scène sur laquelle chaque soir Benigni récitait un chant différent. Après la parenthèse florentine, le spectacle TuttoDante est devenu itinérant et a été représenté sur les places et dans les stades italiens pour un total de 130 spectacles avec un afflux de public estimé autour du million de spectateurs, dont 120.000 à Rome. A ceux-ci ils doivent être ajoutés plus de 10 millions de téléspectateurs qui ont vu le spectacle télévisé « le V° de l'Enfer » diffusé sur la RAI le 29 novembre 2007, avec des rediffusions sur RAI International les jours suivants.
TuttoDante est un fascinant voyage qui passe de l'actualité à la Divine Comédie, d'instants purement comiques à des instants de grande poésie. L'affection, la sympathie et l'enthousiasme du public vis-à-vis de ce spectacle a fait dire à Benigni : « Cela a été un travail merveilleux, cette expérience la garderai comme un des souvenirs plus doux, populaires et émouvants de ma vie ».
Le spectacle TuttoDante s'apprête maintenant à dépasser les frontières nationales pour entreprendre un voyage qui portera Roberto Benigni et Dante en tournée en Europe, aux États-Unis, au Canada et en Amérique du Sud.