Il obtient un premier prix de Conservatoire et jouera de tout, des dramatiques, des comédies de boulevard, comme des opérettes et s'installe d'emblée comme le tonitruant au phrasé déphasé du cinéma français.
Il aborda le cinéma muet dès 1911 avec Albert Capellani à qui l'on doit dès 1909 le premier long métrage français : L'Assommoir. En 1929, il passe au parlant avec La route est belle de Robert Florey.
Connu pour sa forte personnalité, il fut un des plus singuliers seconds rôles du cinéma français d'avant-guerre et d'après-guerre, dans la lignée de Jean Tissier et Julien Carette. Il occupe l'écran d'une manière tellement prodigieuse qu'il fait oublier les navets, pourtant nombreux, auxquels il participe. On se souviendra en particulier de sa formidable voix saccadée, et de sa diction parfaite.
Sa réplique la plus célèbre, il l'adresse à
Bernard Blier , son neveu dans le film
Marie-Martine d'Albert Valentin : « Tiens ta bougie droite ! », lui dit-il régulièrement. On raconte qu'à la troisième reprise de la repartie, c'est le public qui répondait.
Il a joué dans 79 films parlants au moins, sous la direction de 57 réalisateurs différents, pour la plupart prestigieux.
En 1948, il signe, de l'anagramme Ninrutas Erbaf, des mémoires parfaitement farfelues, sous le titre Douche écossaise.
Il était également très bon clarinettiste, et l'auteur de plusieurs chansons et saynètes qu'il interpréta sur scène au début de sa carrière.
Roland Granier lui consacre en janvier 2006, une biographie enfin exhaustive, préfacée par Danièle Delorme.
Pour la comédienne Danièle Delorme, « Saturnin Fabre était un comédien halluciné ». Toujours selon elle, interviewée par Alexandre Moix, journaliste au Nouvel Observateur, « C'était un acteur baroque, certes, il y avait un grain de folie en lui. Mais il était furieusement intelligent, d'une grande lucidité... Il incarnait l'excès. »
Saturnin Fabre s'éteint en 1961 dans sa propriété de Montgeron, terrassé par un oedème pulmonaire. Il est inhumé au cimetière de Carrières-sous-Poissy dans les Yvelines. Il ne se sera jamais consolé de la mort de sa femme, Suzanne Benoist, survenue en 1957.
Le Festival de Cannes lui rendra un hommage tardif, et posthume, en 1962.