Interrogé à Cannes au sujet du référendum sur le Brexit, Ken Loach avait donné une réponse de Normand. Il affirmait que l'Union Européenne restait « un projet néolibéral qui [poussait] aux privatisations, à la dérèglementation », tout en admettant qu'en cas de sortie de l'Union, le gouvernement britannique allait « déréglementer davantage, diminuer la protection sociale encore plus vite ». On devinait tout de même qu'entre deux maux, Loach choisissait le moindre et disait « non » au Brexit, mais il parlait davantage en tant que citoyen que cinéaste. Les représentants de l'audiovisuel britannique, eux, étaient nettement moins réservés, notamment le président de l'Independent Film & Television Alliance qui parlait d'un effet « dévastateur » du Brexit. D'après un sondage, les membres de la Creative Industries Federation, organisation indépendante regroupant d'importants acteurs culturels, étaient à 96 % pour le maintien dans l'UE. Les raisons ? Essentiellement financières. Ces 10 dernières années, les productions britanniques ont reçu 100 millions de livres sterling du programme européen MEDIA, accordés à 227 entreprises, notamment pour aider à la distribution dans les cinémas européens de 84 films produits au Royaume-Uni. A cette enveloppe à laquelle la Grande-Bretagne renonce, s'ajoute le rétablissement prochain des quotas et des taxes sur les productions britanniques qui voudront s'exporter vers l'Union Européenne. Et pour Hollywood ? Les films américains tournés au Royaume-Uni bénéficient jusqu'à présent d'un rabais allant jusqu'à 25 % de leurs dépenses de production ; là encore grâce à l'Union Européenne. Sans ce tax rebate, la destination perd en attractivité... En attendant de trouver une parade, la création audiovisuelle d'Outre-Manche n'a pas de raison de sabrer le champagne. (Sources : Le Point, The Hollywood Reporter et Screen Daily)