Netflix : l’Empire se paie Napoléon d’Abel Gance 

Netflix consolide son empire en apportant son mécénat à la restauration du Napoléon (1927) d’Abel Gance, chef-d'œuvre titanesque autant par son poids dans l’histoire du cinéma que par ses mensurations pantagruéliques (cinq ou sept heures selon la version). Par un communiqué commun, La Cinémathèque française, le CNC et Netflix se félicitent de ce partenariat “ambitieux” qui sera accompagné de projections événementielles. Le film, qui a préfiguré aléatoirement le Cinémascope et le split-screen des décennies avant leur apparition (grâce à la Polyvision, soit la juxtaposition de trois prises de vues) ou encore la stéréo notamment, avec la “Perspective Sonore”, représentait une somme d’innovations majeures à l’époque. Tourné dès 1925 et jamais terminé faute de financement à la hauteur du projet, le film reste un monument dont il paraissait nécessaire de restituer la splendeur. En réalité, ce dernier grand projet de restauration a pris forme il y a plus de dix ans sous l’égide des laboratoires Éclair, du CNC et de la Cinémathèque française. Un travail titanesque - les très nombreuses versions étaient éparpillées aux quatre coins du globe, gravement détériorées, voire définitivement perdues - qui devrait arriver à sa conclusion avec une projection en deux “périodes” cette année rue de Bercy. Difficile en l’état de savoir si l’aide apportée par Netflix relève alors davantage du symbole que d’un mécénat conséquent. D’autant que cette participation saluée en grande pompe entre vraisemblablement dans les obligations de financement liées à la mise en œuvre de la directive SMA. Pudeur, calcul ou obligation, reste que le géant américain, en misant sur le patrimoine, arriverait presque à faire oublier les guerres intestines que se livrent les acteurs du cinéma de notre temps. Pour éviter la Bérézina ? En attendant d’admirer le travail, vous pouvez voir un aperçu du fameux triptyque final restauré ici (vers 2h05) ou en savoir davantage sur le passionnant travail de restauration mené par Georges Mourier, par là.