C’est le long-métrage qui l’a fait connaître, treize ans avant de faire scandale au Festival de Cannes parce que son Okja ne pouvait sortir en salles en France sans faire entorse à la chronologie des médias. Avec Memories of Murder, le sud-coréen Bong Joon-ho se mesure au cinéma américain en l’attaquant sur l’un de ses terrains de prédilection, celui du thriller noir, du film criminel désabusé. La trame narrative est conventionnelle (un flic aux trousses d’un tueur en série). Son originalité tient au contexte : nous sommes à la campagne, dans une contrée démunie face à ces meurtres, en 1986, quand la police scientifique n’était pas ce qu’elle est devenue. Dans cet espace-temps, l’issue de l’enquête laisse peu de place à l’espoir : chez Bong, on ne se fait guère d’illusions, comme le confirmeront The Host, Mother ou Snowpiercer. « Rien n'est pire que de sentir la vérité nous glisser des doigts, telle les gouttes d'une pluie maudite. Un monde noir nappé de ténèbres » écrit @ReznikAlabama. « Suspense intenable, tension omniprésente. Le vent souffle toujours dans la plaine, chargé de tristesse et d'éternels regrets » ajoute @Gotrek. « Limite le Zodiac coréen, Memories est un film ample, plein de secrets et de mystères, subversif et d'une intelligence rare. Grand film » assure @Cladthom, comparant l’approche du thriller selon Bong Joon-ho à celle de David Fincher. « Magistralement mis en scène, le film commence dans le grotesque pour se muer peu à peu dans une tension noire, très noire » raconte @Thomaschry. « Dans la dernière heure, le réalisme devient poétique et l'intrigue policière s'estompe au profit d'une analyse glaçante de la Corée » fait remarquer @Palelose. « Polar fleuve, film historique, autopsie d'un pays : tout se condense dans cette immense scène finale nimbée de l’obscurité du désespoir » conclut @WeOwnTheNight au sujet de cette œuvre qu’il serait dommage de ne pas (re)découvrir sur grand écran.
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