Analyse #7 : La Baie Sanglante

Analyse #7 : La Baie Sanglante

Liste de 1 film par TrueCine
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Issu du ciné club sur les Gialli:

« La Baie Sanglante » de Bava :

Histoire du film :

L’idée du film a été imaginée par Bava et l’actrice Laura Betti pour travailler de nouveau ensemble après leur bonne collaboration sur le film « Une hache pour une lune de miel », sorti en 1970. Pour convaincre les producteurs, ils inventent une histoire de meurtres en série, très en vogue à l’époque où « L’oiseau au plumage de Cristal », giallo d’Argento, connu un gros succès public et commercial l’année précédente. La production du film commence début 1971, le titre original étant « Reazione a Catena » ou « Réaction en chaine » pour la traduction française. Le projet enthousiasmait beaucoup Bava mais malheureusement le budget était mince ce qui lui imposait de tourner le film rapidement et à bas prix, ce qui l’a forcé à trouver des idées de mise en scène originales pour dépenser le moins d’argent possible, comme par exemple l’utilisation de chariots d’enfant pour tourner ses travellings. Une des anecdotes sont tournages sont d’ailleurs qu’à l’endroit où était tourné le film, il n’y avait que quelques arbres disperses, Bava était censé tourner certaines scènes dans une forêt assez dense, grâce à sa mise en scène et quelques trucages avec des branches qu’il avait acheté à un fleuriste, il réussit à donner l’impression d’une forêt à l’écran. Carlo Rambaldi, célèbre spécialiste des effets spéciaux, qui travailla notamment sur E.T, Alien et Dune, fut embauché pour donner aux 13 meurtres du film le plus de réalisme, le film a été d’ailleurs récompensé pour ses effets spéciaux au festival d’Avoriaz en 1971.
Comme la plupart des films de Bava, le film aura été un échec public et commercial à sa sortie. La plupart des spectateurs ayant été révolté par le film, dont Christopher Lee parait-il lors de l’avant-première à Avoriaz, les fans de la première heure de Bava auront globalement été très déçus également. Avec le temps, « La Baie Sanglante » reste les films le plus controversé de Bava, spectateurs et spécialistes étant divisé sur un film à l’intrigue inexistante, uniquement basé sur des crimes. Si tout le monde s’accorde à dire que Bava sait créer des images fortes qui restent en mémoire, le film est considéré comme pornographique par certains, où un film fait pour les personnes qui tirent du plaisir de voir des meurtres. Cependant certains défendront le film bec et ongles comme Joe Dante qui salue « l’inimitable élégance de l’Horreur » filmée par Bava. Le film est surtout aujourd’hui considéré comme étant précurseur dans le genre du slasher, pour ce que cela à de positif et de négatif. Il est considéré comme un des films de Bava qui ont changé la face du cinéma d’Horreur, créant le genre des films slashers and « body-count » avec des thèmes récurrent au film de Bava qui sont la narration inexistante et la passion morbide pour la mutilation des corps.

Analyse :

Le film nous conte une histoire d’héritage pour une propriété localisée sur une baie. Une série de 13 meurtres se passent durant le film.
Dès la première scène, le meurtre d’une vieille dame par un homme ganté, le film semble s’orienter vers le giallo. Cependant, on se rend compte assez rapidement que Bava réalise ici un pied de nez au genre qu’il a initié avec « Six femmes pour l’assassin ». Il abandonne les intrigues alambiquées et pleines de rebondissements du giallo pour la structure narrative la plus simple qui soit, une simple suite de meurtres, ils seront treize au total. On retrouve la même virtuosité que dans les deux autres films que l’on a déjà analysé de Bava, quasiment une idée par plan, des meurtres devenus mythiques et une photographie très travaillée dans un décor baroque. Bava créé quelques images très fortes lors du film, dont un couple empalé, et ne déçoit pas dans sa réputation de « poète du macabre ». Pour ne pas lasser le spectateur, Bava introduit énormément de personnages, ayant tous des motivations différentes pour ces meurtres.
L’histoire du film est véritablement d’une banalité assez affligeante, ce qui deviendra d’ailleurs thème récurrent dans les slashers américains qui suivront, si le génie de Bava permet au film de ne jamais vraiment se répéter, le film finit cependant par lasser au bout de 45 minutes, lorsque l’on comprend que les meurtres continueront inlassablement jusqu’au final. Malgré la multitude de personnages qui bordent le film, jamais Bava nous permet de nous identifier, ou ne serait-ce que ressentir de la compassion envers ces personnages, qui meurent tous très rapidement après leur première apparition à l’écran. Au final, cette façon qu’à Bava de ne pas s’intéresser à ses personnages est le meilleur témoin du nihilisme du film et de sa misanthropie, Bava filme la baie comme une nature martyrisée et intouchable malgré la folie des Hommes dans un monde qui se perd, l’argent, l’avidité et l’avarice des Hommes qui poussent ses derniers à s’autodétruire dans un jeu macabre auxquels ils ne survivront pas, à l’inverse de la baie, qui elle restera. En cela le film peut être vu comme une ode à la nature. Bava montre surtout toute l’absurdité de ce monde, cependant il se perd clairement en route et fini en roue libre dans un final qui, pour moi, pose problème. Manifestement, la fin se voulait ironique, mais c’est surtout l’incompréhension qui règne à la vue du final, qui n’est pas raccord avec le reste du film selon moi.
En définitive, « La Baie Sanglante » est un film important dans l’histoire du cinéma d’Horreur, après avoir inventé le giallo, Bava invente ici dans les grandes largeurs le slasher, son film inclut d’ailleurs les qualités et les défauts inhérents au genre. Mais si je peux donner mon avis personnel, Bava ouvre ici la brèche aux mauvais slashers, aux scénarii inexistants, aux fonds vide de sens, aux meurtres tape-à-l’œil et surtout à la violence gratuite que l’on retrouvera par la suite dans quelques films tels que la série des Vendredi 13 et autres slashers médiocres des années 80. Un autre film mythique que je vous conseillerai, qui pour moi a ouvert la voie aux meilleurs slashers, les plus intéressants, complexes, clairvoyants sur leur époque et sur les maux adolescents, « Black Christmas » de Bob Clark. Bien que ce dernier est très probablement était inspiré également par « La Baie Sanglante », étant sorti 3 ans plus tard.

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2 commentaires
  • LaKinopitheque
    commentaire modéré Pourquoi les 4 jeunes qui s'amusent sont assassinés ? Je comprends bien que cela nous met un peu plus dans l'ambiance mais je ne comprends pas les motivations de l'assassin...
    2 décembre 2017 Voir la discussion...
  • LaKinopitheque
    commentaire modéré Alors que les autres meurtres sont mieux "motivés"
    2 décembre 2017 Voir la discussion...
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