Critique n°13 : "One Week" de Buster Keaton.

Critique n°13 : "One Week" de Buster Keaton.

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Fort d'une expérience cinématographique auprès de son comparse Roscoe "Fatty" Arbuckle où il a su gagner en autonomie, Buster Keaton pose les jalons de sa carrière prolifique avec le court métrage One Week. Nous sommes en 1920, le cinéma muet entre dans sa période phare ; Keaton en sera l'un des principaux instigateurs. Condensé de toutes les qualités d'un Homme qui ne rit jamais, One Week est le premier d'une série de 19 courts métrages réalisés en 4 années. Le premier et pourtant le plus fameux tant il met à profit les talents de son auteur que sont l'inventivité, la technique gestuelle, l'occupation du cadre cinématographique, la créativité architecturale et le cynisme.

Le premier plan apporte de belles promesses, les cloches célèbrent un mariage entre Buster Keaton et Sybil Seely, actrice avec laquelle il partage l'affiche dans plusieurs de ses courts métrages. Comme son titre le suggère, One Week est la chronique de la première semaine qui suit l'échange des alliances. Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'elle ne sera pas de tout repos. Dès la célébration, l'harmonie ambiante est perturbée par la présence d'un rival éconduit par la mariée. Ce dernier prendra plaisir à importuner le futur foyer du couple. Symbole d'une idylle précaire, la maison est livrée en kit. Sa construction et surtout sa stabilisation seront les principaux enjeux développés tout au long de l'intrigue. Combinée à l'animosité du rival, la maladresse de Keaton rend son édifice familial complétement instable. Ce constat est mis en image par un Keaton sciant la planche sur laquelle il est assis. Cependant, cette absurdité est compensée par son inventivité. Par exemple, il convertit une rambarde en échelle selon un besoin urgent. Seul face aux embûches, le personnage incarné par Keaton n'est pas aidé par un livreur de piano qui n'en fera pas plus que la tâche qu'il lui a été assignée.

Au fil des journées, les gags s'enchainent au rythme de la musique. Quatre ans avant Sherlock Junior, Keaton brise le quatrième mur en masquant de sa main la nudité d'une Sybil Seely ramassant une savonnette. Au deuxième jour, la maison tient debout, mais son allure est biscornue. À la crémaillère, une valse a lieu, mais ce n'est pas celle qui était prévue. Les conditions climatiques font littéralement tournoyer la maison sur elle-même. La séquence est hilarante et met en valeur les capacités athlétiques de Keaton. Après le déluge, la maison est en piteux état, mais le couple tient encore debout. Keaton se débarrasse du fer à cheval porteur de chance. Pour son ultime gag, Keaton recourt au suspense avec l'arrivée d'un train lancé vers les restes du foyer. Un gag à double rebondissement, car le train en cachera un autre. En réponse à l'humanisme mesquin de Chaplin, Keaton aura su mettre en valeur un cynisme instinctif avant que le cinéma parlant ne le rende partiellement muet.

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