Jennifer Jones est née Phyllis Isley, le 2 mars 1919 à Tulsa. Elle est fille unique d'acteurs ambulants, propriétaires d'une compagnie théâtrale puis de salles de cinéma. Elle monte sur les planches, enfant, dans le théâtre de ses parents. La passion pour la comédie grandissant, elle décide de faire ses études à l'Académie des Arts Dramatiques de New York en 1936 où elle obtient une bourse d'études supérieures. C'est là qu'elle rencontre un étudiant de l'Académie dont elle tombe amoureuse, Robert Walker, il deviendra son mari en 1939, Jennifer a 19 ans. Ils tentent ensuite leur chance ensemble, tout d'abord pour des émissions à la radio de Tulsa, puis ils partent à Hollywood. Robert Walker travaille comme acteur radiophonique pour TBS et Jennifer Jones après des essais infructueux à la Paramount Pictures, obtient des petits rôles notamment dans un western, New frontier, aux côtés de
John Wayne à la Republic Pictures, petite compagnie spécialisée dans les westerns B.
En 1941, attirée par un casting pour le film Claudia, elle passe des bouts d'essais. Elle rencontre le producteur du projet,
David O. Selznick et, après avoir fait une forte impression, elle décroche un contrat de sept ans chez ce Pygmalion et découvreur de stars tel
Ingrid Bergman,
Joan Fontaine ou
Alida Valli. On transforme le nom de Phyllis Isley par celui de Jennifer Jones et Selznick, ne voulant pas la lancer trop tôt au cinéma, attend deux ans avant de trouver un rôle à sa mesure. Chose gagnée avec
Le Chant de Bernadette en 1943, puisque non seulement Jennifer recueille tous les éloges de la critique dans le rôle de la sainte Bernadette Soubirous, mais de plus, pour sa première interprétation importante, elle reçoit l'Oscar de la meilleure actrice des mains de
Greer Garson. Les ambitions de Selznick se reportent dès lors sur la jeune actrice et faire de sa découverte une grande star, deviendra une obsession.
Jennifer Jones enchaîne avec un second rôle dans Depuis ton départ, pour lequel elle aura une deuxième nomination aux Oscars ; elle y joue avec son mari Robert Walker, qui entre-temps a décroché un contrat chez MGM. Mais rien ne va plus entre les conjoints et malgré deux enfants le couple divorce en 1945, l'affection de Jennifer Jones s'étant reportée sur Selznick. Son personnage romantique dans Le Poids d'un mensonge (1945) de
William Dieterle lui vaut une nouvelle nomination aux oscars.
Malgré son contrat d'exclusivité avec Selznick, elle fait ensuite pour la
20th Century Fox une de ses rares incursions dans la comédie, avec le rôle de Cluny Brown dans
La Folle ingénue, merveilleuse satire de la mentalité anglaise d'avant-guerre : c'est le dernier film entièrement réalisé par
Ernst Lubitsch avant son décès pendant le tournage de La Dame au manteau d'hermine.
En 1946, Selznick donne à nouveau la vedette à Jennifer Jones dans le somptueux western mélodramique
Duel au soleil. Le producteur est persuadé d'avoir enfin trouvé avec le roman de
Niven Busch « Duel au soleil », un sujet digne d'égaler sa production la plus célèbre
Autant en emporte le vent. Extraordinaire épopée avec des décors et des couleurs à couper le souffle (Selznick avait fait appel à
Josef von Sternberg comme conseiller pour les couleurs), Duel au soleil est une des productions les plus coûteuses jamais réalisées jusqu'alors.
King Vidor est à la réalisation mais il abandonne suite aux interventions despotiques du producteur, et est remplacé par
William Dieterle. Le budget de six millions de dollars est augmenté de deux millions rien que pour le lancement du film. L'érotisme exacerbé de certaines scènes déchaîne la censure, le film est condamné pour « immoralité » par l'église et les ligues de décence. Malgré cela, il rencontre un énorme succès public et rapporte dix sept millions de dollars à son producteur. Comme chaque année depuis Le Chant de Bernadette, Jennifer Jones obtient une nouvelle nomination aux Oscars pour son rôle dans le film.
Elle retrouve ensuite le réalisateur
William Dieterle dans
Le Portrait de Jennie, film à l'atmosphère onirique où Jennifer offre une composition des plus envoûtantes, mais qui s'avère un échec : Selznick qui a mis sa fortune en jeu doit vendre son studio de production. Mais rien n'arrête l'ascension de la star. Après un film avec
John Huston, elle incarne une émouvante Madame Bovary sous la direction de
Vincente Minnelli.
Jennifer épouse Selznick en Italie en 1949. Elle perd un bébé en 1951 puis donne naissance à une fille le 12 août 1954. Son premier mari, Robert Walker, est mort en 1951.
Le début des années cinquante est faste, après une nouvelle production de Selznick pour
La Renarde de
Michael Powell ; le producteur fait refaire des scènes entières par le réalisateur
Rouben Mamoulian,. Elle tourne avec de grands réalisateurs,
William Wyler, à nouveau avec
King Vidor et
John Huston,
Vittorio De Sica... Mais c'est en 1955 qu'elle renoue avec la popularité dans La Colline de l'adieu, un des plus grands succès de la
20th Century Fox et un des sommets du box-office, qui lui vaut une cinquième nomination aux Oscars.
Suite à ce regain de popularité, elle tourne quelques films à la Fox avant que son mari ne mette à nouveau des moyens considérables pour sa nouvelle production L'Adieu aux armes. Ce sera la dernière production du grand Selznick : le film est un échec et les critiques sont désastreuses. Jennifer Jones attendra cinq ans avant de reprendre le chemin des studios. Entre temps elle prend des cours à l'Actors Studio et recherche des conseils et des professeurs pour la guider. Elle fait son retour dans un film d'
Henry King, Tendre est la nuit. Mais le public et les critiques boudent le film.
Viennent des années sombres pour Jennifer Jones avec le décès de son époux en 1965, qui la laisse démunie. Les comptes de Selznick étant dans le rouge, elle trouve une issue au théâtre notamment pour Une Fille de la province à Broadway et tourne encore quelques films. L'inactivité et la dépression la poussent à une tentative de suicide en 1967. Elle reprend le dessus et en 1971 elle épouse Norton Simmons, industriel et collectionneur d'art. Après son retour remarqué dans le film catastrophe
La Tour infernale (1974), elle perd sa fille Mary Jennifer, qui se suicide en 1976. Elle tourne définitivement le dos au cinéma pour se consacrer à la psychologie, en créant la Jennifer Jones Simon Foundation for mental health and education en 1980.