Fils d'une plasticienne française et de Jean Terzieff, sculpteur russe émigré en France, et frère du sculpteur Brigitte Terziev, Laurent Terzieff, âgé de neuf ans en 1944, est marqué par le spectacle des bombardements. Adolescent passionné par la philosophie et la poésie, il assiste fasciné à la représentation de la Sonate des spectres de Strindberg, dirigée par
Roger Blin. Il décide de devenir acteur. Il fait ses débuts sur scène à dix-sept ans au Théâtre de Babylone de Jean-Marie Serreau dans Tous contre tous d'
Adamov, auteur et ami qu'il affectionne. Tout au long de sa carrière, il mettra en lumière de nombreux écrivains de théâtre contemporains (notamment Ronald Harwood, Brian Friel,
Schisgal).
L'ayant remarqué dans la fiction télévisée L'affaire Weidmann, Marcel Carné l'engage pour l'un des rôles principaux du film Les Tricheurs, portrait de la jeunesse de la fin des années 1950. Cette première apparition sur grand écran, en 1958, le rend célèbre, le public l'identifiant à son personnage d'étudiant bohème et cynique. Il rencontre en 1961 l'actrice
Pascale de Boysson qui sera sa compagne dans la vie et sur scène, et fonde avec elle la "compagnie Laurent Terzieff". Parallèlement au théâtre, il poursuit sa carrière cinématographique avec
Claude Autant-Lara (trois films, dont Tu ne tueras point, portrait d'un opposant consciencieux en 1961) et
Clouzot avec La Prisonnière.
Partenaire de
Brigitte Bardot dans À coeur joie, il joua ensuite un rôle de marginal désoeuvré dans Les Garçons de
Bolognini (1959), film écrit par
Pasolini qui lui confie plus tard le rôle du Centaure dans Médée. Sollicité par les meilleurs réalisateurs italiens, Terzieff incarne en 1961 un révolutionnaire dans Vanina Vanini de
Rossellini et apparaît en 1976 dans le Désert des Tartares de
Valerio Zurlini.
En France, Buñuel le fait tourner dans la Voie lactée en 1969. Terzieff travaille avec d'autres metteurs en scènes relevant du cinéma d'art et d'essai, comme
Philippe Garrel (quatre films dont Le Révélateur, tourné en plein mai 1968), et
Jean-Luc Godard (avec Détective en 1985). Après les années 1980, il se fait plus rare sur les écrans, oeuvrant surtout au théâtre . Il apparaît tout de même dans différents rôles, comme trotskiste dans
Rouge baiser, comme anarchiste dans
Germinal en 1993, et dans Mon petit doigt m'a dit... de
Pascal Thomas en 2005
Politiquement engagé, il signa, en 1960 le manifeste des 121 contre la Guerre d'Algérie » et, en 2002, la pétition « Pas en notre nom » contre la Guerre d'Irak, sans pourtant appartenir, selon ses propres mots, à la « race des signeurs ».
Il remporte le Molière du comédien lors de la 24e cérémonie des Molières, le 25 avril 2010 pour ses rôles dans "L'Habilleur" (2009) et "Philoctète" (2009/2010).
Il est mort le 2 juillet 2010 à l'hôpital de la Salpêtrière de Paris suite à des complications pulmonaires après avoir été souffrant pendant plusieurs semaines. Le monde du théâtre a pleuré l'un de ses grands maîtres, une voix singulière, exigeante et généreuse qui a marqué la création contemporaine.
Humaniste, Laurent Terzieff avait signé un appel demandant qu'une délégation du Comité des Droits de l'Enfant de l'
ONU rende visite à un enfant tibétain en résidence surveillée depuis 1995 en Chine, Gendhun Choekyi Nyima, reconnu comme 11ePanchen Lama par le 14e dalaï ama.
En tant que metteur en scène de théâtre, il aura contribué à faire découvrir beaucoup de dramaturges contemporains, comme
Ronald Harwood, Brian Friel ou encore
Murray Schisgal, dont il a assuré plusieurs mises en scène et signé plusieurs préfaces. Il s'est souvent passionné pour des auteurs de langues anglaises. En France, il a néanmoins écrit la préface des pièces de Florian Zeller. Et surtout, sa dernière interprétation au théâtre fut celle de Philoctète, dans une version française écrite parJean-Pierre Siméon. Il a toujours tenu à se « frotter à son époque ». « Faire du théâtre, disait-il, c'est se mettre à l'écoute du monde, pour en être la caisse de résonance. »