Connu pour...
« Un malheur n'arrive jamais seul ». Comme il le faisait remarquer, Michel Simon était né la même année que le cinématographe. Son père, de confession protestante, était charcutier à Genève.
Rapidement, Michel Simon se détourne des études et de sa famille pour venir à Paris où il réside à l'hôtel Renaissance, rue Saint-Martin, puis à Montmartre. Il exerce divers petits métiers, (donnant des leçons de boxe ou vendant des briquets de contrebande à la sauvette. Il est aussi réputé pour dévorer tous les livres qui lui tombent sous la main avec une prédilection pour les écrits de Georges Courteline.
Ses débuts dans le monde du spectacle sont modestes : il fait le clown et l'acrobate dans un numéro de danseurs, les Ribert's and Simon's, puis pour un prestidigitateur.
Rappelé en Suisse au moment de la Première Guerre mondiale, il est un soldat indiscipliné et passe le plus clair de son temps aux arrêts ou à l'ombre des cachots. Rapidement, sa santé s'en ressent et il doit être hospitalisé.
En 1915, au cours d'une permission, il voit Georges Pitoëff faire ses débuts d'acteur en langue française, dans Hedda Gabler d'Henrik Ibsen, au théâtre de la Comédie de Genève. Il décide alors de devenir acteur à son tour, mais ce n'est qu'en octobre 1920 qu'il intègre la troupe des Pitoëff avec le rôle du greffier de Mesure pour mesure de William Shakespeare. Il pratique, par ailleurs, le métier de photographe.
Début 1922, la troupe s'établit à la Comédie des Champs-Élysées de Paris. Simon la quitte l'année suivante pour devenir acteur de boulevard, jouant des vaudevilles de Tristan Bernard, d'Yves Mirande et de Marcel Achard. Ce dernier le présente à Charles Dullin, en compagnie duquel Simon joue une pièce d'Achard, Je ne vous aime pas avec Valentine Tessier. Il jouera aussi des comédies musicales comme Le Bonheur, mesdames et Les Joies du Capitole, écrites par Albert Willemetz.
Il est ensuite engagé par Louis Jouvet, qui a remplacé Pitoëff à la Comédie des Champs-Élysées. C'est avec Jouvet, dans une pièce d'Achard, Jean de la Lune, que Michel Simon s'impose le 18 avril 1929 : son talent transforme le rôle secondaire de Cloclo pour en faire la principale attraction de la pièce.
La carrière théâtrale de Michel Simon va se poursuivre, de succès en succès (il joue William Shakespeare, Bernard Shaw, Luigi Pirandello, Oscar Wilde, Maxime Gorki, Édouard Bourdet et Henri Bernstein). S'il se révèle « inclassable » (comique, dramatique, tragique, vaudeville, etc.), c'est dans la comédie qu'il s' affirme principalement (plus de 150 pièces entre 1920 et 1975), mais c'est le cinéma qui va lui apporter une immense popularité.
Il débute à l'écran en 1925, d'abord en jouant au côté de Ivan Mosjoukine dans Feu Mathias Pascal, de Marcel L'Herbier, d'après Pirandello, et presque en même temps en participant à un film réalisé en Suisse, avec Jean Choux : La Vocation d'André Carel (selon les méthodes de productions artisanales semblables à celles dont la « nouvelle vague » française de revendiquera l'originalité).
Au cinéma muet, il apporte surtout un étonnant physique et un visage peu banal, d'une exceptionnelle mobilité qu'il prend grand soin de ne pas transformer en tics. Michel Simon joue des formes de son corps avec une virtuosité infinie : de la laideur intelligente ou sympathique, de la bonté ou de la naïveté, à la laideur grotesque ou inquiétante, cocasse ou stupide, malicieuse ou cruelle. Sa vraie carrière cinématographique ne commence toutefois qu'avec le « parlant » quand on s'aperçoit que l'élocution et le timbre de voix de l'acteur sont aussi originaux que son physique et son jeu.
Michel Simon meurt le 30 mai 1975. Il repose au cimetière du Grand-Lancy à Genève auprès de ses parents, selon ses dernières volontés. Une plaque commémorative signale la maison où Michel Simon est né le 9 avril 1895 dans la Grand-rue de Genève.