Connu pour...
Né à Caen, c'est à l'âge de 15 ans que Charles-André Julien part vivre en Algérie avec sa famille. Après avoir obtenu son baccalauréat, il travaille comme petit secrétaire à la préfecture d'Oran. Dès son entrée dans le monde du travail, il se heurte aux grands propriétaires oranais, aux trafics coloniaux et à la dépossession des terres algériennes. Choqué par le traitement dont sont victimes les algériens, il s'engage très tôt dans l'action politique. Il se range à gauche et fait la connaissance d'intellectuels et d'hommes politiques opposé au système colonial parmi lesquels : Félicien Challaye, André Gide et Albin Rozet.
Socialiste, il soutient la révolution bolchévique et devient un des dirigeants de la IIIe Internationale pour l'Algérie. Lors d'un voyage en Russie, il rencontre lors du Congrès de Moscou en 1921 l'intelligentsia révolutionnaire, Lénine, Trotsky, Gorki et Hô Chi Minh. Il espère voir les révolutionnaires s'engager contre le colonialisme, ce qui n'est pas le cas à cause des difficultés que rencontrent les révolutionnaires dans leur pays. Mais plus tard, il décide de quitter l'extrême gauche pour le Front populaire. C'est par cette occasion, que Léon Blum l'appelle à Matignon et le charge de créer une nouvelle administration, le Haut Comité méditerranéen qui devait permettre au Front populaire de trouver des solutions aux problèmes liés à l'Algérie et aux protectorats marocain et tunisien. Il conçoit un centre de documentation pour le chef du gouvernement et rédige avec Pierre Viénot des notes de synthèses faisant des propositions concrètes.
Après la chute de Léon Blum, il travaille pour Albert Sarraut. Après la Seconde Guerre mondiale, il est nommé au Conseil de l'union française, ce qui lui permet de travailler à la bibliothèque parlementaire où il a en main tous les travaux de l'assemblée. En 1931, il écrit son premier livre, Histoire de l'Afrique du Nord; dans ce livre, il contredit les thèses colonialistes selon lesquelles l'histoire de l'Algérie commence à partir de 1830. Après s'être constitué un réseau d'informateurs, il parvient à recruter ses correspondants au sein même des mouvements indépendantistes comme dans le clan de Bourguiba avec qui il se lie d'amitié. Dans les années 1930, il devient le secrétaire de rédaction de la Revue historique.
Professeur d'université, membre du Parti socialiste, conseiller de l'Union française, il est alors marginalisé et surveillé par les autorités. Il dénonce alors les abus de la politique française au Maghreb, et s'indigne des dérives de la IVe République. Il défend également les Maghrébins et mène une contre-enquête après la mort du syndicaliste tunisien Farhat Hached, où il accuse l'organisation de la Main rouge et la résidence d'être à l'origine de sa mort. Lors de la crise marocaine, il se fait le conseiller du sultan Mohammed V. L'après Seconde Guerre mondiale marque l'éclatement de révoltes dans les quatre coins de l'Empire colonial français, d'abord en Algérie à Sétif, puis en Indochine et enfin, en 1947, à Madagascar. C'est après la révolte de Madagascar, durement matée, qu'il décide de s'engager dans la voie journalistique.
Il participe à la création du journal Le Monde, ce qui lui permet de gagner l'amitié de son fondateur, Hubert Beuve-Mery. Le 19 avril 1950, il signe un papier dans Le Monde, où il demande à la France de réviser sa politique de protectorat en Tunisie et en particulier le traité du Bardo et de la Marsa qui sont, pour lui, politiquement dépassés. Après l'indépendance du Maroc, il est invité par le roi Mohammed V à fonder l'université marocaine. Il est nommé premier doyen de la faculté des lettres de Rabat, et il assumera en même temps la charge de professeur à la Sorbonne. Après avoir quitté ses fonctions universitaires, il continue à travailler sur l'Afrique du Nord en dirigeant une collection de biographies. Il meurt en 1991.