Bertrand Tavernier est le fils de l'écrivain et résistant lyonnais René Tavernier, qui publia clandestinement de grandes plumes tel Aragon).
Aragon vécut pendant la seconde guerre mondiale avec sa femme Elsa Triolet au-dessus du domicile des Tavernier et Bertrand Tavernier dit que l'un des plus beaux poèmes d'Aragon fut écrit pour sa mère.
C'est d'ailleurs Aragon qui donna à Bertrand Tavernier l'occasion d'un très beau « coup de presse » en lui accordant d'écrire en 1965 un article sur
Pierrot le fou de
Jean-Luc Godard.
Il a fait ses débuts dans le cinéma comme assistant de
Jean-Pierre Melville (Léon Morin, prêtre), expérience qu'il évoque dans le documentaire Sous le nom de Melville réalisé par Olivier Bohler.
Comme critique cinématographique, il collabore dans les années 1960 à plusieurs revues : Les Cahiers du cinéma, Cinéma, Positif, Présence du cinéma, etc.
Il se démarque des réalisateurs de sa génération par la volonté de redonner une place primordiale à une narration passée à la trappe à la fin des années 1950. Il redonne ainsi leur chance à de grands scénaristes et dialoguistes restés sur le bord du chemin, principalement à
Jean Aurenche et
Pierre Bost (« bêtes noires », avec le réalisateur
Claude Autant-Lara, de François Truffaut dans son article Une certaine tendance du cinéma français). Grand cinéphile, il fait redécouvrir des auteurs comme Jean-Devaivre dont il adaptera l'autobiographie dans son film
Laissez-passer. Si le goût le porte parfois vers les « films à costumes », il ne s'éloigne jamais des préoccupations de notre temps et son art reste profondément enraciné dans notre époque.
Bertrand Tavernier exprime, au gré de ses films, son aversion contre les injustices, son engagement contre la guerre, le racisme, les ravages du colonialisme, la peine de mort et son combat contre les travers, voire les conséquences de nos sociétés contemporaines : délinquance, violence, chômage, misères physique et affective, drogue, sida, etc.
Certains longs métrages plus apaisés ou nostalgiques sont, à plusieurs reprises, imprégnés de la figure du père ou du temps qui passe et que l'on ne peut retenir (Un dimanche à la campagne,
Daddy nostalgie).
Pour le réalisateur, la musique n'est jamais comme plaquée et fait toujours corps avec l'image. Dans ses premiers films tout particulièrement, une importante scène musicale ponctue le film et annonce un drame imminent : un chanteur des rues (Le Juge et l'Assassin), la scène de la guinguette (Un dimanche à la campagne), etc.
Ses amitiés et fidélités professionnelles donnent aussi un ton à son cinéma : Aurenche et Bost mais aussi
Alain et Philippe Sarde,
Marc Perrone,
Philippe Noiret,
Philippe Torreton et, depuis peu,
Jacques Gamblin.
De manière paradoxale, sa filmographie, aux sujets et aux traitements très divers, reste tiraillée entre sa défense pour un cinéma français fort et indépendant et sa fascination pour une certaine culture nord-américaine.
Producteur (sa société se nomme Little Bear production), il exerce aussi des activités associatives (président de l'Institut Lumière, à Lyon).
Bertrand Tavernier est le père de
Nils Tavernier, également réalisateur mais aussi comédien, et de la romancière Tiffany Tavernier.
Il a connu au lycée Volker Schlöndorff, devenu depuis parrain de son fils.
Il est un hôte assidu de Sainte-Maxime, dans la villa familiale et depuis sa plus tendre enfance.
Ses admirateurs le surnomment "Tatave".