Alain Resnais et Daniel Duval
Issu d'une famille modeste, né d'un père danois et d'une mère française, Niels Arestrup grandit en banlieue parisienne et s'inscrit après le lycée au cours de Tania Balachova. Il débute sa carrière au théâtre avant d'apparaître pour la première fois au cinéma dans Miss O'Gynie et les hommes fleurs de Samy Pavel en 1973 au cinéma puis dans
Stavisky d'Alain Resnais (1974). Le débutant se spécialise dans un cinéma d'auteurs (second rôle dans Si c'était à refaire de Claude Lelouch) souvent confidentiel (Chantal Akerman, Jeanne Moreau, Frank Cassenti, l'argentin Edgardo Cozarinsky, plus tard l'italien Fabio Carpi...).
Sans jamais abandonner le théâtre, il construit une carrière atypique faite de seconds rôles et de personnages ambigus (La Dérobade de Daniel Duval, La Femme flic d'Yves Boisset), tourne dans des longs métrages suisses, et n'hésite pas à endosser des rôles de salauds (
Les Loups entre eux de José Giovanni en 1985, La Rumba en 1986).
Stefan Zweig et August Strindberg
A la télévision, il obtient rapidement des premiers rôles, notamment dans des adaptations littéraires (Arthur Schnitzler, Frank Wedekind, Maurice Maeterlinck), s'imposant en héros romantique de la mini-série historique Le tourbillon des jours, avec Yolande Folliot, dès 1979. Plus tard il participe aussi à des adaptations de Hubert Monteilhet, Michel Déon ou Madeleine Chapsal, cette dernière mise en scène par
Edouard Molinaro, qui l'avait déjà dirigé dans deux adaptations de Stefan Zweig, dont La ruelle au clair de lune (Niels Arestrup en partage la vedette avec Marthe Keller et Michel Piccoli). En 1984, il sera la vedette de Lorfou, un épisode de la série Série noire qui lui permettra de retrouver Daniel Duval. En 2006 il mène la brillante distribution de Le Rainbow Warrior et en 2000 il tient le rôle titre de Fernando Krapp m'a écrit cette lettre d'après Miguel de Unamuno au côté d'Emmanuelle Seigner, qu'il incarne sur scène.
Sur le petit écran, Arestrup bénéficie au fil des années d'une reconnaissance comparable à celle qu'il connaît sur les planches, son terrain favori. Il entremêle parfois les deux, jouant sur scène (et devant les caméras) La Cerisaie d'Anton Tchekhov, mise en scène par Peter Brook (avec Catherine Frot), et incarnant Rastignac dans Les secrets de la princesse de Cadignan d'après Honoré de Balzac, réalisé par Jacques Deray, deux adaptations signées Jean-Claude Carrière - l'acteur interprète par ailleurs un autre héros de Balzac dans Albert Savarus, sous la direction de Alexandre Astruc et face à Dominique Sanda ; les (télé)spectateurs ont aussi pu le voir dans La Danse de mort, dirigée par Claude Chabrol, et dans Mademoiselle Julie, adaptée par Boris Vian, deux pièces d'August Strindberg. Dans la dernière, il a pour partenaire (au théâtre et dans la version filmée) Fanny Ardant, qui remplaçait Isabelle Adjani après quelques représentations.
Marco Ferreri, Glenn Close et Sophie Marceau
Au milieu des années 1980, des réalisateurs de cinéma lui confient enfin des rôles principaux : il est ainsi l'amant d'un couple à trois (formé avec Ornella Muti et Hanna Schygulla...) dans Le Futur est femme de Marco Ferreri (1984). Mais il ne remporte pas de succès populaire, reste en dehors du star système. Ainsi il mènera davantage une carrière de séducteur à la télévision et au théâtre qu'au cinéma, même s'il a pour partenaires Isabelle Huppert dans Signé Charlotte, Christine Boisson à deux reprises (dans Du blues dans la tête notamment, écrit par Arestrup), ou la star américaine Glenn Close dans La Tentation de Vénus d'István Szabó (1991), où il incarne un chef d'orchestre hongrois aux prises avec l'Opéra de Paris.
Arestrup joue les années suivantes un violoncelliste célèbre et malheureux dans Le Pique-nique de Lulu Kreutz (en 2000) sur un scénario de Yasmina Reza, ou encore un mari vieillissant qui se sépare de sa femme (Judith Godrèche) dans Parlez-moi d'amour, dirigé par Sophie Marceau en 2002. Mais ces films demeurent discrets.
Un prophète
En 2005, De battre mon coeur s'est arrêté de Jacques Audiard, face à Romain Duris, annonce la reconnaissance à venir. Niels retrouve Duris dans L'homme qui voulait vivre sa vie d'
Eric Lartigau en 2010 et surtout Audiard pour Un prophète en 2009, qui le consacre enfin sur grand écran. A côté, l'acteur s'illustre dans des films tels que Le Scaphandre et le Papillon de Julian Schnabel et L'affaire Farewell, en patron des services secrets français - oeuvres conformes à ses critères d'exigence. En 2007, le comédien a écrit et dirigé Le Candidat (2007), drame politique qu'il interprète face à Yvan Attal.
Il reçoit deux fois le César du meilleur second rôle pour son interprétation dans les films de Jacques Audiard :
- De battre mon coeur s'est arrêté : César 2006 du meilleur second rôle avec le personnage d'un agent immobilier véreux, père de Romain Duris,
- Un prophète : César 2010 du meilleur second rôle avec le personnage de César Luciani, parrain corse en prison.
Théâtre (entre autres)
En 1986, la pièce B29, dont il partage la vedette avec Richard Berry essuie un échec.
En 1988, il ctée sa propre école de théâtre à Ménilmontant, dans un esprit de troupe, ne formant pas au vedettariat.
Niels Arestrup dirige le Théâtre de la Renaissance de 1989 à 1993.
Il retrouve Fanny Ardant en 1995 dans La Musica de Marguerite Duras. L'année suivante, Myriam Boyer est licenciée de la pièce Qui a peur de Virginia Woolf ? suite à un "échange de coups" avec son partenaire. La réputation sulfureuse de Niels Arestrup vient surtout de ses différends avec Adjani et Boyer. Il renoncera à ses plaintes en diffamation contre elles.
Durant la saison 1998-1999, Arestrup interprète aux côtés de Pierre Vaneck et Maïa Simon Copenhague qui remporte deux Molières.
En 2002, Niels Arestup interprète Théramè dans Phèdre de Jean Racine, dans une mise en scène de Jacques Weber avec Carole Bouquet dans le rôle titre.
L'année suivante, dans À chacun sa vérité de Luigi Pirandello, le comédien "affronte" Gérard Desarthe et Gisèle Casadesus.
En 2008, il écrit Le Temps des cerises, joué par Eddy Mitchell et Cécile de France.
En 2010 Arestrup inteprète face à André Dussollier Dietrich von Choltitz, le général allemand chargé de détruire Paris en 1944, dans Diplomatie, pièce écrite par Cyril Gély.