Fils de la comédienne
Mado Maurin, le jeune Patrick fait très tôt partie d'une famille d'artistes, baptisée par le métier les « petits Maurin » comprenant ses frères
Jean-Pierre Maurin (1941-1996),
Yves-Marie Maurin (1944-2009) et
Dominique Collignon-Maurin (né en 1949), auxquels s'adjoignent ensuite Jean-François Vlérick (né en 1957) et Marie-Véronique Maurin (née en 1960). Cette troupe familiale collabore à de nombreux films, téléfilms, feuilletons télévisés ainsi qu'à des représentations au théâtre et à la radio.
Dès ses premières apparitions, à l'âge de 4 ans, il utilise le pseudonyme de Patrick Maurin qu'il va conserver jusqu'en 1967. Cette période enfantine est tumultueuse et il souffre de la compétition artistique entre les « petits Maurin ». Après une trentaine de pièces de théâtre et de téléfilms à succès pour l'ORTF, il choisit de prendre du champ par rapport à sa famille pour deux motifs : d'une part, il apprend à 17 ans qu'il n'est pas l'enfant biologique de Pierre-Marie Bourdeaux, bien que celui-ci l'ait reconnu, mais le fils naturel de l'artiste lyrique et chef d'orchestre Michel Têtard (mort en 1960 à l'âge de 35 ans, selon Mado Maurin) ; d'autre part, son biographe Jean-Marc Loubier affirme qu'il aurait été pratiquement dépossédé d'un héritage par sa mère, à la même période. Ces différends familiaux l'encouragent à adopter un pseudonyme, élaboré à partir du nom marital de sa grand-mère maternelle Devaëre, dont il changera la troisième lettre par un W), sous lequel il connaîtra la célébrité.
À 21 ans, il profite des événements de Mai 68, pour rencontrer des acteurs alternatifs et rejoint l'équipe de
Romain Bouteille. Il partage ainsi les planches du café de la Gare avec
Coluche,
Henri Guybet,
Martin Lamotte,
Renaud, la comédienne et réalisatrice
Sotha (pseudonyme de Catherine Sigaux), qu'il épouse le 26 juillet 1968 et dont il divorce le 12 novembre 1979 et celle qui deviendra la passion de sa vie,
Miou-Miou. La troupe accueillera ensuite
Gérard Lanvin,
Gérard Depardieu,
Rufus puis
Thierry Lhermitte,
Josiane Balasko, Anémone et
Gérard Jugnot. Parallèlement, Dewaere s'essaie au doublage, prêtant notamment sa voix à
Dustin Hoffman dans Le Lauréat et développe sa passion pour la musique et la chanson. En 1971, il compose et interprète en duo avec Françoise Hardy la chanson T'es pas poli. Comme ses amis du café de la Gare, il tourne également quelques publicités qui aident à financer le théâtre.
Il se révèle au grand public en 1974 dans
Les Valseuses de
Bertrand Blier, film où il apparaît aux côtés de
Gérard Depardieu et
Miou-Miou, avec laquelle il vit une intense passion amoureuse de laquelle naît une fille, Angèle, le 13 août 1974. À l'été 1975, Miou-Miou, qui vient d'être choisie pour le tournage du film D'amour et d'eau fraîche, tente d'imposer Patrick Dewaere pour le premier rôle masculin. Mais le réalisateur Jean-Pierre Blanc refuse et préfère engager
Julien Clerc. Sur les plateaux, Miou-Miou, dont le couple est en crise, tombe sous le charme du chanteur et quitte Dewaere qui ira jusqu'à « casser la gueule » du chanteur durant le tournage. Cette situation rend particulièrement difficile le tournage du film F... comme Fairbanks qui débute quelques semaines plus tard. Les personnages incarnés par Miou-Miou et Dewaere s'aiment et se déchirent, à l'image des deux acteurs dans leur vie privée.
Alors que sa carrière prend de l'ampleur avec des grands rôles dans Coup de tête (1979), Série noire (1979),
Un mauvais fils (1980), Dewaere subit la vindicte de la presse et des médias. Durant cette période, il est trahi par Patrice de Nussac, un journaliste du Journal du dimanche qui lui avait promis -- en raison de liens d'amitié -- de ne pas révéler son prochain mariage avec Elsa (de son vrai nom Élisabeth Malvina Chalier), la mère de sa seconde fille, Lola. Après avoir frappé le journaliste d'un coup de poing, Dewaere fait l'objet d'un véritable boycott par la presse et les médias. Les producteurs éprouvent alors quelques réticences à l'employer. Dès lors, il n'est plus interviewé et son nom est même omis au générique d'un film, un exemple sans précédent en France.
En 1982, Elsa qu'il a épousée le 16 octobre 1980, le quitte pour son meilleur ami,
Coluche. En début d'après-midi du 16 juillet 1982, alors qu'il se prépare depuis plusieurs semaines au tournage du film Édith et Marcel de
Claude Lelouch pour lequel il doit incarner le rôle principal de Marcel Cerdan, il met subitement fin à ses jours dans sa maison située 25, impasse du Moulin-Vert à Paris 14e arrondissement, d'un coup de feu tiré par une carabine 22 Long Rifle, offerte par Coluche, sans laisser de mot d'explication, mais après un appel téléphonique qui, selon les témoins (parmi lesquels
Claude Lelouch qui l'avait vu le matin même de sa mort), l'aurait bouleversé.
Selon de récentes révélations de
Mado Maurin, le coup de téléphone émanerait d'Elsa, vivant désormais avec
Coluche en Guadeloupe, laquelle lui aurait annoncé qu'il « ne reverrait plus jamais sa fille ». En 2007, dans le documentaire Patrick Dewaere, le dernier jour diffusé sur France 2, sa fille Lola confirme elle-même que cette conversation aura été « un élément déclenchant » de son suicide.
Patrick Dewaere est inhumé au cimetière de Saint-Lambert-du-Lattay (Maine-et-Loire) dans le caveau de sa belle-famille.