Du côté de sa mère, sa grand-mère était de Galice, son grand-père colombien et du côté de son père, ses grands-parents sont anglais.
Durant son adolescence, sa famille était relativement pauvre et il y avait aussi des troubles politiques au Panama, particulièrement au sujet du canal de Panama et des relations avec les États-Unis. Il avait grandi avec la culture américaine et le rock 'n' roll. Mais en 1964, 21 civils ont été tués et des centaines blessés dans des émeutes étudiantes, par des soldats américains, quand les étudiants ont essayé de hisser le drapeau du Panama à côté de celui des États-Unis au lycée Balboa. Cet événement traumatisant pour la nation a profondément influencé Rubén Blades et lui a ouvert les yeux.
Comme plusieurs panaméens qui étaient précédemment pro-américains, il a commencé à se poser des questions politiques et sociales.
Après ce « réveil politique », il a continué ses études et est finalement entré à la faculté de droit et de sciences politiques à l'Université de Panama.
En attendant, ses inclinations musicales l'ont incité à chanter avec quelques groupes musicaux comme El Conjunto Latino de Papi Arosemena, Los Salvajes del Ritmo et Bush y sus Magnificos. Mais les pressions des professeurs d'université l'ont forcé d'abandonner le chant pendant un moment.
En 1968, l'université a fermé en raison d'émeutes ; il a alors voyagé à New York et est entré en contact avec Pancho Crystal, le producteur de Cheo Feliciano, Richie Ray, Bobby Cruz, et Joe Cuba. Pancho Cristal avait entendu Rubén Blades chanter au Panama et lui proposa d'enregistrer un disque avec l'orchestre de Pete Rodríguez. From Panama To New York sorti en 1970, n'a pas beaucoup attiré l'attention à ce moment-là.
Malgré la continuation de problèmes politiques et économiques au Panama, Rubén Blades y est retourné pour terminer ses études quand l'université a rouvert.
Immédiatement après l'obtention de son diplôme, il rejoint sa famille à Miami puis se rend de nouveau à New York, pour développer sa musique. Recommandé par Roberto Roena pour travailler à la Fania, il accepte le seul poste qui est à pourvoir : distribuer le courrier.
Cet emploi lui a permis de rentrer en contact avec des personnalités importantes de la scène musicale latine de New York.
Des interprètes comme Richie Ray et Bobby Cruz et Ismael Miranda ont enregistré ses compositions. Ray Barretto cherchait quelqu'un pour remplacer le chanteur de son orchestre. Roberto Roena lui a dit que Rubén Blades pourrait être son homme et il lui a fait passer une audition. Rubén Blades a alors démissionné de la Fania pour rejoindre le groupe de Ray Barretto. Il a été, avec Tito Gómez, le chanteur principal sur l'album Barretto (1975) et invité au chant pour des enregistrements de la Fania All Stars.
En 1976, Rubén Blades est venu remplacer le chanteur Héctor Lavoe dans l'orchestre de Willie Colon.
Sur leur premier album en commun, Metiendo Mano (1977), les deux chansons Plantación Adentro et Pablo Pueblo ont eu un impact énorme sur les fans de salsa aussi bien que chez les musiciens, pour sa vision sur les questions sociales.
Le disque suivant, Siembra (1978), s'étend sur la vision musicale et sociale du précédent. Le disque s'est vendu à plus d'un million de copies (disque d'or et de platine) et a été un hit dans la plupart des pays hispaniques, ainsi qu'aux États-Unis. Le succès de la chanson Pedro Navaja fait prendre conscience que la salsa peut véhiculer un message social.
Cet album révolutionnaire a été suivi par un autre, Maestra Vida (1980), un drame musical utilisant des personnages pour explorer des questions sociales d'une façon très personnelle.
En 1982, Blades se découvre des talents d'acteur au cinéma. Jerry Massucci, propriétaire de la Fania, lui a offert le rôle d'un boxeur dans un film à petit budget qu'il produisait : Le Dernier combat dirigé par
Fred Williamson.
Bien que le film n'ait aucun impact, il a inauguré une carrière couronnée de succès en tant qu'acteur.
Après six ans passés avec Willie Colón, Rubén Blades a décidé qu'il était temps de former son propre orchestre pour développer ses propres idées musicales. Mécontentent de la manière dont la Fania était gérée, il signe chez Elektra Records. Il a fondé le groupe Seis del Solar, expérimentant avec des nouveaux formats de salsa. Il a éliminé la section de cuivres et s'est rapproché du son rock. Il a enregistré Buscando America (1984) avec son groupe, obtenant ainsi un album de salsa à thème social et politique, notamment les titres Buscando América, El padre Antonio y su monaguillo Andrés, Desapariciones ou même Desiciones, devenu un classique de la salsa.
Après son succès, il a pris pour un temps congé de la musique pour intégrer la faculté de droit d'Harvard, avec le but à long terme de rendre crédible le Panama, doté d'une lourde dette. Il a obtenu sa maîtrise en Droit International en 1985.
Son album suivant Escenas (1985) lui fournit son premier Grammy Award. Il tourne au cinéma Crossover Dreams, un film indépendant autobiographique.
Puis il sort Agua de Luna (1987) un thème inspiré par une série d'histoires courtes du célèbre auteur colombien, Gabriel García Márquez.
En vue d'étoffer sa palette et de prouver ce dont est capable un artiste latino, il se tourne vers le rock avec la complicité des rock stars
Lou Reed et
Elvis Costello pour un album en anglais, Nothing But the Truth (1988).
Il retourne à ses racines avec Seis del Solar qui devient Son del Solar, (qui intègre à nouveau des cuivres), avec l'album Antecedente (1988) qui lui vaut un autre Grammy Award. Suivent Caminando avec Son del Solar (1991) et Amor y Control (1992).
Son activisme social conduit Rubén Blades à se présenter à la présidence du Panama en 1994, comme fondateur et le chef du mouvement Papa Egoro, parti qui arrive 3e sur 24, avec 18 % des voix.
Il remporte trois Grammy Award de suite : Rosa de los Vientos (1996), avec des musiciens panamanéens, Tiempos (1999) avec l'ensemble Editus, dans lequel il a incorpore des éléments de musique classique contemporaine et de jazz, et Mundo (2002), également avec l'ensemble Editus et d'autres artistes, fusionnant instruments et rythmes irlandais, arabes et afro-cubains.
En 2000 il est nommé ambassadeur aux
Nations unies et rencontre des étudiants pour dénoncer le racisme.
En 2004, il soutient le candidat Martín Torrijos à la présidence du Panama, qui sera élu, et chante avec le Spanish Harlem Orchestra.