Dans la sélection Télérama du jour, hasard de la vie, hasard de la mort, on recommandait un autoportrait en forme de film, comme il y a des patates en forme de coeur. Varda par Agnès que ça s'appelait et on s'était dit qu'il fallait le rattrapper avant qu'il nous quitte, parce que la vie, ça file plus vite et plus droit que le cinéma. Toujours trop droit et trop vite, comme les travellings têtus qui promènent Sandrine Bonnaire vers son tombeau dans Sans toit, ni loi (1985). Alors Agnès Varda a eu son travelling aussi : rue Daguerre, il n’y aura plus que ses chats et quatre-vingt-dix balais. A la Berlinale, où elle présentait récemment son dernier film, Agnès Varda disait qu’il fallait maintenant passer la main. Ses petites mains en forme de pommes qui lui rappelaient sa fin à elle, elle les filmaient ; et puis les moisissures sur son plafond, elles les filmaient aussi. Pas de réflexion mortuaire ou sanitaire, ça lui évoquait la peinture de Tapiès, alors elle les laissait. Glaneuse quand le fruit tombe et grappilleuse quand il se tient encore sur l’arbre : c’était ça Agnès Varda, se tenir fièrement en équilibre sur une barque et fondre à travers le chatoiement ironique du soleil. De ces petites ondes dans son sillon sont sans doute nés les plus fameux remous du 7e art : avec son premier film (La Pointe courte, 1955) dans le petit port de Sète et monté gratuitement par Alain Resnais, elle introduit sans le savoir les fondements de la Nouvelle Vague. Décors naturels et budget famélique, structure libre mêlant documentaire et fiction. Et déjà, réunir la mort et la résurrection, la gravité et le festif. Un curiosité, une acuité, une contradiction permanente entre tragique et récréation qui ne la quitteront jamais, toujours poussée par la soif d’expérimenter et d’opposer à la résignation des formes nouvelles. Citons parmi ses oeuvres les plus fameuses Cléo de 5 à 7 (1962) dont “les minutes s'enfilent comme des perles tantôt futiles, tantôt tragiques”, Documenteur (1981), Jacquot de Nantes (1991) et tant d’autres encore. Il est impossible de toutes les citer, alors en voici dix emblématiques. Agnès Varda lègue une oeuvre immense que nous vous invitons à glaner, comme elle aimait le faire, au gré d’une vie tristement trop courte. Adieu Agnès.
Aurélien Ferenczi revient plus longuement sur son parcours et lui rend hommage sur Télérama.
Regardez ses films, sans vous limiter à "Cléo de 5 à 7" et "Sans toit, ni loi". Elle nous laisse une oeuvre formidable et humaniste - regardez ses docus comme "Les glaneurs et la glaneuse". Elle était exceptionnelle cette femme.
En ce moment sont disponible sur Mubi "Les glaneurs et la glaneuse", "Jacquot de Nantes" et "Les Plages d'Agnès" - diffusion aussi sur Arte ce soir.
Pour Mubi, oui c'est payant, tu dois pouvoir avoir une semaine d'essai gratuit ou avec mon code ami tu peux avoir un mois d'essai gratuit : http://bit.ly/mubi-silence
Jacquo n'est disponible que pour 6 jours encore et Les glaneurs pour 11 jours (le principe de mubi, 30 films dispo, chaque jour le plus ancien est remplacé par un nouveau, ...)
Dans ses docus, "Les demoiselles ont 25 ans" est très beau sur le film de Demy.
Il me reste à voir dans les longs métrages "Jacquot de Nantes" - probablement ce soir avec Mubi, "Documenteur", "Kung Fu master" et "Mur Murs".
Je crois que ma fiction préférée est "L'une chante, l'autre pas" et du côté des documentaires, "Les glaneurs et la glaneuse".
Continuons à célébrer son oeuvre et son regard magnifique !