Issue d'une modeste famille du milieu ouvrier contrainte de quitter sa « province » pour Rome, Gina Lollobrigida se montre très attirée par le milieu artistique et devient étudiante à l'Académie des Beaux-arts. Elle se voit confier le rôle principal dans un roman-photo qui va la faire remarquer par le milieu cinématographique. Elle participe également à des concours de beauté ; en 1947, elle termine deuxième au concours de Miss Rome et troisième à celui de Miss Italie derrière
Lucia Bosé et
Gianna Maria Canale, deux futures étoiles du cinéma italien.
Durant quatre longues années (1947 à 1951), le cinéma, jouant de sa superbe plastique, ne lui offrira que des rôles secondaires : dans L'Aigle noir de Riccardo Freda, Le Crime de Giovanni Episcopo d'
Alberto Lattuada, Attention ! Bandits ! de
Carlo Lizzani et Traque dans la ville de
Pietro Germi entre autres, elle travaille aussi avec Luigi Zampa et
Mario Monicelli, jusqu'au film de
Christian-Jaque,
Fanfan la Tulipe, où elle interprète aux côtés de Gérard Philipe un rôle plus remarqué.
Entre temps, elle épouse le 15 janvier 1949 le docteur Milko Skofic qui, abandonnant son activité, devient son impresario.
Après un détour par Hollywood où elle doit repousser les avances du richissime Howard Hughes, elle se retrouve devant les caméras de
René Clair pour
Les Belles de nuit en 1952 (où elle rivalise avec
Martine Carol) et de
Luigi Comencini pour
Pain, Amour et Fantaisie en 1953, suivi l'année suivante par Pain, Amour et Jalousie, où elle envoûte
Vittorio De Sica, deux triomphes qui dépassent largement les frontières du pays. Elle gagne enfin une stature internationale avec
John Huston qui la fait jouer auprès d'
Humphrey Bogart dans
Plus fort que le diable, et le Britannique Carol Reed pour Trapèze avec
Burt Lancaster et
Tony Curtis ; le rôle d'Esmeralda dans Notre-Dame de Paris de
Jean Delannoy la confirme encore en 1956 auprès du fabuleux
Anthony Quinn dans le rôle du difforme Quasimodo. En Italie, La Marchande d'amour de Mario Soldati et La Belle Romaine de Zampa confortent son statut de vedette.
En 1957, elle met au monde Milko Jr, tourne avec
Vittorio De Sica pour Anna de Brooklyn et avec Jules Dassin pour La Loi (avec
Yves Montand,
Pierre Brasseur et
Marcello Mastroianni) puis repart aux USA où elle « crève l'écran » devant les caméras de
John Sturges en 1958 avec
Frank Sinatra et
Steve McQueen pour
La Proie des vautours, puis celles de
King Vidor en 1959 avec
Yul Brynner pour
Salomon et la Reine de Saba - où elle devait avoir initialement pour partenaire
Tyrone Power. Les années 50 s'achèvent en Amérique pour Gina.
Logiquement, les années 60 pour Gina Lollobrigida débutent à Hollywood. Elle s'illustre dans
Le Rendez-vous de septembre de
Robert Mulligan au côté de
Rock Hudson avant de rejoindre l'Europe en 1962 pour Vénus impériale de Delannoy où elle prête sa beauté à Pauline Bonaparte, La Mer à boire avec
Jean-Paul Belmondo et La Femme de paille avec
Sean Connery. Films sans grand succès à l'exception de celui de
Jean Delannoy. Privilégiant la comédie, la belle paraît encore dans Les Poupées de
Mauro Bolognini (où elle rivalise avec
Virna Lisi,
Monica Vitti et
Elke Sommer) et Moi, moi, moi... et les autres du vétéran
Alessandro Blasetti (avec
Silvana Mangano et
Walter Chiari) , avant de retrouver
Rock Hudson dans Etranges compagnons de lit de
Melvin Frank et de rejoindre avec Alec Guiness le Paradiso, hôtel du libre-échange, adapté de
Georges Feydeau par
Jean-Claude Carrière et mis en scène par l'anglais Peter Glenville.
L'actrice accompagne pourrait-on dire Delannoy dans sa chute (
Les Sultans avec
Daniel Gélin et
Louis Jourdan). Les aventures extraordinaires de Cervantes avec
Horst Buchholz, La mort a pondu un oeuf avec
Jean-Louis Trintignant,
La Marine en folie de Frank Tashlin (avec
Bob Hope,
Jeffrey Hunter et
Mylène Demongeot) ne relancent pas sa carrière.
1968 est une année charnière dans la vie de Gina puisqu'elle met fin à 19 années de mariage. Ayant perdu son impresario, elle met un frein à sa carrière après le tournage de Buona sera, madame Campbell de
Melvin Frank aux côtés de
Shelley Winters, et le pourtant remarquable Ce merveilleux automne de
Mauro Bolognini, où elle a une liaison avec un adolescent.
Lollobrigida participe avec
Lee Van Cleef et
James Mason au western parodique Les quatre mercenaires d'El Paso, avec
David Niven à la comédie de
Jerzy Skolimowski Roi, dame, valet ; elle retrouve
Luigi Comencini pour incarner la fée dans Les aventures de Pinocchio avec
Nino Manfredi en Geppetto. Elle se lance dans une nouvelle passion : la photographie, cessant de tourner après 1973 et le drame Roses rouges et piments verts avec
Danielle Darrieux et
Susan Hampshire, où elle joue une photographe justement.
En 1984, on la revoit à la télévision, notamment dans plusieurs épisodes de la la série Falcon Crest où son personnage fait montre d'une grande sensualité et du plus grand mépris (justifié) pour ses cousins américains, et en 1985 dans la télésérie Prête-moi ta vie avec
Stefanie Powers en vedette. Dans Très belle et trop naïve (1988) de
Giuseppe Patroni Griffi d'après le roman d'Alberto Moravia qui inspira La Belle Romaine trente-quatre ans plus tôt, elle joue la mère et Francesca Dellera lui succède. En 1986, elle est présidente du jury du Festival international du film de Berlin et y reçoit un prix la Caméra de la Berlinale.
Elle reçoit la Légion d'honneur en 1995 des mains du président
François Mitterrand. La même année, elle apparaît, aux côtés d'une kyrielle de grands acteurs, dans le film d'Agnès Varda, Les Cent et Une Nuits de Simon Cinéma, dans lequel la cinéaste tient un discours critique à son égard : la fée du cinéma, que Gina incarne, serait vénale. À ce jour, ses derniers rôles remontent à 1996 dans Una donna in fuga, avec Dalila Di Lazzaro et
Ben Gazzara, et dans XXL d'
Ariel Zeitoun, auprès de
Gérard Depardieu, les deux au cinéma.
Le 16 octobre 1999, Gina Lollobrigida a été nommée Ambassadrice de bonne volonté de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO).
Gina Lollobrigida se consacre aujourd'hui à la sculpture et à la photographie. Elle a annoncé le 19 octobre 2006 à la télévision italienne, son intention d'épouser Javier Rigau Rafols, 45 ans, un entrepreneur immobilier rencontré à Monte-Carlo en 1984.