Greta Gustafsson est la benjamine de Karl Alfred Gustafsson (1871-1920) et d'Anna Lovisa Johansson (1872-1944). Elle est née au 32 de la Blekingegatan à Stockholm. Sa maison natale a aujourd'hui disparu.
Ses parents sont des personnes de conditions modestes dans la Suède pauvre du début du XXe siècle. Elle avait une soeur, Alva et un frère, Sven.
Elle entra à l'Académie royale d'art dramatique de Stockholm -- le Dramaten -- en 1922 et y étudia jusqu'en 1924. C'est là qu'elle rencontra le réalisateur suédois Mauritz Stiller qui la repéra, lui enseigna les techniques cinématographiques et lui confia un rôle majeur dans son film La Saga de Gösta Berling, d'après Selma Lagerlöf en 1924. C'est à cette occasion que son mentor lui donna son nom de scène : Greta Garbo.
Arrivée à Hollywood, la carrière de Garbo prit un tournant inattendu, à son arrivée, elle n'avait rien d'une femme fatale -- Louis B. Mayer la surnommait alors « la grosse vache nordique » -- mais Arnold Genthe, un photographe de
Vanity Fair, décèle son important potentiel. Elle suit un régime amaigrissant et elle est relookée, cheveux coupés, lissés, front dégagé, yeux alourdis, sourcils réduits, regard mis en valeur.
Ses premières apparitions dans des films muets, tels Le Torrent (The Torrent) en 1926,
La Tentatrice (The Temptress) en 1926,
La Chair et le Diable (Flesh and the Devil) en 1927 ou Anna Karénine (Love) en 1928, la propulsèrent en haut de l'affiche. Le renouvellement de son contrat est l'occasion d'un long bras de fer avec Louis B. Mayer et aboutit à ce qu'elle devienne l'actrice la mieux payée d'Amérique (250 000 $ par film).
C'est dans ces premières années qu'elle rencontra John Gilbert, star du cinéma muet, avec qui elle poursuivit une relation qui défraya la chronique. La légende veut qu'elle l'ait quitté devant l'autel, ayant changé d'avis quant à leur mariage, mais la MGM utilise abondamment les scènes d'amour qu'elle interprète avec John Gilbert pour alimenter les gazettes people.
Sa carrière, contrairement à celle de beaucoup d'autres, ne s'arrêta pas avec la fin du cinéma muet. Greta Garbo fut l'une des rares stars hollywoodiennes à franchir le cap du cinéma parlant. C'est dans
Anna Christie en 1930 que le public entend pour la première fois sa voix grave et sensuelle, teintée d'un léger accent suédois. Le film fut d'ailleurs promu avec le slogan « Garbo parle » (« Garbo Talks ») et fut un véritable succès, bien que Garbo ne fût pas convaincue de sa propre performance. Quant à John Gilbert, dont la popularité baissait, il ne réussit jamais la transition vers le cinéma parlant et sa carrière s'arrêta dans les années 1930.
À partir de cette époque, on lui compose, un nouveau personnage solitaire, énigmatique. Elle devient grave, tantôt mutine, tantôt craintive, parfois intellectuelle. Elle n'assiste qu'aux premières, n'accorde plus que de rares interviews, voyage sous un nom d'emprunt. Elle arrête aussi les nombreuses séances de photos d'extérieur et ne fait plus que des portraits d'art, réalisés en studio par deux portraitistes attitrés -- Ruth Harriet Louise jusqu'en 1929, puis Clarence Sinclair Bull -- et destinés à n'être reproduit qu'en petit format pour être envoyé aux admirateurs. Même pour la promotion des films, elle n'accorde plus qu'une unique séance de pose de dix heures maximum avec 150 photos par séance réalisées.
Garbo, si quelque chose lui déplaisait lorsqu'elle tournait, disait qu'elle voulait rentrer en Suède (« I want to go home »), menace qui lui valut de voir chacun de ses voeux exaucé par ses employeurs. Garbo était connue pour ne tourner qu'à studio fermé, refusant les visiteurs lorsqu'elle jouait. Son apparition dans Mata Hari en 1932 la consacra séductrice, la censure s'offusqua même du costume suggestif qu'elle portait sur l'affiche. Elle partagea ensuite l'affiche de Grand Hôtel en 1932 en vedette avec
Joan Crawford et les frères Barrymore (
Lionel et
John).
Elle se fâcha avec la MGM en 1932 et disparut des écrans pendant presque deux ans. La réconciliation lui donna un contrôle total sur les films qu'elle tournait, et lui permit de faire remplacer
Laurence Olivier par John Gilbert pour le tournage de
La Reine Christine en 1934.
David O. Selznick la pressentit pour jouer le rôle de l'héritière mourante dans
Dark Victory en 1935, mais elle préféra tourner une nouvelle version d'Anna Karénine.
Son interprétation de la Dame aux camélias dans
Le Roman de Marguerite Gautier (Camille) en 1937 fut considérée comme la meilleure de tous les temps, et fut aussi la seule de ses performances qui trouva grâce à ses yeux. Après maintes tragédies, elle se retrouva face à
Melvyn Douglas dans la comédie
Ninotchka en 1939. En référence à une scène dans un bistrot parisien où l'héroïne part d'un éclat de rire, le film fut lancé avec le slogan « Garbo rit ! » (« Garbo laughs! »), une première dans sa carrière.
Greta Garbo fut l'une des stars les plus adulées des années 1920 et 1930, mais aussi l'une des plus secrètes. Fuyant la publicité et les ragots, elle rendit célèbre l'une de ses tirades de Grand Hôtel même dans sa vie publique : « Je veux qu'on me laisse tranquille » (« I want to be quiet alone »). Elle n'accordait ni autographe, ni interview, sauf au tout début de sa carrière, n'assistait à aucune première et ne répondait pas à ses fans. Cette prédilection pour le secret ne fit que confirmer le surnom qu'elle garda toute sa vie, « La Divine » : belle, lointaine et inaccessible.
Après l'échec relatif de son dernier film,
La Femme aux deux visages (Two Faced Woman) en 1941, Garbo mit définitivement un terme à sa carrière, au faîte de sa gloire.
Garbo a gardé sa vie privée hors des feux de la rampe. « I want to be alone » (« Je veux être seule »), l'une de ses tirades les plus célèbres à l'écran, dans
Grand Hotel, lui a été faussement attribuée à la ville. Garbo rectifia cependant après le film, arguant qu'elle n'avait jamais dit qu'elle voulait être seule, mais qu'elle voulait qu'on la laisse tranquille (« I never said, 'I want to be alone.' I only said, 'I want to be let alone.' There is all the difference. »).
Selon les lettres privées dont la publication a été autorisée en Suède en 2005 pour marquer le centenaire de sa naissance , il semblerait qu'elle ait été enfermée sur elle-même et assez dépressive.
Il semblerait également que Greta Garbo soit restée célibataire aux États-Unis en raison d'un amour homosexuel pour l'actrice suédoise Mimi Pollak avec qui elle entretint une relation épistolaire qui dura 60 ans. Lors de la naissance du fils de Mimi Pollak, elle lui envoie un télégramme en ces termes : « Incredibly proud to be a father » (« Incroyablement fière d'être père »).
Sa liaison hétérosexuelle la plus célèbre fut avec l'acteur John Gilbert. Se partageant le premier rôle pour la première fois dans Flesh and the Devil, leur « intensité érotique » se retrouve hors des studios. Il est dit que Gilbert demanda Greta Garbo en mariage trois fois et qu'il ne fut pas le seul. L'éditeur suédois Lars Saxon l'aurait aussi demandée en mariage, mais lui reçut une lettre qui confirmait que Garbo « resterait toute sa vie célibataire. Le mot « épouse » est tellement laid » (« I will probably remain a bachelor all my life. "Wife" is such an ugly word. »).
L'écrivaine Mercedes de Acosta, dont les lettres de Garbo lui étant adressées furent publiées en 2000, dit avoir eu une longue relation avec elle.
Elle a également été liée de façon plus ou moins platonique avec les actrices Marlene Dietrich, Claudette Colbert, Joan Crawford, Louise Brooks, Ona Munson, avec l'auteur Salka Viertel.
Son biographe Barry Paris note « qu'elle était techniquement bisexuelle, principalement lesbienne. »
De son propre aveu, Greta Garbo pensait que le monde avait été bouleversé par la Seconde Guerre mondiale, peut-être pour toujours. Ses films, pensait-elle, avaient leur propre place dans l'Histoire et gagneraient en valeur. Elle prit la citoyenneté américaine en 1951. Elle acheta un appartement à New York dans les années 1950, où elle vécut jusqu'à la fin de ses jours, loin de la presse. Séparée du monde hollywoodien, elle refusa catégoriquement de paraître en public.
Elle resta cependant amie avec de nombreuses célébrités, et on la vit souvent en compagnie d'Aristote Onassis,
Cecil Beaton ou Cécile de Rotschild. Elle défendait cependant jalousement sa vie privée. Elle était connue pour ses promenades dans les rues de New York affublée de grandes lunettes noires, évitant autant que possible les médias.
Elle mourut à New York en 1990 à l'âge de 84 ans, des suites d'une insuffisance rénale terminale et d'une pneumonie. Sa dépouille fut incinérée et les cendres enterrées au cimetière Skogskyrkogården à Stockholm.