Très jeune, à sept ans, Michel Bouquet est envoyé en pension avec ses trois frères, une expérience difficile, qui le marquera, pour cet enfant réservé qui doit affronter la cruauté de ses camarades.
Après ses études, il enchaîne les petits métiers : apprenti pâtissier, mécanicien-dentiste, manutentionnaire, employé de banque... pour aider sa mère seule a élever ses enfants, son père étant prisonnier de guerre.
Un jour de 1943, alors que sa mère le croit à la messe, Michel Bouquet se rend chez
Maurice Escande, sociétaire de la Comédie-Française, qui lui propose de suivre ses cours. Intégrant le Conservatoire d'art dramatique de Paris en compagnie de Gérard Philipe, il sera un compagnon de la première heure de
Jean Anouilh et André Barsacq au Théâtre de l'Atelier, puis de
Jean Vilar au TNP et au Festival d'Avignon.
Il débute sur les planches en 1944 dans La Première étape, puis obtient son premier rôle principal dans Roméo et Jeannette de
Jean Anouilh.
Parmi les célèbres prestations sur scène de Michel Bouquet notons : En attendant Godot en 1978, et Fin de partie en 1995 de Samuel Beckett, le Neveu de Rameau de Diderot en 1984, la Danse de mort de Strindberg également en 1984, Le roi se meurt de Eugène Ionesco en 1994, les Côtelettes, (Molière du meilleur comédien en 1998) de
Bertrand Blier, Avant la retraite en 1998 de Thomas Bernhard ou encore À torts et à raison en 2000 de
Ronald Harwood.
Il fait sa première apparition au cinéma dans
Monsieur Vincent de Maurice Cloche en 1947, aux côtés de
Pierre Fresnay,
Jean Carmet...
Ce comédien prolifique, raffiné, parfois énigmatique et troublant, alterne théâtre et cinéma tout en affimant préférer les planches à l'écran. Il s'est notamment fait connaître par ses interprétations de bourgeois typique des années 1970 dans l'oeuvre de
Claude Chabrol et de François Truffaut. Il n'hésite pas non plus à endosser des rôles antipathiques.
Il joue à la perfection des personnages équivoques, sombres et ombrageux. Sa silhouette ronde, son visage d'ascète et sa voix grave, lui confèrent une grande singularité et une vraie profondeur.
Il illustre l'étendue de son talent aussi bien dans la comédie que dans le drame, et en 1977 Michel Bouquet est nommé professeur au Conservatoire National d'Art Dramatique. Ses cours au conservatoire sont disponibles en CD.
Michel Bouquet reçoit le César du meilleur acteur en 2002 pour son rôle de père qui revient, bouleversant la vie de son fils dans Comment j'ai tué mon père d'
Anne Fontaine. Il gagne à nouveau la récompense quatre ans plus tard grâce à son interprétation de
François Mitterrand dans
Le Promeneur du Champ-de-Mars de Robert Guédiguian. Il a par ailleurs admirablement endossé le rôle de Javert dans "Les misérables", version Robert Hossein (avec Lino Ventura-Jean Valjean et Jean Carmet-Thénardier) en 1984, et avec un tel talent que nombre d'hugoliens considèrent cette interprétation comme l'incarnation même de Javert. Il n'était plus Michel Bouquet: il était Javert...
Il est également deux fois lauréat du Molière du meilleur comédien : en 1998 pour Les Côtelettes, écrit et mis en scène par
Bertrand Blier, et en 2005 pour Le Roi se meurt d'Eugène Ionesco.
En 2006, il reçoit le Grand Prix In Honorem de l'Académie Charles-Cros.
Il a joué également dans de nombreuses séries et téléfilms, notamment dans Les Cinq Dernières Minutes avec
Raymond Souplex, ou dans Maigret avec
Bruno Cremer.
Il devait tourner un film: Le Goût Des Myrtilles avec Marie Otal, qui devait jouer son amante, mais celle-ci est morte le 17 novembre 2009 à Bruxelles, peu de temps avant le tournage.
Michel Bouquet a été marié à
Ariane Borg, elle-même comédienne. Ils ont divorcé. Il vit depuis avec Juliette Carré. Contrairement à ce qu'une partie de la presse affirme, il n'est pas le père de la comédienne
Carole Bouquet et n'a par ailleurs aucun lien de parenté avec elle.
Il est aujourd'hui considéré comme l'un des plus grands acteurs français. Il a marqué le théâtre, en participant à l'introduction, en France, de l'oeuvre de Pinter et en reprenant souvent quelques grands rôles : ainsi a-t-il interprété à plusieurs reprises Le Neveu de Rameau de Diderot, L'Avare de Molière ou encore Le Roi se meurt d'Eugène Ionesco, qu'il reprendra en septembre 2010 à la Comédie des Champs-Elysées dans une mise en scène de Georges Werler.