Dernière grande figure de l’âge d’or du cinéma américain, Olivia de Havilland est morte hier à 104 ans dans son domicile du 16e arrondissement de Paris, où elle vivait paisiblement depuis une cinquantaine d’années. L’actrice, deux fois oscarisée, s’était fait connaître aux côté d’Errol Flynn dans quelques classiques du cinéma d’aventure avant de camper le personnage inoubliable de Melanie dans le cultissime Autant en emporte le vent (1939), où elle opposait sa bienveillance à l'impétuosité de Scarlett O'Hara. Si du reste on a longtemps voulu la cantonner aux rôles de jeunes filles bien élevées, tout la poussait à se défaire de l’étreinte corsetée de la bonne société. Tenant tête à la Warner, elle rejetait les rôles qui ne lui convenait pas, jusqu’à mener une bataille juridique qui fera date dans la protection des acteurs contre les studios hollywoodiens. Son modèle, Bette Davis, “ne se souciait pas de savoir si elle avait l'air bonne ou mauvaise. Elle voulait juste jouer des rôles complexes, intéressants, fascinants ; une variété d'expériences humaines.” confiait-elle au Times en 1988. C’est ainsi qu’elle se métamorphosa en schizophrène dans La Fosse aux serpents (1949) d'Anatole Litvak ou s’enlaidit dans L'Héritière (1949) de William Wyler, avec une précision qui suscite encore l’admiration aujourd'hui. On a beaucoup glosé de sa rivalité avec sa soeur Joan Fontaine, mais elles s’étaient réconciliées avant la mort. Toute sa vie, Olivia de Havilland aura fait face à l’adversité avec l’aplomb lumineux des êtres libres. Est-ce la récente polémique autour d’Autant en emporte le vent qui aura commandé de souffler la dernière bougie ? Ca n’éteindra pas pour autant la flamme.