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Cannes 2012 : Rencontre avec Michel Gondry autour de son film The We and the I

Rencontre | Par Hugues Derolez | Le 19 mai 2012 à 19h15

Pour l'ouverture de la Quinzaine des Réalisateurs a Cannes, le réalisateur Michel Gondry nous présente son nouveau film, The We And The I.

En parallèle de l'aventure The Green Hornet, film d'action geek porté par Seth Rogen (qui avait peu convaincu), Gondry s'est encore lancé dans une folle expérimentation : créer un atelier théâtre et vidéo dans un lycée du Bronx dans l'espoir de pouvoir développer un film avec ces élèves. Ils écriront un script, inspiré de leur propre quotidien, pour le jouer ensuite devant la caméra. Plusieurs mois de préparation, un tournage fragmenté, un espoir qu'un jour ce rêve voit le jour. Et le résultat est ébouriffant.

Road-trip qui avance sans direction, escapade métaphysique emplie de braillements d'adolescents, The We and the I cristallise le difficile quotidien d'enfants du Bronx en un trajet de bus de deux heures. Les inimitiés font rage, les voyous font la loi, et les autres essaient de s'en sortir, sans trop se faire remarquer. Au fur et à mesure du trajet, certains jeunes descendent du bus pour rentrer chez eux, ils disparaissent alors ; aléatoire cartographie du destin. L'été approche, c'était le dernier jour de classe, les négociations tournent autour d'une question cruciale : qui s'apprécie assez pour se revoir durant les trois mois à venir ?

Et le bus roule, file au son d'un Bronx turgescent, accidenté, plein de musiques et de silences pesants. C'est très naturellement un trajet vers l'âge adulte qui s'amorce. D'abord conte jovial où quelques enfants bagarreurs rêvent de prendre le pouvoir sur les autres (à la manière d'un Green Hornet sans le sou), les tractations sociales et les peines que s'infligent les uns aux autres vont prendre de plus en plus d'ampleur, et installer un chaos lourd, un jeu de chaises musicales des sentiments. Ce sont les premières peurs adultes qui surgissent : la peur d'être seul, incompris, d'être avec la bonne personne, d'être le bon soi-même. Petit à petit, le bus se vide ; protagonistes sacrifiés sur l'autel de la fiction. Et on retrouve alors de l'écume amère qui apparaissait déjà dans La Science des rêves. Le téléphone sera le seul lien palpable entre ces adolescents et le monde extérieur. Ils apprendront finalement de terribles nouvelles, et devront s'extirper de ce bus si confortable pour retrouver une tristesse dont ils furent écartés pendant quelques heures. Las mais désormais irrévocablement liés les uns aux autres.

Merci à l'équipe d'Accreds.fr pour leur aide.

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1 commentaire
  • Brazilover
    commentaire modéré Gondry semble avoir tout compris à l'adolescence, tant ce qu'il dit est représentatif de l'adolescence d'aujourd'hui que je vis et que j'observe également; The We And The I va être sans doute grand.
    21 mai 2012 Voir la discussion...
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