Son père Jules Blier étant biologiste à l'Institut Pasteur les aléas de son métier ont fait que le petit Bernard a vu le jour en Argentine.
De retour en France, la famille Blier s'installe à Paris où Bernard mène des études sans enthousiasme au lycée Condorcet. Abandonnant lentement ses études, il commence à prendre des cours de théâtre en 1931.
Il se produit pour la première fois sur scène en 1934 à La Ciotat devant une salle à moitié pleine pour un cachet de 50 francs. Ensuite, il s'inscrit au Conservatoire où il intègre la classe de
Louis Jouvet. Après trois échecs, il est enfin reçu en 1937. C'est au conservatoire qu'il fait la rencontre de deux grandes personnalités qui resteront ses amis : François Périer et
Gérard Oury.
Il fait quelques apparitions au théâtre puis au cinéma jusqu'à Hôtel du Nord réalisé par Marcel Carné en 1938, avec
Arletty et
Louis Jouvet. Un bonheur ne venant jamais seul, au mois d'avril 1938, il épouse Gisèle qui lui donnera, le 14 mars 1939, le petit
Bertrand. Il tourne ensuite Le jour se lève, en 1939, avec
Jean Gabin. C'est le début d'une longue amitié entre les deux hommes.
En juillet 1939, c'est le concours de sortie du Conservatoire, le jury choisi ne lui décerne pas de prix. Au même moment, la Seconde Guerre mondiale éclate.
Bernard, comme tant de Français, est mobilisé. Il se retrouve deuxième classe dans un régiment d'infanterie à Mayenne. Il passe son temps à écrire des lettres pleines de désarroi. Suite au 10 mai 1940, il est fait prisonnier, il sera interné dans un camp en Autriche (le Stalag XVII-A). Il entame malgré lui, une spectaculaire cure d'amaigrissement. Aprés un an, il perd 27 kilos et se fait rapatrier comme sanitaire. De retour à Paris, il court le cachet avec son nouveau physique : celui d'un séducteur. Des amis comme
Christian-Jaque,
Claude Autant-Lara et
Marcel Achard lui permettent de survivre en lui offrant des petits rôles au cinéma ainsi qu'au théâtre.
À la Libération, il enchaîne film sur film et, chaque soir, il se produit au théâtre et fait des interventions à la radio.
Dans les années 1950, il joue des seconds rôles avec les plus grands réalisateurs, mais il lui faudra attendre le début des années 1960 pour obtenir des rôles à sa mesure.
En 1958, le cinéma italien fait appel à lui et lui donne des rôles dramatiques dignes de son talent. Il tournera plus de trente films dans ce pays.
Sa collaboration avec
Georges Lautner,
Henri Verneuil et
Michel Audiard, qui lui écrit des textes cousus main, en font un acteur incontournable du cinéma français.
Les années 1960 sont celles de la réussite. Des rôles inoubliables dans des films devenus classiques. Il donne la réplique aux plus grands (
Jean Gabin,
Jean-Paul Belmondo,
Lino Ventura,
Louis de Funès...) dans des tournages qui se passent dans la bonne humeur et l'amitié. Il tourne aussi dans des films sans prétention où il excelle dans les rôles de gangsters maladroits aux côtés de son complice
Jean Lefebvre (
Quand passent les faisans, Du mou dans la gâchette, C'est pas parce qu'on a rien à dire qu'il faut fermer sa gueule, ... ).
Fin des années 1960, il connaît un petit creux en France, mais, début 1970, une nouvelle génération va lui donner un nouveau départ.
Il tourne en compagnie de
Pierre Richard et
Jean Yanne et crée un nouveau rôle : celui du comique méchant. Le public en redemande et il enchaîne tournage sur tournage. En 1975, un grand moment arrive : il tourne sous la direction de son fils dans
Calmos. Le film n'aura pas le succès escompté mais le père et le fils récidiveront en 1979 avec
Buffet froid, un chef-d'oeuvre d'humour noir. Entre-temps, en 1976, il est remonté sur les planches et a créé À vos souhaits au théâtre des Champs-Élysées. En 1981, il joue Le Nombril de
Jean Anouilh au Théâtre de l'Atelier à Paris.
Les années 1980 se passent surtout en Italie où il est considéré comme un mythe.
Le 20 juin 1986, il est récompensé d'un Donatello du meilleur second rôle (Le César italien) pour
Pourvu que ce soit une fille.
En 1985, un cancer de la prostate est détecté. Ses proches refusent de lui dire la vérité et il continue d'enchaîner les tournages. Le mal continue sa progression et atteint les os. Le cinéma français lui attribue le César d'honneur en 1989. Lorsqu'il parait sur la scéne de l'Empire, Bernard Blier n'est plus que l'ombre de lui-même, il arrive à petit pas, prend sa statuette et puis s'en va.
Le 29 mars 1989, il meurt à la clinique du Val d'Or, à Saint-Cloud des suites de son cancer.