Issu d'une famille d'ouvriers, Helmut grandit dans un contexte de guerre mais aussi dans "le culte du corps et de la race chers à l'idéologie dominante" (Ciné Revue), et trouve ses premiers plaisirs dans la littérature allemande approuvée par le régime nazi. Au sortir de la guerre, le délabrement de l'Allemagne et la déchéance civile de son père poussent le jeune homme dans la mauvaise voie, livré à lui-même dans une société décomposée. Dès douze ans, il fait partie d'une bande organisée qui attaque et pille les convois d'approvisionnement en produits de première nécessité. Cependant il s'en tire avec les honneurs : lorsque son père est réhabilité, il passe son baccalauréat et étudie la littérature à l'université de Hambourg.
Griem était familier de toutes les grandes scènes germanophones : le Thalia Theater et le Deutsches Schauspielhaus à Hambourg, le Burgtheater à Vienne, les scènes de Berlin (notamment le Schillertheater), le Kammerspiele à Munich, et enfin le Residenztheater, également à Munich. En 1968 il remporte le prix du meilleur acteur de la scène berlinoise (10 000 marks) dont il fait don aux étudiants en art dramatique nécessiteux.
Helmut débute dans une troupe itinérante baptisée Theater frei Haus puis rejoint le cabaret littéraire Hamburger Buchfinken. Le directeur du Grand Théâtre de Hambourg le remarque et l'engage pour remplacer au pied levé l'acteur principal de la pièce Regenmaker. Il reste dans cet établissement prestigieux jusqu'en 1957. Le comédien est alors engagé par le Kölner Theater. À la même époque, il s'essaie à la télévision, dans des adaptations de la nouvelle
Pierre et Jean de Maupassant et de la pièce La Cruche cassée de
Heinrich von Kleist, et au cinéma dans Fabrique d'officier SS de Frank Wisbar (qui augure clairement de ses emplois à venir) et en jeune premier menacé de fadeur dans la comédie musicale Le Rêve de mademoiselle Tout-le-monde de Helmut Käutner. L'expérience sur grand écran ne le convainc guère et le déçoit même durablement, selon son propre aveu.
Sa longue collaboration avec les metteurs en scène Hans Lietzau et Hans Bauer s'achève en 1973 et marque son éloignement de la scène.
Helmut Griem a mis en scène lui-même des oeuvres comme Long Day's Journey Into Night d'Eugene O'Neill à la Münchner Kammerspiele. Il n'a pas pu commencer le travail qu'il avait prévu sur la pièce L'une et l'autre de Botho Strauss.
Au cinéma, il internationalise sa carrière cinématographique dès 1962, travaillant en Italie avec
Luchino Visconti (à deux reprises) et en France avec
Michel Deville (dans un registre plus léger).
En définitive, l'acteur travaillera peu avec les principaux metteurs en scène de son pays, mis à part Volker Schlöndorff et
Rainer Werner Fassbinder (pour une apparition dans la série Berlin Alexanderplatz), auxquels on peut ajouter Hans Geissendörfer - pour La Cellule de verre (nommé aux Oscars) et La Montagne magique à la télévision - et Peter Fleischmann pour La Maladie de Hambourg (sur un scénario de
Roland Topor). En revanche, il tourne dans des films signés par l'italien
Valerio Zurlini (le Désert des Tartares), le polonais Krzysztof Zanussi, les français
Chantal Akerman, Jacques Rouffio (avec pour partenaire
Romy Schneider) et
Claude Chabrol (pour une adaptation de Goethe sur le petit écran), les américains
Lamont Johnson et
Stuart Rosenberg (Le Voyage des damnés avec
Oskar Werner).
À la télévision, Griem explore particulièrement la veine littéraire, de Dostoïevski à
Arthur Miller en passant par Anouilh ; il incarne Bel Ami, le héros cynique de Maupassant et le
Don Carlos de Schiller. Dans une autre veine, il incarne Rommel dans Le Complot contre Hitler. Sur le tard, Helmut Griem paraît dans des productions internationales telles que Peter le Grand et Charlemagne.
À côté de ses nombreux films et téléfilms, deux rôles ont marqué la carrière de Griem. D'une part, dans Les Damnés de
Luchino Visconti, Helmut personnifie le mal en officier SS encore. Ainsi son personnage, le mystérieux Aschenbach, ambassadeur du régime nazi auprès de la famille von Essenbeck, devient l'ange de la perdition, qui mènera la dynastie industrielle jusqu'à la déchéance la plus totale, transformant l'héritier (
Helmut Berger) en instrument de décadence et de folie. D'autre part, dans le film oscarisé
Cabaret de
Bob Fosse, il joue le rôle du riche baron Maximilian von Heune, aux côtés de
Liza Minnelli et de
Michael York.
Il meurt le 19 novembre 2004 à Munich. Sa tombe se trouve au cimetière d'Ohlsdorf à Hambourg.
- Cabale et Amour de Friedrich Schiller : Ferdinand
- Léonce et Léna de Georg Büchner : Leonce
- Comme il vous plaira de William Shakespeare : Orlando
- La Ménagerie de verre de Tennessee Williams : Tom
- Richard II de William Shakespeare : rôle titre
- La Cerisaie d'Anton Tchekhov : Lopachin
- Der Menschenfreund de Christopher Hampton : Philipp. Direction : Dieter Dorn
- Le Prince de Hombourg de Heinrich von Kleist : rôle titre
- Les Bonnes de Jean Genet : Claire
- Philoctète de Heiner Müller : rôle titre
- Les Brigands de Friedrich von Schiller : Karl Moor
- My Fair Lady : professeur Higgins
- Troïlus et Cressida de William Shakespeare : Thersites
- Faust de Goethe : rôle titre
- Qui a peur de Virginia Woolf ? d'Edward Albee : George
- 1958 : Die Brüder de Egon Monk d'après Pierre et Jean de Maupassant (TV)
- 1959 : Der zerbrochen Krug de Joachim Hess d'après Heinrich von Kleist (TV)
- 1960 : Fabrik der Offiziere de Frank Wisbar
- 1961 : Bis zum Ende aller Tage de Franz Peter Wirth
- 1961 : Barbara (Barbara - wild wie das Meer) de Frank Wisbar avec Harriet Andersson
- 1963 : Don Carlos de Wirth d'après Schiller (TV) : Don Carlos
- 1963 : À cause, à cause d'une femme de Michel Deville : Johann Muller
- 1964 : Die Sanfte de Willi Schmidt d'après Dostoïevski (TV)
- 1965 : Christmas Heimreise de Ludwig Cremer d'après Hugo von Hofmannsthal (TV)
- 1965 : Antigone de Wirth d'après Jean Anouilh (TV)
- 1967 : Blick von der Brücke de Cremer d'après Arthur Miller (TV)
- 1967 : Bel Ami de Helmut Käutner d'après Maupassant (TV) : Georges Duroy alias Bel Ami
- 1969 : Les Damnés de Luchino Visconti
- 1969 : L'Evasion du capitaine Schlnetter de Lamont Johnson avec Brian Keith
- 1972 : Cabaret de Bob Fosse : Maximilian von Heune
- 1972 : Die Moral der Ruth Halbfass de Volker Schlöndorff avec Margarethe von Trotta, Senta Berger
- 1972 : Ludwig, le crépuscule des dieux de Luchino Visconti
- 1975 : Children of Rage d'Arthur Allan Seidelman avec Olga Georges-Picot, Cyril Cusack, Jacques Sernas
- 1976 : Le Voyage des damnés de Stuart Rosenberg
- 1976 : Ansichten eines Clowns de Vojtech Jasný d'après le roman de Heinrich Böll avec Hanna Schygulla
- 1976 : Le Désert des Tartares de Valerio Zurlini : Tenente Simeon
- 1978 : La Cellule de verre de Hans W. Geissendörfer avec Brigitte Fossey
- 1978 : Les Rendez-vous d'Anna de Chantal Akerman
- 1979 : La Percée d'Avranches d'Andrew V. McLaglen avec Richard Burton, Robert Mitchum, Rod Steiger, Curd Jürgens : Major Stransky
- 1979 : La Maladie de Hambourg de Peter Fleischmann avec Fernando Arrabal
- 1980 : Kaltgestellt de Bernhard Sinkel avec Angela Molina
- 1980 : Berlin Alexanderplatz de Rainer Werner Fassbinder (TV) un épisode
- 1980 : Bizarre Bizarre (TV) un épisode
- 1981 : Malou de Jeanine Meerapfel avec Ingrid Caven, Ivan Desny
- 1982 : La Montagne magique (Der Zauberberg) de Hans W. Geissendörfer : James Tienappel
- 1982 : La Passante du Sans-Souci de Jacques Rouffio
- 1982 : Versuchung de Krzysztof Zanussi avec Mathieu Carrière
- 1982 : Les Affinités électives de Claude Chabrol d'après Goethe (TV) avec Stéphane Audran : Edouard
- 1984 : Le Lieutenant du diable de John Goldschmid d'après Maria Fagyas (TV deux parties) avec Ian Charleson, Claudine Auger : Kunze
- 1986 : The Second Victory de Gerald Thomas avec Anthony Andrews, Mario Adorf, Max von Sydow, Wolfgang Preiss
- 1986 : Caspar David Friedrich de Peter Schamoni
- 1986 : Pierre le Grand de Marvin J. Chomsky avec Maximilian Schell, Lilli Palmer, Omar Sharif, Vanessa Redgrave, Laurence Olivier (TV) : Alexandre Menchikov
- 1988 : Faust de Dieter Dorn d'après Goethe
- 1989 : Hard Days, Hard Nights de Horst Königstein avec Al Corley, Rita Tushingham
- 1989 : A proposito o di quella strana ragazza de Marco Leto avec Joely Richardson
- 1990 : Stauffenberg - Verschwörung gegen Hitler/Le Complot contre Hitler de Lawrence Schiller avec Brad Davis, Ian Charleson (TV) : Rommel
- 1990 : Charlemagne, le prince à cheval de Clive Donner avec Annie Duperey, Xavier Deluc, Nils Tavernier (TV)
- 1993 : Verlassen Sie bitte Ihren Mann ! de Reinhard Schwabenitzky
- 1994 : Nom de code : Missus de Alberto Negrin (TV en deux parties) avec Wadeck Stanczak, Jacques Perrin, Mario Adorf : monseigneur Kastner
- 1995 : Brennendes Herz de Peter Patzak avec Dominique Sanda
- 1997 : The Lost Daughter de Roger Cardinal avec Richard Chamberlain (TV)
- 2001 : Lourdes de Ludovico Gasparini avec Alessandro Gassman, Florence Darel, Sydne Rome (TV)
- 2004 : Liebe auf Bewährung de Marco Serafini avec Thekla Carola Wied (TV)
Helmut Griem donna sa voix à
James Garner (Sexy !) et à
Sam Shepard (Homo Faber).