Clown, cinéaste, dessinateur, gagman, magicien, affichiste : la palette de talents de Pierre Étaix est vaste. Originaire de Roanne où il naît en 1928, graphiste de formation, initié à l'art du vitrail par le maître Théodore-Gérard Hanssen, Pierre Étaix construit essentiellement sa carrière autour du comique. Il s'établit à Paris où il vit d'illustrations tout en se produisant dans les cabarets et music-halls, tels Le Cheval d'Or, Les Trois Baudets, A.B.C et l'Alhambra, Bobino et l'Olympia, ainsi qu'au cirque avec le clown Nino. Il rencontre
Jacques Tati en 1954 pour lequel il travaille comme dessinateur et gagman à la préparation de son film
Mon oncle, puis comme assistant réalisateur sur le tournage (1958). Il se produit avec son numéro de music-hall, en 1960, dans le spectacle de
Jacques Tati : Jour de fête à l'Olympia. Pierre Étaix s'inscrit dans le prolongement des grands maîtres du slapstick (cinéma comique du temps du muet) tels,
Buster Keaton,
Harold Lloyd,
Harry Langdon, Max Linder, Charlie Chaplin et Laurel et Hardy qu'il admire sans limite et auxquels il a rendu graphiquement de nombreux hommages.
Son apprentissage de la construction comique proprement cinématographique avec Jacques Tati le conduit assez naturellement à la réalisation de son premier court métrage
Rupture, qu'il co-signe avec
Jean-Claude Carrière. Au lendemain du tournage du film, Pierre Étaix présente à son producteur l'idée du son deuxième court métrage
Heureux anniversaire, également co-signé avec Jean-Claude Carrière. Le film obtient, entre autres, l'oscar du meilleur court métrage en 1963.
Il réalise son premier long métrage
Le Soupirant en 1962, puis
Yoyo en 1964, où il rend un vibrant hommage au monde du cirque qui le fascine depuis toujours. Il réalise ensuite deux autres longs métrages Tant qu'on a la santé (1965) Le Grand Amour (1968), qu'il co-écrit avec
Jean-Claude Carrière.
Durant l'été 1969 il réalise Pays de cocagne en 16 mm, film pour lequel il est honni par la critique qui ne lui pardonne pas son triste constat de l'épanouissement de la société de consommation, au lendemain de mai 68. Dès lors, il entame une longue traversée du désert au niveau cinématographique.
Devant la raréfaction des artistes de cirque français, Pierre Étaix prend la décision de fonder l'École nationale de cirque (1973), avec
Annie Fratellini (épousée en 1969), et se produit essentiellement en clown blanc avec elle, durant les tournées de leur propre cirque, après avoir longtemps joué l'Auguste.
En 1985, il signe sa première pièce de théâtre L'âge de monsieur est avancé, authentique hommage à
Sacha Guitry et à l'art du théâtre. On lui refuse cependant la mise en scène, que l'on confie à
Jean Poiret. Devant le succès de la pièce, on lui demande l'adaptation télévisuelle en 1987. Il réalise le film et interprète le rôle principal avec pour partenaires
Nicole Calfan et
Jean Carmet. L'année suivante il répond à une commande de La Sept pour une soirée thématique sur Georges Méliès et réalise le court métrage en images de synthèse Rêve d'artiste ou le cauchemar de Méliès interprété par Christophe Malavoy, ainsi que le feuilleton Rapt de la série Souris noire qui obtient le FIPA d'argent.
En 1989, il se voit confier la réalisation du premier film de fiction en format omnimax, J'écris dans l'espace, pour la Géode de la Villette en 1989 ; commande qui lui est faite pour les célébrations du bicentenaire de la Révolution, autour d'un sujet imposé sur l'invention du télégraphe, dont il écrit le scénario avec Jean-Claude Carrière. Son intérêt pour le procédé - réservé jusque-là aux documentaires animaliers ou paysagers et à l'incontournable circuit des montagnes russes foraines - est motivé par cette nouvelle forme d'expression différant nettement du processus classique du cinéma, par le rapport qui est instauré entre le spectateur et l'image projetée. C'est avec ce dernier film que s'arrête la carrière cinématographique de Pierre Étaix. Les sujets qui lui tiennent à coeur, quatre scénarios qu'il a écrit entre 1974 et 1986 : B.A.B.E.L, Aimez-vous les uns les autres ?, Nom de Dieu et Fôst, ne verront pas le jour. Le projet de B.A.B.E.L coécrit avec Christian Rolot et Francis Ramirez pour lui et
Jerry Lewis, son ami de toujours, est refusé par un nombre impressionnant de producteurs sollicités. Le coût du film, la désaffection du public pour
Jerry Lewis, sont les arguments invoqués.
Malgré l'impossibilité de faire aboutir les projets qui lui tiennent à coeur , il ne cesse cependant de travailler.
Sa maîtrise du son et son utilisation comique dans chacun de ses films, où les gags évoluent sans cesse, font actuellement de Pierre Étaix l'unique représentant du slapstick en France, tout comme
Jerry Lewis aux États-Unis.
En 2009, Pierre Étaix prépare un spectacle de music-hall, et co-écrit un moyen-métrage avec
Jean-Claude Carrière. Il a aussi l'intention de remonter au théâtre sa pièce L'âge de monsieur est avancé déjà présentée en 1985.
En octobre 2009, c'est la consécration, le Festival Lumière à Lyon, qui s'est donné pour objectif principal la restauration de films ainsi que leur projection le temps du festival dans tout le Grand Lyon, a reconnu les talents de Pierre Étaix en créant une rétrospective Vive Pierre Etaix !.
En janvier 2010, il remonte sur les planches, avec son nouveau spectacle de music-hall Miousik Papillon, où alliant musique et slapstick, il réapparaît sous les traits de Yoyo, à Bordeaux d'abord, puis à Lausanne et en tournée en France.