Fille d'un cheminot sicilien et d'une mère anglaise, elle est élevée dans un climat de pauvreté et de privation, avec son frère aîné Roy et ses deux soeurs cadettes, Patrizia et Natascia. Elle découvre la danse à l'Opéra et, pendant sept ans, sa mère fera l'effort de lui payer des cours de danse chez Jia Ruskaya, à Milan. Silvana devient ensuite mannequin à l'atelier Mascetti. Elle participe à plusieurs concours de beauté et se voit élue Miss Rome en 1946. Elle concourra au titre de Miss Italie, aux côtés de
Lucia Bosé (élue Reine),
Gina Lollobrigida,
Eleonora Rossi Drago et
Gianna Maria Canale, qui toutes feront carrière dans le cinéma.
Elle prend ensuite des cours de comédie et rencontre à cette occasion son premier grand amour,
Marcello Mastroianni. Leur union durera toutefois peu de temps, mais ils se reverront régulièrement sur les plateaux de tournage. Sa première apparition au cinéma sera dans une figuration en 1945 dans un film français, Le Jugement dernier de René Chanas. Le metteur en scène Mario Costa la remarque à cette époque et lui fait tourner un petit rôle dans L'Elixir d'amour.
La consécration arrive dès 1949 avec
Riz amer (Riso amaro) de
Giuseppe De Santis : elle campe une repiqueuse de riz provocante, à la peau blanche, des bas à mi-cuisses et l'air effronté et s'impose comme le premier « sex-symbol » de l'Italie d'après-guerre, une sorte de réponse nationale à la hollywoodienne
Rita Hayworth. Son mariage avec le producteur Dino De Laurentiis, la même année, lui permet de gérer au mieux sa carrière : dans les saisons à venir, il la fera travailler avec les plus célèbres acteurs, aussi bien italiens comme
Vittorio Gassman,
Raf Vallone,
Alberto Sordi ou
Nino Manfredi qu'internationaux comme
Kirk Douglas,
Anthony Quinn ou
Anthony Perkins, devant les caméras de cinéastes de prestige tels que
Mario Camerini,
Vittorio De Sica,
Mario Monicelli,
Luchino Visconti ou
Pier Paolo Pasolini.
Séduisante, passionnée, pathétique ou drôle, elle s'adapte à tous les rôles. Et les succès s'accumulent à raison d'environ un tournage par an. Hormis deux incursions dans le genre péplum, l'une avec
Mario Camerini pour Ulysse en 1955, l'autre avec
Richard Fleischer pour
Barabbas en 1962, elle offre de superbes compositions dans Anna avec
Lattuada, L'Or de Naples avec
de Sica,
Hommes et loups avec
de Santis,
La Grande Guerre avec
Monicelli, Chacun son alibi avec
Camerini ou Le Procès de Vérone avec
Lizzani.
Au fur et à mesure, son activité se fait plus sélective. Elle choisit des sujets de qualité qui deviendront des oeuvres admirables. Ce sera d'une part avec
Pasolini pour OEdipe roi en 1967, Théorème en 1968, Le Décaméron en 1971 et d'autre part avec
Visconti pour Mort à Venise en 1971, Ludwig ou le crépuscule des dieux en 1972,
Violence et passion en 1974 sans oublier leur co-réalisation des Sorcières en 1966.
Après 1974, elle quitte les plateaux de tournage pour se consacrer à sa vie familiale. On ne la reverra qu'en 1984, dans Dune, le film de
David Lynch produit par sa fille, Raffaella de Laurentiis, et en 1987 aux côtés de
Marcello Mastroianni dans
Les Yeux noirs (Oci ciornie) de
Nikita Mikhalkov.
Silvana Mangano laisse le souvenir d'une très grande actrice, estimée du public et de la profession, et d'une star de premier plan, d'une beauté singulière et impressionnante, capable de la plus grande distinction (Mort à Venise) et d'autant de vulgarité (L'Argent de la vieille,
Violence et Passion ; elle fut sorcière, mère d'Oedipe, amante de l'ange
Terence Stamp, et la Madone, Reine du Ciel dans Le Décaméron.
Mariée au producteur Dino De Laurentiis en 1949, avec qui elle a quatre enfants: Veronica (née en 1950), Raffaella (née en 1952), Federico (1955-1981), Francesca (née en 1961). La disparition de Federico, le 15 juillet 1981, à l'âge de 26 ans, dans un accident d'avion en Alaska avait plongé l'actrice dans une période de dépression et mena à la séparation du couple en 1983. Elle s'éteindra six ans plus tard dans une clinique madrilène, victime d'une tumeur aux poumons.