Tout savoir sur The Social Network, de David Fincher et Aaron Sorkin
Aujourd'hui n'est pas un jour comme les autres. Nous sommes mercredi, et c'est la sortie en France de The Social Network. Attendu au tournant partout, le nouveau David Fincher (qui n'est pas qu'un David Fincher mais aussi un Aaron Sorkin), a déjà jackpoté la semaine dernière aux Etats-Unis en réalisant un démarrage fulgurant évoqué ici.
En France comme partout ailleurs, la sortie du film a été précédée par un buzz gigantesque. Qui a pu, sur le web, passer à côté de la toute première affiche du film, le tout nouveau trailer et toute la campagne virale qui a suivi ?
L'histoire du film
Mais de quoi s'agit-t-il au juste? De l'adaptation d'un livre-enquête de Ben Mezrich, La Revanche d'un solitaire. Le pitch est simple : c'est la success-story non préméditée de la décennie qui part de la vengeance d'un jeune homme vexé d'avoir été quitté par sa copine. D'où l'idée sournoise de vouloir établir un concours de miss Harvard sur internet, voici d'ailleurs en images le début de cette initiative :
L'algorithme pour classer les filles extrait de The Social Network
Après ce panel d'étudiantes d'Harvard (d'où le terme facebook), la vengeance se transforme en projet ambitieux à savoir créer un réseau social interne se différenciant des sites de rencontres comme l'explique ici le héros à son complice :
Pas un site de rencontre, un réseau social extrait de The Social Network
Le réseau social connaîtra l'essor international qu'on lui connaît.
Mais qui sont Aaron Sorkin et David Fincher ?
Le duo gagnant de l'année est sans conteste composé du scénariste Aaron Sorkin et du réalisateur David Fincher. A ma gauche, l'un des scénaristes les plus populaires de l'histoire des séries (auteur de A la maison blanche / The West Wing entre autres) et désormais figure incontournable du cinéma.
A ma droite un réalisateur à la filmo très éclectique, enchaînant blockbusters exigeants, et succès publics et critiques à répétitions. Sa carrière décolle vraiment avec Alien 3 et est boostée par quelques thrillers tels que Panic Room, Fight Club, Seven et The Game pour parvenir à un cinéma plus classique, qui prend son temps, moins speed. A partir de Zodiac, la patte Fincher change en effet. Misant davantage sur la psychologie des personnages que sur les scènes d'action, et les héros au sens premier du terme, il se pose et évacue la violence crue de ses films précédents. Ainsi, dans Zodiac on ne voit rien, dans Benjamin Button, on atteint presque le summum de la mièvrerie en deuxième partie du film.
Un casting de "people next door"
Jesse Eisenberg, Andrew Garfield, Rooney Mara, Rashida Jones, Max Minghella... Tous ces noms ne vous disent sans doute pas grand chose. Ils incarnent tous les héros de The Social Network. Habitué à collaborer avec les plus grandes stars hollywoodiennes, Fincher opte ici pour un casting de personnalités peu connues (même si on tient là plusieurs futures mégastars). Seul le choix du chanteur et acteur Justin Timberlake détonne et renforce la côte de popularité du film auprès d'un public plus large.
Renforcer l'idée de personnes ordinaires sans relations hiérarchiques entre elles, faciliter l'identification, tels sont les atouts d'un tel casting.
Un film encensé par la presse mais parfois taxé de misogynie
Certains blogueurs outre-atlantique ont taxé le film de misogyne. Pas seulement à cause du héros dépeint comme maladroit, mal dans sa peau et misogyne comme en témoigne cet extrait :
Tu m'as traité de pétasse sur internet extrait de The Social Network
Egalement et surtout parce que les filles sont considérées comme des objets sexuels, et des individus avides de popularité comme le montre cet extrait avec des filles qui veulent séduire par tous les moyens (et pas forcément les plus subtiles) les créateurs de facebook :
T'as créé Facebook? Cool... extrait de The Social Network
Cependant, dans le premier extrait ci-dessus, on constate avec quelle verve la jeune Rooney Mara insultée, arrive à se défendre et à prendre le dessus très facilement. Si certaines filles sont vues comme des objets dans le film pour certains, d'autres s'imposent de façon magistrale (Ronney Mara, Rashida Jones en tête). Le scénariste Aaron Sorkin a par ailleurs répondu à ces critiques en expliquant que la génèse de Facebook était elle-même misogyne.
Un succès inattendu pour un film « de salles de réunions »
Tourné en intérieurs entre le campus de l'université et les bureaux des avocats, ce film s'insère dans une tradition du film à procès remontant à Lubitsch. Le succès est d'autant plus surprenant que le film est plébiscité par les publics de différents horizons. Certes, Panic Room était un huis-clos, mais mis en scène comme un film d'action sur-vitaminé. The Social Network se focalise sur les joutes verbales et donne une impression d'enfermement. On se retrouve dans un climat ténébreux et inquiétant déjà visible grâce aux nombreux extraits promo dévoilés.
Les réactions du crew Facebook
The Social Network a fait l'objet d'une projection privée pour les salariés du groupe. 1 200 personnes s'y sont rendues. Mais pas le patron, principal sujet du film, Mark Zuckerberg s'est retranché derrière le mot "fiction" à de multiples reprises pour décrire le long métrage de Fincher et s'est juré de ne jamais voir le film.
Même son de cloche du côté de hauts responsables de la société Facebook : le film n'aurait rien à voir avec la réalité et Zuckerberg ne serait pas le personnage décrit par le réalisateur. Sur le réseau lui-même, le film est commenté. Des dizaines de « pages de fans » du film ont émergé. Sur Twitter, les utilisateurs aussi recommandent de se rendre dans les salles obscures.
La musique signée Trent Reznor et son hommage à Fritz Lang
Leader infatigable du groupe Nine Inch Nails, Trent Reznor a écrit la musique de The Social Network avec Atticus Ross, collaborateur régulier de NIN et compositeur de The Book of Eli des frères Hugues en 2010. Fincher délaisse ainsi Howard Shore et Alexandre Desplats pour enrôler le roi du rock-electro qu'on avait entendu sur les soundtracks de Fight Club ou mieux, Lost Highway de David Lynch.
Purement instrumentale, cette BO (à écouter sur Spotify) mêle sonorités électroniques et orchestres symphoniques. Cerise sur le gâteau : on y trouve une reprise très drôle et électrique de Peer Gynt d'Edvard Grieg sifflé par Fritz Lang dans M le Maudit. Une astuce déguisée pour comparer la folie Zuckerberg à la folie de M le Maudit ? Si le créateur de facebook n'a pas tué de fillettes innocentes, il se retrouve quand même au coeur d'un procès qui rappelle celui-ci :
Ich kann nicht extrait de M le Maudit
Par ailleurs, on y entend les Beatles, les White Stripes, Bob Marley, les Dead Kennedus et The Cramps.
Au rayon LOL,
les parodies ne manquent pas. On vous en parlait en août ici, mais voici pou le plaisir, les deux plus savoureuses, Youtube et Twitter, qui ridiculisent assez facilement la bande-annonce :
En fait la bande-annonce et le choix de cette reprise de Creep par un choeur d'enfants sont devenus tellement cultes qu'un petit malin a développé un script vous permettant de « Creeper » vous même la vidéo de votre choix. C'est marrant, et ça se passe par là !
Qu'en pensent les blogueurs?
Sur Shunrize, Valérie Levilain salue « le formidable regard cynique que David Fincher peut avoir sur la nature humaine et se surprend même à vouloir connaître la suite des aventures de Mark Zuckerberg. » Xavier de tendance geek a également été conquis : « Ce film ma scotché autant qu'Inception cet été, je ne peux que vous conseiller ce film pour lequel il m'a été difficile de trouver des défauts. » Enfin, Sandra de In the mood for cinéma est légèrement plus mitigée : « Un brillant film générationnel qui est aussi une ingénieuse parabole et qui témoigne une nouvelle fois de l'éclectisme du talent de David Fincher et qui aura même sans doute valeur sociologique mais qui, en revanche, ne mérite pas l'appellation de « film de l'année » qui me laisse perplexe? sans doute l'aspect très narcissique qui flatte l'ego d'une génération qui se reconnait dans cet entrepreneur certes brillant mais effroyablement, cyniquement et sinistrement avide de reconnaissance. ».
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Flavien15 octobre 2010 Voir la discussion...
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Simbans17 octobre 2010 Voir la discussion...
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kio13 octobre 2010 Voir la discussion...
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IMtheRookie13 octobre 2010 Voir la discussion...
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kio13 octobre 2010 Voir la discussion...
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IMtheRookie14 octobre 2010 Voir la discussion...
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kio15 octobre 2010 Voir la discussion...
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Flavien15 octobre 2010 Voir la discussion...
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Simbans17 octobre 2010 Voir la discussion...