Alice n'est plus ici de Martin Scorsese, un drame réaliste, féministe et touchant

A la mort accidentelle de son mari, Alice décide de quitter le Nouveau Mexique en direction de Monterey, en Californie, afin de faire enfin carrière dans la chanson, son rêve de toujours. Elle se retrouve alors avec son fils Tommy, un pré-ado, sur les routes, enchaînant les petits boulots alimentaires, et les logements de fortune.

En plein tournage de l'Exorciste, Ellen Burstyn demande à lire de nouveaux scripts : "C'était le début des mouvements féministes, et je voulais faire un film différent. Un film du point de vue d'une femme, mais que je reconnaîtrais, qui me serait familière", explique l'actrice. Quand son agent lui trouve Alice n'est plus ici, le scénario n'est attaché à aucun studio, et aucun réalisateur. Elle le fait acheter à la Warner, avec qui elle tourne le film de William Friedkin. Le studio lui demande son avis sur le réalisateur. "Je voulais quelqu'un de jeune et excitant. J'ai appelé Francis Coppola pour lui demander son avis, et il m'a dit de voir un film, Mean Streets. C'était exactement ce dont Alice avait besoin : un vision réaliste". Quand elle rencontre Martin Scorsese, elle lui pose une question originale : "Qu'est-ce que vous connaissez aux femmes?" "Absolument rien", répond le réalisateur. "Mais j'espère apprendre." Martin Scorsese est engagé. "J'ai fait Alice pour faire quelque chose de très différent de Mean Streets. Et aussi pour travailler avec des actrices", explique Martin Scorsese. Il mettra parfaitement en scène ce drame formidablement touchant, et, comme prévu, réaliste.

Epaulée par Kris Kristofferson (l'auteur de "Me and Bobby McGee", la chanson popularisée par Janis Joplin, et de nombreuses chansons à succès), du jeune, mais incroyablement talentueux Alfred Lutter, et du désormais familier Harvey Keitel, Ellen Burstyn offre ici une de ses meilleures interprétations d'actrice. "C'est l'une des meilleures expériences que j'ai eu", commente-t-elle. Elle obtient d'ailleurs l'oscar de la meilleure actrice, face à Faye Dunaway pour Chinatown et Gena Rowlands pour Une femme sous influence, et un Bafta. Intelligente et drôle, touchante et juste, Ellen Burstyn a toute la force nécessaire à son personnage, perdu mais toujours battant, prêt à tout pour protéger l'avenir de son fils, et se donner les moyens de son rêve : la chanson.

A noter : la première apparition au cinéma de Jodie Foster, deux ans avant son rôle d'Iris dans Taxi Driver, et la deuxième de Laura Dern, dans le rôle non-crédité de Girl eating ice cream cone.