Si j'existe, ma vie c'est d'être fan

Comment en finir avec Harry Potter ?

Dossier | Par Marie Piot | Le 14 juillet 2011 à 13h28

Voilà, nous y sommes. L'épique histoire d'Harry Potter arrive à son terme après plus de 14 ans d'une aventure ensorcelante, vécue par quelques centaines de millions de fans. Pour les fondus de fantômes facétieux, escaliers capricieux, étincelles polychromes et choipeau magique, tristesse et nostalgie se mêlent à la joie d'avoir assisté au dénouement spectaculaire de la plus célèbre saga littéraire et cinématographique de tous les temps.

Si le nombre de superlatifs vous semble exagéré, vous appartenez sans nul doute au reste du monde, aux gens sceptiques, réfractaires au magnétisme, circonspects face au comportement presque sectaire des masses. Que signifie cette fin et comment en esquisser les contours ? Rassurez-vous, Harry Potter n'est ni un dieu, ni la magie une nouvelle religion.

Harry, c'est le jeune orphelin rêvant d'une vie pleine d'amour et de normalité qui se retrouve, bien malgré lui, propulsé au rang de star dans un monde dont il ne soupçonnait pas l'existence. Le meilleur ami que les lecteurs de 11 ans rêvent d'avoir finalement :


Happy christmas Harry ! extrait de Harry Potter à l'école des sorciers

Humble face à une destinée qu'il souhaite différente mais que J.K Rowling lui impose dès sa plus tendre enfance, « le garçon qui a survécu » passe le seuil de l'adolescence en même temps que son public. Chaque tome, au nombre total de sept, dévoile une intrigue d'un an durant laquelle Harry, Ron et Hermione grandissent au gré des épreuves. En associant les douleurs de son héros (magicien, mais humain avant tout) aux siennes méprisées voire infligées par les adultes, le fan, inconsciemment, en modère les effets.

La sortie de l'ultime tome, Harry Potter et les reliques de la mort délivre la réponse à la question gardée en suspens jusqu'au choc du dénouement : qui est vraiment Harry Potter, pourquoi lui et nul autre ? En 2007, le dernier chapitre est lu, l'ultime bouquin refermé. Heureusement, le soulagement succède à la déception d'aboutir à un final empreint de solitude. Car le temps n'est pas encore venu de dissoudre la communauté sous l'étendard de la Pottermania. Le calendrier régissant l'adaptation cinématographique proroge de quatre ans la fin du voyage.

En 2000 s'immiscent donc le cinéma et ses grands effets. L'aubaine pour la Warner est sublime : mettre en image un univers extatique, qui déjà, compte de très nombreux adeptes sur la planète. Le visage du héros, propre à l'imagination de chacun, prend les traits d'un petit britannique gringalet et attachant, Daniel Radcliffe. Certains, à l'égard de l'univers fantasmagorique qu'ils se sont crées, préfèreront ne jamais poser les yeux sur ces superproductions cinématographiques. Mais la grande majorité se retrouve dans l'univers visuel façonné par les films et voit s'estomper peu à peu les différences entre son livre de chevet et l'illustration audiovisuelle ; fidèle et respectueuse car en partie orchestrée par Rowling.

Si les personnes "extérieures" au phénomène se souviendront plus tard des effusions disproportionnées de sentiments et de l'attente interminable d'une fin, les partisans de la Pottermania s'enorgueilliront d'avoir transcendé le concept de "fandom" au coeur d'un mouvement culturel historique. Le présent devient passé et ceux qui y étaient se presseront de déclarer "je l'ai vécu" aux générations suivantes.

Les studios Warner Bros ont bien identifié cette effervescence générationnelle et font le choix tactique de repousser l'échéance en divisant l'adaptation du dernier tome en deux films. Certes, cela a permis à Steve Kloves d'inclure un maximum de contenu à son script sans élaguer à outrance (ce que l'on a pu reprocher aux transcriptions des volumes 4 et 5), mais la manoeuvre devrait surtout permettre de doubler les recettes. Maximiser les profits et donner deux fois plus de plaisir aux fans ravis d'avoir six mois de plus à tirer? Une stratégie permettant à la Major de faire une pierre deux coups et de surfer sur la vague d'une éprouvante nostalgie tacite :

Fin 2010, le début de la fin affiche un box office mondial impressionnant, à l'image du succès de l'ensemble de la mythologie. Toutefois, Les Reliques de la mort - partie 1, avec 954 millions de dollars empochés, ne dépasse pas le record du tout premier film, Harry Potter à l'école des sorcier (974 millions de dollars), à l'instar des autres volets de la série. A l'heure où les pronostics semblent assurer une cagnotte totale de 7,5 milliards de dollars à la franchise (largement devant James Bond et Star Wars), les avis convergent vers un dépassement du milliard pour une superproduction décisive, en 3D de surcroit.

Pour sûr, cette fin que tous attendaient avec passion et frénésie s'instaure bel et bien comme l'achèvement d'une ère. Telle une immense télé-réalité, un Truman Show édulcoré et consenti, la distribution des huit films échelonnée sur 11 ans permet à un public attentif de s'attacher inexorablement au casting. Les acteurs en herbe que formaient le trio Harry, Ron et Hermione, respectivement incarnés par Daniel Radcliffe, Rupert Grint et Emma Watson, ont laissé la place à des icônes ambivalentes, à la fois intouchables et familières. L'aventure qu'ils vivaient tel un jeu durant leur adolescence se termine, remplacée par un défi inédit, celui de réussir à exfolier une version d'eux-même adulée et fictive. Tous en sont conscients, voilà une aventure qu'ils ne sont pas près de revivre :

A l'origine de tout, J.K Rowling paraît fortement attaché à son petit sorcier. Certes, elle dit vouloir écrire d'autres histoires et laisser Harry vivre sa vie dans l'imagination de chacun. Pour autant, l'écrivain milliardaire ne semble vouloir se résoudre à passer à autre chose. Entre le projet PotterMore (à la fois site d'édition et encyclopédie) et les rumeurs qu'elle lance à l'improviste concernant une suite qui, normalement, ne devrait pas voir le jour, Rowling fait montre d'une joyeuse mélancolie, comme en témoigne l'avant première londonienne du dernier film, le 7 juillet dernier :

Quoi qu'il advienne, la machine économique dont la romancière est l'instigatrice n'est pas prête de mettre la clef sous la porte. Harry Potter ne semble pas prêt à nous faire ses adieux, indépendamment du fait qu'il quitte le grand écran. Outre les exceptionnelles avants-premières qui font le buzz sur la toile et autres jeux concours des plus sophistiqués, la sortie DVD-Blu-ray devrait nous réserver bien des surprises en offrant des coffrets collectors de l'intégralité de la saga, qui, soyez-en sûrs, se distingueront par leur taille et leur prix. Mais qu'importe ce que l'on dépense, du moment que la magie peut continuer n'est-ce pas ?

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5 commentaires
  • FilmsdeLover
    commentaire modéré Je ne garde que l'univers visuel et musical des films pour illustrer mes lectures des livres de la série. J'ai beaucoup de mal avec les coupes scénaristiques effectuées dans les films et c'est pourquoi la fin des films me touche moins que la fin des livres.
    14 juillet 2011 Voir la discussion...
  • Cladthom
    commentaire modéré Non mais le dernier c'est une belle merde quand même. Pourtant le précédent avait quelque chose de beau (la partie 1) dans l'attente, dans cette pause, le film avait des belles scènes vraiment (et j'étais le 1er surpris, du coup j'avais envie de voir la fin).

    Mais là c'est un final qui n'a aucun talent pour dépeindre des combats dignes de ce noms, créer du dynamisme, créer un sentiment épique ou tout simplement un sentiment d'unification. C'est d'une platitude extrême, qui rate ses enjeux et orchestre un combat final profondément inintéressant et sans envergure.
    A moins d'être un fanboy nostalgique, je ne vois pas comment défendre ce dernier épisode.

    Puis je crois qu'au fond le problème d'harry potter c'est ses combats à la baguette, ça n'a strictement rien de spectaculaire, mais c'est souvent dû il faut le dire à la mise en scène, qui se contente en général de champ-contrechamp sans génie (comme le duel final, nullité absolue). Une saga décidément bien nulle à part 2 épisodes (Azkaban et la partie 1). Il aurait vraiment fallu des metteurs en scène avec une vraie vision de l'oeuvre pour transcender tout ça. Parce que là c'est souvent bien maigre.
    14 juillet 2011 Voir la discussion...
  • mariep
    commentaire modéré Le top 10 de la vie post épilogue : http://www.time.com/...3211_2083246,00.html
    15 juillet 2011 Voir la discussion...
  • aude_bb
    commentaire modéré @mariep arrête tu vas me faire pleurer! Il faut absolument que j'aille le voir la semaine prochaine ou ce week-end :D
    22 juillet 2011 Voir la discussion...
  • aude_bb
    commentaire modéré @mariep arrête tu vas me faire pleurer! Il faut absolument que j'aille le voir la semaine prochaine ou ce week-end :D
    22 juillet 2011 Voir la discussion...
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